Le Cerveau de Ravel : des murs de silence

Portrait de Maurice Ravel (1875-1937) - API/Gamma-Rapho via Getty Images
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« J’ai tant de musique dans la tête. Pourquoi est-ce arrivé à moi ?  Pourquoi ? » Écrit à trois voix par trois neurologues, l'ouvrage "Le Cerveau de Ravel" pose un diagnostic quant à la maladie neurodégénérative qui enferma progressivement Ravel dans le silence.

Samedi 8 octobre 1932 à Paris. Maurice Ravel, 57 ans rentre chez-lui, à l’hôtel d’Athènes en taxi dans le neuvième arrondissement. Après une soirée passée dans un théâtre, il est tout proche de sa destination lorsqu’aux alentours d’une heure du matin son taxi s’engage à l’angle de la rue d’Amsterdam et d’Athènes. C’est alors qu’un autre taxi leur coupe la route et percute violemment le véhicule qui transporte le compositeur. Maurice Ravel est projeté contre les vitres de la voiture. Sa tête est entaillée à plusieurs endroits par des éclats de verre, notamment au nez et au sommet du crâne. Le musicien est transporté en urgence à l’hôpital Beaujon aux portes de Paris. Il souffre de multiples contusions dont un traumatisme facial.

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« Le célèbre compositeur Maurice Ravel a été victime d’un accident de taxi. Disons tout de suite que ses jours ne sont pas en danger » peut-on lire le lendemain de l’accident dans le journal l’Echo de Paris. Pourtant cet accident a certainement joué un rôle aggravant dans la lente détérioration des activités physiques et neurologiques du compositeur. C’est ce l'on peut notamment découvrir dans l’ouvrage "Le Cerveau de Ravel". Un livre à trois voix, écrit par le docteur Bernard Mercier, auteur d’une thèse de médecine sur Ravel en 1991, Bernard Lechevalier, un neurologue qui fut l’élève de l'un des médecins de Ravel et Fausto Viader qui s’est chargé de rédiger la deuxième partie de cet ouvrage. Celle qui, après nous avoir fait entrer dans l’intimité de la vie du compositeur et de sa correspondance (réunie par Manuel Cornejo, préfacier du livre), nous propose un diagnostic de la maladie qui a rongé le compositeur dans ses dernières années.

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Bien qu’il ait toujours eu une santé plutôt fragile, Maurice Ravel commence lentement mais inexorablement, à partir de l’année 1932, à souffrir d’une maladie neurodégénérative qui provoque chez-lui aphasie, apraxie et agraphie, c’est à dire des difficultés croissantes pour parler, bouger et écrire. A la fin de sa vie, Ravel se souvient, il continue à aimer, il reconnait ses proches mais il est comme progressivement enfermé en lui-même.

Ce brillant ouvrage s’ouvre d’ailleurs sur une disparition. Une photographie en noir et blanc avec Maurice Ravel et le pianiste Jacques Février au domicile du compositeur. Sur cette image fixe, la dernière du compositeur, prise neuf mois avant sa disparition, il nous faut imaginer Ravel donner sans doute avec difficulté quelques indications de tempo et d’interprétation à celui qui donner à Paris, la création française de son Concerto pour la main gauche.

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Il faut aussi avoir dans l’oreille des projets d’œuvres musicales qui ne verront jamais le jour : la pantomime Morgiane, des œuvres lyriques nommées Le chapeau chinois, Jeanne d’Arc ou encore le poème symphonique Dédale 39. « J’ai tant de musique dans la tête » aurait-il dit un jour à un voisin de Montfort l’Amaury : « Pourquoi est-ce arrivé à moi ? Pourquoi ? »

  • Le Cerveau de Ravel, de Bernard Lechevalier, Fausto Viader et Bernard Mercier est paru aux éditions Odile Jacob
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