Publicité

Pensant déceler un faux, des historiennes découvrent un Dalí disparu

Salvador Dali ici en 1947
Salvador Dali ici en 1947
© AFP - OFF

C’est l’histoire d’un tableau de Salvador Dalí peu commun, si peu commun que les organisatrices d'une exposition consacrée au peintre catalan qui vient de commencer à Chicago pensaient devoir prouver que ce n’était pas un Dalí. Il s’avère que c’est en fait le fragment d’une fresque méconnue de 1939.

"Visions of Eternity" est un tableau que possède le Art Institute of Chicago. Identifié comme un tableau Salvador Dalí, il appartient au musée depuis 1987, et c’est tout naturellement que les commissaires Caitlin Haskell et Jennifer Cohen se sont penchées sur lui au moment de concevoir une exposition consacrée au peintre espagnol dans ce musée – exposition qui a ouvert le 18 février dernier dans ce musée de Chicago.

Mais dans leur travail de préparation, les deux curatrices ont douté de l’authenticité du tableau. "Nous n’avons rien trouvé de similaire dans son travail", a expliqué à CNN Jennifer Cohen. Sa grande taille (plus de deux mètres de haut) et son aspect dépouillé, très peu symbolique, est à rebours de la production de l’artiste à la fin des années 30 – le tableau était identifié comme ayant été peint en 1936. On y voit trois haricots, une arche, un homme portant un baluchon et, sur l’arche, une figure humaine endommagée.

Publicité

Pour voir ce contenu, acceptez les cookies.

Pour afficher ce contenu Instagram, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

"Aucun compagnon visuel"

Les analyses aux rayons X n’ont pas réussi non plus à mettre en avant des indices d’une attribution à Salvador Dalí, alors même que le propos de l’exposition, nommée "The Image Disappears", est d’analyser les images cachées, les illusions d’optique et les symboles polysémiques. Enfin, l’historique du tableau laissait aussi les curatrices dans le doute : arrivé au milieu des années 80, il avait auparavant été la propriété d’un des conservateurs du musée… mais avant cela, sa provenance était inconnue.

Pour voir ce contenu, acceptez les cookies.

Pour afficher ce contenu X (anciennement Twitter), vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

À réécouter

Selon CNN, le tableau ne présente aucun motif récurrent chez Dalí : on n’y voit ni girafe, ni piano mou, ni montres qui fondent. "Ce tableau semblait n’avoir aucun compagnon visuel", selon Jennifer Cohen. Elle et Caitlin Haskell ont passé en revue tout l’oeuvre de Dalí dans les années 30 et 40 à la recherche d’un signe commun qui permette de rattacher "Visions of Eternity" au reste des productions de Salvador Dalí.

Une illustration dans Vogue

C’est une illustration réalisée pour Vogue qui a mis les chercheuses sur la piste : on y voit, sur un bord du dessin, un petit bonhomme le dos courbé, portant un baluchon (en petit, à droite, sur l'illustration ci-dessous). C’est le même personnage que dans "Visions of Eternity". Le numéro du magazine Vogue en question est daté de 1939 et présentait une installation de l’artiste pour l’exposition universelle de New York.

Dalí avait en effet conçu pour l’événement un pavillon nommé "Le Rêve de Vénus". Un lieu surréaliste habité par un spectacle de femmes à moitié nues qui présentaient un spectacle de sirènes, peuplé de squelettes de poissons et de citations de la "Naissance de Vénus" de Botticelli. Et en toile de fond, une immense fresque reprenant des motifs célèbres du peintre, comme les célèbres montres molles.

Le pavillon "Dream of Venus" à l'expo universelle de 1939
Le pavillon "Dream of Venus" à l'expo universelle de 1939
© Maxppp - Library of Congress / mediadrumworld

"C’est la toile d’origine"

La photo de cette fresque "in situ" (la troisième photo du tweet ci-dessous) présentait trois haricots similaires à ceux présentés sur "Visions of eternity". Après un meilleur examen, il s’est avéré que l’on peut voir l’ensemble du motif du tableau sur cette photo : les commissaires d’exposition ont donc pensé que le tableau détenu par le Art Institute de Chicago était une reproduction d’un fragment de cette fresque.

Pour voir ce contenu, acceptez les cookies.

Pour afficher ce contenu X (anciennement Twitter), vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

"Les conservateurs nous ont dit : 'Non : c’est la peinture. C’est la toile d’origine'", raconte Caitlin Haskell, selon qui la toile a donc été découpée dans la fresque de 1939. Surtout, la toile, renommée "Le rêve de Venus" au lieu de "Visions of Eternity", s’avère correspondre à un ensemble de quatre autres fragments de la fresque, détenus par la collection du musée d’Hiroshima au Japon. Bien d’autres fragments sont encore aujourd’hui portés disparus - et l’histoire de celui-ci peut laisser penser que d’autres pourront être découverts.

Pour voir ce contenu, acceptez les cookies.

Pour afficher ce contenu X (anciennement Twitter), vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Le tableau nouvellement nommé a donc finalement rejoint l’exposition comme l’une de ses pièces maîtresses, car il est désormais documenté (même si la recherche scientifique sur son origine prendra certainement bien plus de temps). L’exposition comporte d’autres pièces relatives à cette installation, comme une "Déclaration d'indépendance de l'imagination et des droits de l'homme à sa propre folie" rédigée par Dalí en réponse aux organisateurs de l’expo universelle de 1939, qui lui avaient demandé des retouches.

pixel