Plein les mirettes

Planètes, étoiles filantes et aurores boréales : une île galloise reconnue «sanctuaire de ciel étoilé»

Le «Libé des étoiles»dossier
L’île Ynys Enlli a été distinguée par l’Association internationale Dark-Sky pour son ciel nocturne, l’un des meilleurs au monde. Une première en Europe.
par AFP et Sascha Garcia
publié le 2 mars 2023 à 11h21

Nuit noire. Sur l’île Ynys Enlli, aussi connue comme l’île de Bardsey, le ciel est parsemé d’astres. Ce petit bout de terre, situé à 3 kilomètres de la côte du pays de Galles, est devenu mercredi le premier «Dark Sky sanctuary» en Europe. La distinction, décernée à seulement 17 endroits dans le monde, certifie les conditions exceptionnelles d’un site, qui permettent d’observer les étoiles comme nulle part ailleurs. Un phénomène rare à une époque où la pollution lumineuse ne cesse d’augmenter sur Terre.

A Ynys Enlli, planètes et étoiles filantes se meuvent sur une toile de fond noire, colorée par des aurores boréales qui se reflètent dans la mer d’Irlande. Ce spectacle a convaincu l’Association internationale Dark-Sky (IDA), qui étudie les ciels du monde entier et récompense ceux admirablement préservés. «Les sanctuaires internationaux de ciel étoilé sont situés dans des régions où la pollution lumineuse est exceptionnellement faible, au moins en partie accessibles au public et protégés par la loi», détaille l’association. Les critères d’attribution ne relèvent pas du hasard, et nécessitent des relevés de luminosité sur plusieurs années.

Seize autres sites ont obtenu ce label. La plupart se situent aux Etats-Unis, mais l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, le Chili ou encore les îles du Pacifique ont été distingués. L’île galloise, elle, bénéficie d’un environnement géographique idéal. Non raccordée au réseau électrique, elle ne compte que deux résidents permanents, auxquels s’ajoutent une douzaine d’individus de passage durant l’été. Son paysage se compose d’une petite montagne, haute de 170 mètres, qui «joue le rôle de barrière occultant la lumière venue du continent, précise l’association. La source la plus proche de pollution lumineuse importante vient de Dublin, à 110 kilomètres, de l’autre côté de la mer d’Irlande».

Réserve de biodiversité

Cette reconnaissance est une source de fierté pour les deux habitants de l’île, qui ont la tête dans les étoiles. Mari Huws, 30 ans, et son compagnon Emyr Owen en sont les gardiens depuis quatre ans. «On est ravis, c’est important pour l’île», explique Mari Huws, qui a défendu la candidature auprès de l’association. «Dans un monde de plus en plus pollué […] j’ai toujours le souffle coupé quand je peux contempler un ciel nocturne d’une telle pureté sur le pas de ma porte. C’est la preuve que la nuit est vivante – les huîtriers crient, les puffins des Anglais plongent, les hiboux planent, la nuit, la nature grouille tellement de vie», s’enthousiasme-t-elle auprès de The Guardian.

Une pureté d’autant plus rare que les nuits étoilées sont en danger d’extinction. Une étude parue le mois dernier dans la revue Science a démontré que la brillance du ciel augmente d’environ 10 % chaque année. Résultat, les étoiles deviennent plus difficiles à observer. Autre conséquence : la lumière nocturne entraîne des perturbations sur la faune et la flore – les chauves-souris, les tortues, les oiseaux ou encore la germination des végétaux sont touchés. La lumière artificielle est la seconde cause d’extinction des insectes après les pesticides. Dans ce contexte, chaque centimètre carré de ciel étoilé immaculé se raréfie et celui de Ynys Enlli doit être préservé à tout prix.

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