Pour la nouvelle génération de droite, dialoguer avec l'extrême droite n'est plus un tabou

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Pour la nouvelle génération de droite, dialoguer avec l'extrême droite n'est plus un tabou

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Guilhem Carayon, président des "Jeunes Républicains", à Angers le 4 septembre 2022
Guilhem Carayon, président des "Jeunes Républicains", à Angers le 4 septembre 2022
© AFP - Frederic Petry / Hans Lucas

L'alliance des droites se fera-t-elle via la jeune génération ? Le responsable des jeunes LR, Guilhem Carayon jure que non. Et pourtant, ce supporter de Laurent Wauquiez vient de donner à L'Incorrect une longue interview croisée de 12 pages avec ses homologues du RN et de Génération Z.

L'entretien, à paraître vendredi, laisse transparaître nombre de convergences entre la droite et ses extrêmes. D'ailleurs, Stanislas Rigault (Reconquête), Pierre-Romain Tionnet (RN) et Guilhem Carayon (LR) ont choisi le mensuel créé pour faire la promotion de l'union des droites, fondé par des proches Marion Maréchal en 2017. Titre de l'article : "Les jeunes coupent le cordon".

Ils sont tout sourire en couverture ainsi que sur les douze pages que leur consacre L'Incorrect. Le tutoiement est de rigueur. Pas question pour autant d'appeler solennellement à une alliance droite / extrêmes-droites pour LR ou le RN, au contraire du représentant de Génération Z (le mouvement "jeunes" d'Éric Zemmour). Chaque responsable respecte ainsi la ligne officielle de sa formation.

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Le patron des jeunes Républicains, Guilhem Carayon, le réaffirme : "Non à l'union, mais oui au débat. Je suis convaincu qu'être républicain, c'est accepter de débattre avec tout le monde. C'est accepter de serrer la main à tous les responsables politiques. On peut exprimer des désaccords et aussi dire ce qui nous rassemble."

"Points de convergence sur l'insécurité et la crise civilisationnelle"

Sur le volet économique, notamment sur la réforme des retraites, les divergences sont exposées dès les premières réponses. Mais en fin d'interview, l'accent est mis sur les points communs. Guihlem Carayon expose ce qui est désormais la droite décomplexée nouvelle génération : "Il y a quelques années, des jeunes de partis différents plus ou moins de droite ne voulaient pas se parler alors qu'ils pensaient de la même manière sur l'essentiel des sujets. Nous, sur beaucoup de questions, on a des points de convergences, notamment sur l'insécurité et la crise civilisationnelle."

D'ailleurs, les mots employés sur l'immigration par Guihlem Carayon reprennent des éléments de langage de la droite extrême : "[L'] immigration massive, nourrie souvent de tradition culturelle extrêmement éloignées de la nôtre n'est naturellement pas une chance pour la France, mais un vrai malheur." Et le patron des jeunes LR de souligner "la part prise par l'immigration dans l'explosion de la délinquance et de la criminalité".

Commentaire de l'intéressé : "Je reçois beaucoup de messages de jeunes qui me disent : bravo pour ton courage."

Une demande pour que Guilhem Carayon soit démis de ses fonctions

Le président LR de l'Essonne François Durovray demande lui à Eric Ciotti de démettre Guilhem Carayon de ses fonctions. "Ça marque une jeunesse en perte de repère et qui n'a pas de boussole. Et lorsqu'il y a le vide de la pensée, évidemment, il y a des personnes fragiles comme Monsieur Carayon qui sautent dans ce vide avec cette image désastreuse d'un rapport avec l'extrême-droite. Car il y a quelque chose de fondamental qui sépare la droite républicaine et l'extrême-droite, c'est l’État de droit."

Le principal intéressé réplique : "C'est une tempête dans un verre d'eau." Face à ces attaques, le responsable des jeunes républicains peut en tout cas compter sur son homologue du RN : "Je suis venu en aide à Guihlem Carayon parce qu'il a une position assez claire aussi dans les colonnes. Il ne prône pas une alliance avec nos différents partis."

Pour autant dans L'Incorrect, Pierre-Romain Thionnet du Rassemblement National espère que tous se retrouveront sous la même bannière pour battre Emmanuel Macron et son successeur. "Quand je discute avec lui [Guilhem Carayon, NDLR] ou d'autres jeunes LR, j'ai le sentiment que nous appartenons au même camp, que nous parlons le même langage [...] Pour ne pas vivre 15 ans de notre vie sous le régime macronien, j'espère que nous combattrons ensemble."

Au service de presse des LR, on fait savoir qu'il n'y a pas de sujet Carayon après cette interview croisée. Eric Ciotti, le patron des Républicains a néanmoins demandé à son responsable des jeunes de lui transmettre le contenu des propos tenus dans L'Incorrect. "Il a vu que je disais exactement la ligne officielle des LR", assure Guilhem Carayon.

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