Par Sudouest.fr avec AFP
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Détenu depuis mai 2020, cet homme de 36 ans est accusé d’espionnage pour avoir pris « des photographies de zones interdites » avec un drone de loisirs

Le Français Benjamin Brière, détenu en Iran depuis mai 2020 et condamné à huit ans d’emprisonnement pour espionnage, a été acquitté de toutes charges en appel le 15 février dernier mais est toujours emprisonné, au grand désarroi de ses proches qui dénoncent « une situation ubuesque ».

« Il n’y a pas de preuve suffisante pour établir le crime et la Cour rend un verdict d’acquittement », selon la décision en farsi de la cour d'appel de la province de Khorasan-e-Razavi (nord-est), transmise par l’avocat français de M. Brière, MPhilippe Valent.

« Absolument monstrueux »

Au lendemain du verdict d’acquittement, un ordre de libération signé du juge a été publié, selon MValent, mais le Français, incarcéré à la prison de Mashad, a été « bloqué in extremis au dernier moment ». « Il avait préparé ses affaires pour sortir. C’est absolument monstrueux », a commenté MValent en accusant les Gardiens de la Révolution d’avoir bloqué la décision de justice. « Nous réclamons le respect par le régime iranien des décisions de justice », a-t-il ajouté.

« Il avait préparé ses affaires pour sortir. C’est absolument monstrueux »

« On est dans l’incompréhension totale », a pour sa part déclaré Blandine Brière, la sœur du prisonnier, qui a pu lui parler dimanche dernier. « Il est dans un ascenseur émotionnel », a-t-elle dit, expliquant que la famille n’avait jusqu’à présent pas rendu publique la décision de justice dans l’espoir que la situation se débloquerait.

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Benjamin Brière poursuit sa grève de la faim, entamée le 28 janvier, et « est très affaibli physiquement », a-t-elle précisé. Il avait déjà fait une grève de la faim en décembre 2021 pour protester contre ses conditions de détention.

Cet homme de 38 ans avait été arrêté en mai 2020 pour avoir pris des « photographies de zones interdites » avec un drone de loisirs dans un parc naturel, et condamné à huit ans de prison pour « espionnage ». Il s’est toujours présenté comme un touriste. La Cour lui donne raison, considérant dans sa décision que M. Brière « était seulement un touriste étranger », qu'« il n’a pas pris de photos ou vidéos de lieux sensibles », ni envoyé de matériel « à des groupes ou des gouvernements hostiles ».

« Otages d’État »

Contacté, le ministère français des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter ce nouveau développement, mais s’est dit « préoccupé par la situation de M. Brière, détenu depuis plus de deux ans dans des conditions difficiles ». « La France demande la libération immédiate de tous les ressortissants français », a rappelé le Quai d’Orsay.

Au total, six Français sont détenus en Iran. Bernard Phelan, Franco-Irlandais à la santé fragile, est détenu depuis le 1er octobre, une enseignante syndicaliste Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris ont été arrêtés en mai 2022 et accusés d’espionnage, un consultant de 35 ans Louis Arnaud a été arrêté le 28 septembre. Un autre Français est détenu, mais son identité n’a jamais été rendue publique.

« La France demande la libération immédiate de tous les ressortissants français »

Une septième personne, la chercheuse Fariba Adelkhah, a été libérée le 10 février après trois ans et demi de prison mais elle ignore si elle a recouvré tous ses droits, notamment celui de quitter l’Iran.

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L’Agence onusienne de l’énergie atomique a confirmé dans un rapport publié mardi la présence de particules enrichies à près de 90 % et l’augmentation du stock d’uranium enrichi

La France dénonce depuis des mois une « diplomatie des otages » menée par le pouvoir iranien. L’Iran détient au total au moins 17 Occidentaux, pour la plupart binationaux et décrits par leurs soutiens comme des innocents utilisés par Téhéran comme leviers de négociations.

Tensions avec l’Occident

Les relations entre Téhéran et les puissances occidentales sont extrêmement tendues, en raison notamment de la répression du soulèvement populaire en Iran déclenché par la mort en septembre d’une jeune Kurde iranienne après son arrestation par la police des mœurs. Téhéran est également sanctionné pour avoir fourni des drones à la Russie qui les utilise dans sa guerre en Ukraine.

Surtout, le dossier du nucléaire constitue un contentieux lourd de menaces. L’Iran et les grandes puissances essaient depuis deux ans, en vain, de ressusciter un accord international conclu en 2015, qui garantissait le caractère civil du programme nucléaire de Téhéran, accusé, malgré ses démentis, de chercher à se doter de l’arme atomique.

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Un nouveau rapport de l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique) mardi 28 février a montré que le programme nucléaire iranien se rapprochait du seuil de la bombe, après avoir détecté des particules d’uranium enrichi à 83,7 %, juste en deçà des 90 % nécessaires pour produire une arme atomique, sans pouvoir dire toutefois si ce seuil avait été atteint accidentellement ou volontairement.