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Pollutions

Vapoteuse jetable, un succès toxique pour l’environnement

Les batteries en lithium contenues dans les vapoteuses à usage unique (ici, une Puff) sont mauvaises pour le climat.

En plastique et avec une batterie au lithium, les cigarettes électroniques jetables sont très polluantes. Une proposition de loi vise à interdire ces « Puffs ».

Le mot « Puff » ne vous dit peut-être rien si vous avez plus de 18 ans. Cette nouvelle cigarette électronique jetable fait surtout un tabac chez les jeunes, bien qu’elle soit interdite de vente aux mineurs. Car elle a tout pour plaire : prix compétitif, emballage attractif, saveurs sucrées et fruitées, facilement accessible car disponible partout (débits de tabac, kiosques, supermarchés…).

« Au regard des risques liés au tabagisme, elle constitue un piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents », alerte l’Académie nationale de médecine dans un communiqué du 28 février. Certaines Puffs contiennent de la nicotine jusqu’à des teneurs de 5 %, et peuvent alors augmenter le risque de dépendance.

Un déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots

Au-delà du risque pour la santé, l’Académie nationale de médecine pointe aussi la pollution générée par cette e-cigarette : jetable, celle-ci est fabriquée en plastique et contient une batterie au lithium. « Elle est donc aussi un déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde. » Ce plastique et ces batteries non amovibles au lithium représentent « un danger immédiat et à long terme pour notre environnement », soulignait déjà une étude de l’Alliance contre le tabac, publiée le 25 octobre dernier.

Lire aussi : Batteries : la ruée vers le lithium a commencé

En effet, les ressources du lithium, cet « or blanc », sont loin d’être infinies, et son recyclage, s’il est envisagé, serait très énergivore. « Si certains fabricants revendiquent la recyclabilité de leurs produits (à l’instar de Wpuff), aucune source vérifiable ni label indépendant ne le confirme. Ces simples affirmations émanant des fabricants sont un exemple caractéristique de greenwashing », précise la fédération d’associations de lutte contre le tabac.

Le rôle des influenceurs sur les réseaux sociaux

En novembre 2022, Francesca Pasquini, députée écologiste, a déposé une proposition de loi « visant à interdire les dispositifs électroniques de vapotage à usage unique ». Elle s’appuie notamment sur le législateur de Nouvelle‑Calédonie, qui a interdit l’importation de ces produits depuis le 27 avril 2022, face à l’attractivité et l’ampleur de leur commercialisation.

Les réseaux sociaux, via les influenceurs, ont notamment contribué à ce succès auprès des mineurs. En juillet dernier, un sur dix adolescents de 13-16 ans avait déjà essayé la Puff, selon l’étude de l’Alliance contre le tabac. 28 % des utilisateurs d’e-cigarette avaient même commencé avec cette vapoteuse jetable.

L’Académie réclame, pour sa part, une meilleure information du public et des enseignants sur les méfaits de cette vapoteuse. Elle estime également qu’il faut renforcer la réglementation : fiscalité accrue, contrôle renforcé de l’effectivité de l’interdiction de la vente aux mineurs, imposition d’un packaging neutre.

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