Retraites : le report de l'âge légal fait augmenter le chômage des seniors, selon l'Unédic

Une étude de l'Unédic montre que l'âge légal de départ à la retraite entraîne un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant la date. Ce qui correspond à la durée d'indemnisation chômage dont peuvent bénéficier les plus de 55 ans. Ces ruptures « d'un commun accord » sont ainsi aussi nombreuses pour les 59 ans que les trentenaires, catégorie d'âge la plus concernée par ce type de fin de contrat.
Cette étude de l'Unédic confirme l'hypothèse que l'âge de départ à la retraite et les règles d'assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises pour se séparer de leurs seniors.
Cette étude de l'Unédic confirme l'hypothèse que l'âge de départ à la retraite et les règles d'assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises pour se séparer de leurs seniors. (Crédits : © Christian Hartmann / Reuters)

Alors que l'âge de départ à la retraite cristallise les tensions depuis que le gouvernement veut le décaler dans son projet de réforme, il est au centre d'une étude publiée ce mercredi 1er mars par l'Unédic. Dans ce document dressant les grands enjeux de l'articulation entre retraites et assurance chômage, l'Unédic observe en 2021 une nette hausse, à 59 ans, des ruptures conventionnelles - autrement dit, « d'un commun accord » entre l'entreprise et son salarié. Ces dernières donnent droit au chômage. Or, les plus de 55 ans peuvent être indemnisés pendant trois ans, ce qui leur permet d'être indemnisés jusqu'à 62 ans, soit l'âge légal actuel de départ à la retraite.

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Autant de ruptures conventionnelles à 59 ans qu'à la trentaine

Ainsi, à 59 ans, 25% des ouvertures de droit au chômage le sont à la suite d'une rupture, contre 17% à 56 ans. Soit un taux « qui remonte au niveau de celui que l'on observe pour les trentenaires, catégorie d'âge la plus concernée par les ruptures conventionnelles », constate l'Unédic.

Cette étude confirme ainsi l'hypothèse que l'âge de départ à la retraite et les règles d'assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises - parfois partagées par les syndicats et les salariés - pour se séparer de leurs seniors. En effet, en 2010 alors que l'âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57-58 ans.

Ce pic devrait se décaler à l'avenir sous l'effet des nouvelles règles d'assurance chômage qui ont réduit depuis le 1er février la durée d'indemnisation maximale de 25% pour les nouveaux entrants au chômage, soit 27 mois au lieu de 36 pour les plus de 55 ans.

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Le gouvernement est aussi favorable, dans la réforme des retraites débattue actuellement au Parlement, à ce que les ruptures conventionnelles avant l'âge légal de départ voient leur forfait social augmenter. Il s'agit d'une contribution patronale versée à l'Urssaf. Elle est fixée à 20% actuellement et l'exécutif souhaite qu'elle passe à 30%, soit le même niveau que pour les ruptures conventionnelles intervenant après l'âge légal de départ.

Le report de l'âge légal fait augmenter le chômage des seniors

Selon l'étude, le report de l'âge légal de 60 à 62 ans a entrainé entre 2010 et 2022 une hausse de 100.000 du nombre d'allocataires au chômage de plus de 60 ans. Parmi eux, 65.000 ont 60 ou 61 ans du fait du décalage de l'âge légal. Et 20.000 ont 65 ou 66 ans, du fait du décalage de l'âge d'annulation de la décote (de 65 à 67 ans) et de la hausse de la durée de cotisation.

D'après une étude parue début janvier par la Dares, le service statistique du ministère du Travail, le taux d'emploi diminue nettement avec l'âge. En 2021, il atteint 81,8% pour les 25-49 ans, puis 75,1% pour les 55-59 ans et 35,5% pour les 60-64 ans. Dans le détail, si entre 50 et 56 ans, le taux reste proche de 80%, il diminue de 10 points jusqu'à 59 ans. Il passe ensuite en deçà de 60% à 60 ans, pour atteindre moins de 20% à partir de 64 ans. « Cette baisse est notamment la conséquence des transitions progressives vers la retraite : jusqu'à 55 ans, la part de personnes en retraite est marginale, alors qu'à 60 ans, une personne sur six environ est retraitée, et que deux sur trois le sont à 63 ans », peut-on lire dans le rapport.

Enfin l'étude de l'Unédic s'intéresse à une disposition qui permet, sous conditions, de continuer à être indemnisé par l'assurance chômage au-delà de trois ans, jusqu'à l'accès à une retraite à taux plein, au plus tard à 67 ans. Fin juin 2022, sur les 72.000 allocataires indemnisés de 62 ans ou plus, 21.000 sont bénéficiaires de ce dispositif.

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ZOOM - À 65 ans, on peut encore espérer vivre « sans incapacité » entre 11 et 13 ans

C'est ce qu'il ressort d'une étude publiée fin février par la Drees (direction des études et des statistiques des ministères sociaux) à partir de données de 2021. À 65 ans, un homme peut espérer vivre encore 11,3 ans sans être limité dans les activités de la vie quotidienne, et une femme 12,6 ans.

L'organisme rappelle que, en France, « l'espérance de vie à la naissance s'allonge régulièrement mais ces années ne sont pas toutes nécessairement vécues "en bonne santé" ». C'est pourquoi il publie depuis 2018 un indicateur qui mesure l'espérance de vie en bonne santé. Cette espérance de vie sans incapacité a augmenté depuis 2008, de deux ans et 8 mois pour les hommes et de 2 ans et 7 mois pour les femmes.

En 2020, année la plus récente pour laquelle ces données sont disponibles pour tous les pays européens, la France se situait au dixième rang des pays de l'Union européenne à 27 membres, avec un niveau au-dessus de la moyenne européenne (+ 8 mois). Pour les femmes, la France se situe au cinquième rang, au-dessus de la moyenne européenne (+1 an et 8 mois).

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 03/03/2023 à 20:42
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Sachant qu’au chômage on ne perçoit environ que 55% du précédent salaire et sachant que grâce à la réforme des retraites de nombreuses personnes devront patienter 2 ans de plus au chômage avant que d’être à la retraite où la pension est d’environ 70 ...

à écrit le 02/03/2023 à 10:40
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Logique ,le patronat s'en débarrasse pour faire des économies comme cela c'est l'unedic qui prend le relais .Il y a même des employeurs qui disent aux salariés virés :" tu as cotisé ,toute ta carrière à cette caisse ,toi aussi ,tu as le droit d'en pr...

à écrit le 02/03/2023 à 9:51
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Avec la même sagacité, on peut aussi titrer, par exemple, que la majorité des accidents de la route est causée par des buveurs d'eau...

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