Les impacts du changement climatique touchent tous les pays, sans exception. Les dernières données du Bureau du recensement américain en sont la preuve. En 2022, des millions d’habitants ont été contraints de fuir pour assurer leur sécurité à la suite d’un ouragan, d’un incendie ou encore d’une inondation. Des catastrophes climatiques qui affichent un lourd bilan humain, et qui renforcent les inégalités sociales.

3,37 millions, c’est le nombre de citoyens américains ayant dû quitter leur logement suite à une catastrophe naturelle en 2022. Une donnée révélée il y a quelques semaines par le Bureau du recensement des États-Unis (Census Bureau), qui a publié une enquête sur les déplacés climatiques au sein du territoire américain. Une première pour cet organisme qui récolte habituellement des statistiques sur le pays, ses habitants ou encore son économie.

 

Parmi les nombreuses conclusions à tirer de cette étude, on apprend tout d’abord que les ouragans et les tornades sont les événements ayant causé le plus de déplacements internes, avec plus de 1,6 millions de déplacés à eux seuls. Suivent ensuite les inondations et les incendies, avec respectivement 712 000 et 616 000 personnes déplacées. “On s’attend à avoir une forte variabilité annuelle, en fonction des catastrophes qui ont lieu. C’est une première fois, il faut attendre un peu pour pouvoir interpréter ces chiffres de façon plus complète”, explique à Novethic Thibault Laconde, Président de Callendar, organisme à l’origine d’une application permettant d’évaluer l’impact du changement climatique.
Infographie déplacé climatiques USA

 

Les plus pauvres sont aussi les plus touchés

 

Pour autant, les données dévoilées par le Census Bureau offrent un premier aperçu édifiant des conséquences engendrées par les désastres naturels sur les populations. Au-delà de l’aspect économique, les dommages sur les infrastructures ont par exemple causé des défauts d’approvisionnement pour de nombreux citoyens. Un mois après l’événement, des coupures d’électricité ont continué d’impacter plus de 2,5 millions d’habitants. Le manque de nourriture a touché près de 1,9 millions de personnes et l’eau potable est restée inaccessible pour 1,7 millions d’Américains.

 

L’enquête du Bureau du recensement permet également d’observer la durée des déplacements, qui peuvent aller de quelques jours à plusieurs mois. Pour certains habitants, un retour sera même impossible. Ils sont 529 000 dans cette situation, 89% d’entre eux vivant dans un foyer gagnant moins de 50 000$ par an. Les statistiques révèlent ainsi de fortes inégalités. Si les populations les moins favorisées sont les moins à même de retrouver leur logement, elles sont aussi les plus touchées par les déplacements de manière globale (47%) et représentent la part la plus importante de victimes devant faire face à des dégâts (40%).

 

“Il va falloir prendre la mesure de cette urgence”

 

Pour Thibault Laconde, ces données ne sont pas vraiment une surprise. “Cela est cohérent avec les chiffres de déplacés évalués à l’échelle mondiale”, note le spécialiste. En 2021, l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) considérait les catastrophes naturelles, comme la première source de déplacements dans le monde, avec 23,7 millions de déplacements internes. Dans le classement des régions les plus touchées, l’Asie de l’Est et du Sud, le Pacifique et l’Afrique subsaharienne arrivent parmi les premières places. L’Amérique suit ensuite en quatrième place, les États-Unis étant le premier pays concerné au sein du continent.

 

L’enquête révélée par le Census Bureau vient donc complémenter ces éléments et apportent un éclairage sur l’impact des changements climatiques dans les pays riches. “Les États-Unis ne sont pas épargnés, loin de là. Personne n’est complètement à l’abri, il va falloir prendre la mesure de cette urgence, même pour des pays qui ont beaucoup de moyens”, souligne Thibault Laconde. Le pays, particulièrement touché par des catastrophes à répétition, peinent à s’adapter à ces phénomènes météorologiques, dont la fréquence et l’intensité sont amplifiées par le changement climatique. En 2022, l’ouragan Ian, qui arrive par exemple en tête des désastres naturels les plus coûteux avec plus de 100 milliards de dollars de dégâts, a fait 150 morts et déplacé 40 000 personnes.
Florine Morestin

 

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