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Au Royaume-Uni, des députés inquiets des "thérapies" pour les homosexuels

Malgré l'entrée en vigueur du mariage homosexuel, nombre de psychologues tentent encore de "soigner" ce que certains considèrent comme une pathologie sexuelle.

Par  (Londres, correspondance)

Publié le 26 avril 2014 à 19h34, modifié le 26 avril 2014 à 19h34

Temps de Lecture 2 min.

Le 29 mars,  à Brighton, Neil Allard et Andrew Wale furent les premiers homosexuels à s'unir légalement en Grande-Bretagne. -

 Le 29 mars, les premiers mariages gays étaient célébrés en Angleterre et au Pays de Galles. Aucune manifestation et guère de protestations n'avaient marqué le vote de la loi. Pourtant, dans ce même pays, subsistent des "thérapies de conversion", durant lesquelles des psychothérapeutes tentent de "soigner" des homosexuels pour les rendre hétérosexuels.

Début avril, un groupe de quinze députés a tiré la sonnette d'alarme dans une lettre adressée au gouvernement, en soulignant que le phénomène demeurait "étonnamment prévalent au Royaume-Uni aujourd'hui". L'exécutif britannique promet d'y mettre fin, mais refuse de recourir à une interdiction pure et simple.

L'ampleur exacte du recours à ces méthodes n'est pas connue. La seule étude disponible, publiée en 2009 par la University College London, repose sur un questionnaire datant de 2002 : sur un échantillon de 1 328 psychothérapeutes, 17 % affirment avoir aidé au moins une fois un patient à changer ses orientations gays ou lesbiennes. Au total, ils ont "traité" 443 personnes. Le phénomène semble donc limité mais réel. Pourtant, selon les auteurs de l'étude, de telles "thérapies" sont "peu judicieuses, voire nuisibles".

« PSYCHOLOGIE VAUDOUE »

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Ces stratégies de conversion trouvent leurs racines dans l'idée que l'homosexualité est une maladie, qui peut s'expliquer par exemple par un traumatisme enfantin. Aux Etats-Unis, en particulier, il existe un groupe de thérapeutes très actifs soutenant cette thèse. Le psychologue Joseph Nicolosi, l'un des plus connus, affirme que l'homosexualité est une "pathologie" généralement liée à un père distant ou absent pendant l'enfance.

En 2010, le journaliste britannique Patrick Strudwick, qui a beaucoup fait pour mettre au jour ces pratiques, le citait lors d'une conférence à Londres : "Nous disons aux pères : "Si vous ne faites pas des câlins à vos fils, d'autres hommes le feront". Aux mères, nous apprenons à prendre du recul".

L'existence de ces thérapies commence à être prise au sérieux dans les milieux politiques. En novembre 2013, le sujet a été débattu à la Chambre des communes. "Au xxe siècle, aucun gay, lesbienne, bisexuel ou transsexuel ne devrait subir cette psychologie vaudoue", affirmait alors Stephen Gilbert, un député libéral démocrate. Sandra Osborne, une députée travailliste, s'inquiétait du rôle joué par les médecins de famille, qui parfois renvoient des patients vers ces thérapeutes faute de savoir comment réagir. "Plus qu'un problème limité aux fondamentalistes religieux, c'est un sujet pour tout le NHS [le système de santé public]."

« ÉRADIQUER » LE PHÉNOMÈNE

Début avril, après la lettre commune de quinze députés pour alerter sur le sujet, Norman Lamb, le secrétaire d'Etat à la santé, affirmait qu'il voulait "éradiquer" le phénomène. En particulier, il promet qu'aucune thérapie de ce genre ne sera prescrite dans le cadre du NHS. Néanmoins, il refuse leur interdiction, craignant que cela empêche des psychothérapeutes de soutenir une personne perdue face à sa sexualité. "Il y a des gens qui ont besoin d'aide pour accepter leur sexualité et qui cherchent le soutien de professionnels. On ne veut pas se retrouver dans une situation où des [psychothérapeutes] auraient peur d'être poursuivis en justice."

Il y a quarante ans, l'homosexualité était retirée du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), l'ouvrage américain qui liste les pathologies psychologiques. L'idée semble encore loin d'avoir été effacée de toutes les consciences.

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