120 fois plus d'homicides dans les quartiers pauvres : une étude révèle le lien entre violence et inégalités

Chicago ©AFP - Scott Heins
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Au menu du journal des sciences : une étude attestant du lien entre violences et inégalités, des insomnies plus fréquentes chez les consommateurs de cannabis, la découverte d’un autre noyau dans le noyau terrestre et des aurores boréales visibles en France.

Le lien entre pauvreté, inégalités et violences urbaines est un fait établi. Par exemple, à Chicago, l’une des villes les plus étudiées sur cette question, on compte 120 fois plus d'homicides dans les quartiers pauvres que dans les quartiers les plus riches. Cette corrélation se vérifie à l’échelle des quartiers, des villes, des régions ou encore des pays.

Une étude révèle le lien entre violences et inégalités

Plusieurs théories ont tenté d’expliquer ce phénomène, mais aucune ne le formalise réellement. C’est ce qu'ont voulu faire des chercheurs. Pour cela, ils ont construit un modèle inspiré de la théorie des jeux. En clair, c’est un modèle dans lequel les sujets peuvent faire des choix. Le modèle implique un ensemble d'individus artificiels, avec une certaine répartition des richesses. Chacun peut réaliser trois actions. La première, l’action par défaut : “être un bon citoyen” - ne pas faire d’action particulière. La seconde action : prendre donc voler des ressources aux autres. La troisième action : réagir avec violence.

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Chacune de ces actions est associée à des probabilités différentes d’obtenir ou de perdre des ressources - le but étant pour chaque individu de maintenir un niveau de ressources suffisant. On observe alors comment le modèle évolue en fonction des inégalités.

Résultat : si l'on appauvrit la population, ou si l'on augmente les inégalités, davantage d'individus se trouvent sous ce que les chercheurs appellent le "seuil de désespoir" - un seuil décrivant le minimum de ressources nécessaires pour assurer ses besoins. Sous ce seuil, la violence explose et perdure.

Entretien avec Benoît de Courson, doctorant à l’Institut Max Planck de criminologie et premier auteur de l’étude parue dans la revue Proceedings of the Royal Society B.

LES MATINS DE CULTURE - JDS benoit de courson

1 min

Des consommateurs de cannabis davantage sujets aux insomnies

Ce sont les résultats issus de la cohorte I-Share, une grande base de données épidémiologique qui vise à étudier la santé générale des jeunes étudiants et étudiantes en France. Ici, les chercheurs et chercheuses du CHU de Bordeaux et de l’INRAE ne se sont focalisés que sur l’association entre sommeil et consommation de stupéfiants - ce n’est donc pas un lien de causalité.

Près de 15 000 individus ont répondu à des auto-questionnaires. La moitié rapporte avoir des troubles du sommeil, 22 % sont sujets aux insomnies et autant expliquent avoir une mauvaise qualité de sommeil. Dans ce même groupe, 1 étudiant sur 5 consomme du cannabis tous les mois, 4 % toutes les semaines et 1,5 % chaque jour.

Les résultats publiés dans Psychiatry Research montrent que la probabilité de souffrir d'insomnies est plus forte de 45 % chez les consommateurs que chez les non-consommateurs et elle se varie avec la fréquence : elle est deux fois plus élevée chez les usagers quotidiens que chez les consommateurs occasionnels.

Un autre noyau existerait dans le noyau terrestre

Pour pouvoir étudier le centre de la terre, on utilise en général des ondes sismiques - des ondes de séismes qui rebondissent un peu partout et nous donner des informations sur la composition des différentes couches de notre planète, de la croûte au manteau et jusqu’au noyau, mais peu d’entre elles arrivent jusqu’au centre et en reviennent.

C’est donc en compilant davantage de données que  deux chercheurs de l'Université de Canberra en Australie ont découvert une nouvelle couche à l'intérieur du noyau interne. Au total, 200 séismes de magnitude six survenus au cours de la dernière décennie ont été étudiés.

Les deux scientifiques mettent en évidence le fait que dans le noyau, à plus de 5 000 kilomètres de profondeur, se trouverait donc un autre noyau, plus profond, d’un diamètre estimé d’environ 650 km. Sa composition serait la même, un mélange de fer et de nickel, mais sa structure serait légèrement différente, ce qui expliquerait que la vitesse de propagation des ondes sismiques qui le traverse soit légèrement différentes.

Des aurores boréales aperçues en France

C’est un phénomène assez exceptionnel. Ces drapées, souvent de couleurs vertes, sont habituellement observées à des latitudes bien plus hautes, près des pôles.

Le phénomène lumineux en lui-même provient des interactions entre le vent solaire et le champ magnétique terrestre, créé d’ailleurs par notre noyau. Ce vent solaire est un flot de particules qu’expulse en permanence le soleil. Quand ces particules se cognent contre notre champ magnétique, elles sont généralement déviées. C’est d'ailleurs le rôle de cette bulle magnétique : nous protéger de ce vent. Mais lors d’éruptions solaires, ce flot de particules est puissant et va plonger au niveau des pôles, dans notre atmosphère, et se cogner à ses constituants, ce qui va produire de la lumière.

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Si l’on peut apercevoir des aurores polaires en France, c’est parce que les éruptions solaires sont particulièrement puissantes en ce moment car le Soleil est entré dans un nouveau cycle d’activité, dont le pic est prédit pour 2025. D’ici là, il y aura donc de plus en plus d’éruptions et donc possiblement davantage d’occasions de voir des aurores polaires dans le nord de la France.

Le Journal des sciences
6 min

Merci à Benoît De Courson pour ses précieuses explications.

Pour aller plus loin...

L’étude sur la persistance de la violence (Proceedings of the Royal Society B., en anglais)

L’étude sur le noyau terrestre (Nature Communications, en anglais)

L’étude sur l’association entre insomnies et cannabis (Psychiatry Research, en anglais)

Vous pouvez voir des aurores boréales ce soir en France, voici pourquoi (Numerama)

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