Pour le 8 mars, huit chiffres qui montrent la persistance des inégalités femmes/hommes en France

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Pour le 8 mars, huit chiffres qui montrent la persistance des inégalités femmes/hommes en France

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Manifestation féministe devant l'Assemblée Nationale à Paris le 19 novembre 2022, contre les écarts de pensions entre hommes et femmes.
Manifestation féministe devant l'Assemblée Nationale à Paris le 19 novembre 2022, contre les écarts de pensions entre hommes et femmes.
© AFP - ELODIE ARROYO / HANS LUCAS

Salaires, pensions, taux de pauvreté, représentativité...En cette journée internationale des droits des femmes et de l'égalité hommes/femmes, zoom sur huit chiffres qui montrent le (long) chemin qu'il reste à parcourir en France.

Ce 8 mars 2023, journée internationale des droits des femmes, est placé en France sous le signe de la protestation contre la réforme des retraites. Malgré les tentatives du gouvernement d'argumenter sur le sujet, l'étude d'impact a révélé que les femmes, qui touchent en moyenne des pensions plus faibles, devraient cotiser plus longtemps que les hommes. Une quarantaine d'organisations féministes appellent donc à une grève générale des "grandes gagnantes" contre la réforme des retraites partout en France.

Dans ce contexte, où en sont les chiffres des inégalités hommes-femmes en France ? Montant des salaires, taux de pauvreté, parité dans les Comex...Si les écarts se sont réduits ces dernières années, d'importantes inégalités persistent. Dans sa dernière édition sur le sujet, "Femmes et hommes, l'égalité en question" (2022), l'INSEE note "une lente décrue des inégalités". Zoom sur huit chiffres, de l'INSEE et d'ailleurs, qui illustrent cette tendance.

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Les femmes gagnent 22% de moins que les hommes

Selon l'INSEE, les hommes gagnent en moyenne 22% de plus que les femmes, selon les derniers chiffres disponibles de 2019. Un écart qui se résorbe puisqu'il était de 28% en 2000. L'Institut national de la statistique et des études économiques estime qu'"un peu moins d'un tiers de cet écart s'explique par les différences de durée du travail". Les femmes ont également moins souvent accès aux postes les mieux payés et travaillent dans des entreprises et secteurs d’activité moins rémunérateurs. Par exemple, 71% des ingénieurs sont toujours des hommes. À volume de travail égal, l'écart est de rémunération entre hommes et femmes est de 15% dans le secteur privé, et de 12% dans le secteur public.

Les femmes perçoivent des pensions de retraite 40% inférieures à celles des hommes

Toujours selon l'INSEE, en 2020, les femmes avaient une retraite inférieure en moyenne de 40% à celle des hommes, différence ramenée à 28% en cas de réversion. Cela est dû à leurs carrières professionnelles plus courtes, souvent hachées et moins bien rémunérées. En moyenne en 2019, elles partaient un an plus tard à la retraite que les hommes.

Cet écart, historique, est toutefois en train de se résorber. En 2021, il n'était plus que de quelques mois selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse et à terme, les femmes devraient partir un peu plus tôt à la retraite que les hommes. Selon un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) de 2019, les femmes nées à la fin des années 1970 devraient partir un à deux mois plus tôt que les hommes de la même génération. Toutefois, cela est dû à une augmentation du taux d'activité des femmes. Ce n'est pas lié à la réforme des retraites portée par le gouvernement, malgré ses tentatives de convaincre en ce sens. Au contraire, selon l'étude d'impact, les femmes verront leur durée de cotisation plus allongée que celle des hommes : neuf mois en moyenne pour une femme née en 1972, contre cinq mois pour un homme.

Les femmes sont plus diplômées que les hommes mais moins nombreuses parmi les cadres

Selon l'INSEE, en 2020, 42% des femmes âgées de 25 à 64 ans étaient diplômées du supérieur, contre 37% des hommes. Cet écart se creuse au sein des jeunes générations : les femmes de 25 à 34 étaient 53% à posséder un diplôme du supérieur, contre 46% des hommes. Toutefois, cette même année, les femmes n'étaient que 43% parmi les cadres. Cette part a cependant doublé depuis 1980.

Les femmes sont trois fois plus nombreuses en temps partiel

Les inégalités hommes-femmes restent également visibles dans la répartition de la charge des enfants. En 2020, les femmes étaient trois fois plus nombreuses à prendre un temps partiel que les hommes : 27% d'entre elles, contre 8% d'entre eux. Le taux d'activité des femmes baisse avec la hausse du nombre d'enfants, en particulier lorsque ceux-ci ont moins de 3 ans. En revanche, le taux d'activité des pères (de 25 à 49 ans) est très peu affecté par l'arrivée d'enfants au sein du couple, et dépasse 90%, note l'INSEE.

Les mères célibataires ont un niveau de vie inférieur de 18 % à celui des pères célibataires

Selon l'INSEE, en 2019 le niveau de vie médian des mères est inférieur de 18 % à celui des pères, parmi les familles monoparentales. Ainsi, plus d'un tiers des mères célibataires (36%) vivent sous le seuil de pauvreté. Chez les hommes, plus d'un père célibataire sur cinq vit sous le seuil de pauvreté (22%), contre 15% pour le reste des ménages français. Toujours en 2019, 4,9 millions de femmes et 4,3 millions d’hommes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire (fixé à 60% du niveau de vie médian), soit 1.102€ par mois.

Du fait des inégalités salariales et de pensions, les femmes veuves sont souvent plus pauvres que les hommes veufs. L'année du veuvage, le niveau de vie médian du conjoint survivant évolue très différemment selon son sexe : il baisse de 18 % pour les femmes qui ont perdu leur conjoint, mais augmente de 13 % pour les hommes. Chez les anciennes générations, la pension vient en effet régulièrement exclusivement de l'homme. Une fois les mécanismes de compensation en place, "les femmes retrouvent un niveau de vie comparable à celui qui était le leur avant le décès de leur conjoint", note l'INSEE, et même "légèrement supérieur" (3%). Le niveau de vie des hommes veufs, lui, reste stable.

Les femmes représentent 87% des victimes de violences conjugales

En 2021, 208.000 victimes de violences conjugales ont été recensées en France, selon les données du service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI), soit une augmentation de 21 % par rapport à 2020. Cela s'explique notamment par la libération de la parole sur ce sujet. Parmi ces victimes de violences au sein du couple, 87% sont des femmes. Elles représentent également 87% des victimes de violences sexuelles reportées. À l'inverse, 95 % des personnes condamnées pour des faits de violences entre partenaires sont des hommes, qui représentent aussi 96 % des personnes condamnées pour violences sexuelles. En tout, 143 morts violentes au sein du couple ont été recensées, dont 122 féminicides, soit 85%.

Les femmes représentent 21% des dirigeants salariés

En 2019, les femmes représentaient 21 % des 264.000 dirigeants-salariés en France (soit environ une sur cinq), selon l'INSEE. Elles sont un peu plus nombreuses parmi les dirigeants non-salariés, c'est-à-dire à la tête de leur propre entreprise : 39 % des 3 millions de dirigeants français. Plus l'entreprise est grosse, moins elles sont représentées : elles sont 42 % parmi les micro‑entrepreneurs mais ne représentent que 26% des cadres dirigeants dans les entreprises de plus de 250 salariés. Déjà, dans les PME-EPI, l'écart est visible, selon une étude de 2022 de la BPI : seules 12% des dirigeants de PME (petites et moyennes entreprises) et d'ETI (entreprises de taille intermédiaire) sont des femmes.

Par ailleurs, les comités d'administration des grandes entreprises françaises sont régulièrement salués pour leur parité : grâce à la loi Copé-Zimmermann, adoptée en 2011, les entreprises sont obligées de nommer 40% de femmes dans ces instances. De même, la loi Rixain impose un quota de 40% de femmes au sein des "comex" des entreprises de plus de 1.000 salariés, d'ici 2030. Si les femmes brisent peu à peu les plafonds de verre, elles restent très peu nombreuses à la tête de grandes entreprises. À titre d'exemple, elles ne représentent que 2,5% des patrons du CAC 40.

Les femmes ne représentent qu'un tiers du temps de parole dans les médias audiovisuels

Si la parité dans l'audiovisuel français se rapproche, il faut se méfier du trompe-l’œil. En 2022, le taux de représentation des femmes dans les médias audiovisuels français (à la radio et à la télévision) était de 44%, soit 6 points de plus qu'en 2016. En revanche, leur temps de parole plafonne à 36%, stable depuis 2019. Si le nombre de femmes expertes interrogées augmente (+15 points en six ans), elles restent très sous-représentées en politique et dans les programmes sportifs.

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