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"Nous ne savions plus comment ressentir de la joie" : les trois Iraniens libérés ont commencé leur nouvelle vie en Belgique

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Par Mathieu Van Winckel

Ils se promènent dans les rues de Bruxelles avec un large sourire et deux énormes sacs remplis de pralines belges. Les trois Iraniens libérés la semaine dernière sont maintenant reconnus réfugiés politiques et totalement libres en Belgique. Une histoire qui finit bien mais qui a connu un début difficile. Arrivés en octobre à l’aéroport de Zaventem, Ali et son cousin Mohammadreza se sont présentés directement à la police pour demander l’asile. "Mais ils nous ont emmenés dans un centre fermé", explique Ali. "Ce n’était pas du tout un centre d’accueil. Ça ressemble à une prison." Eux qui espéraient trouver l’accueil à Bruxelles, sont restés quatre mois derrière les grilles avec plusieurs tentatives d’expulsion vers la Turquie. La mobilisation d’avocats et de militants des droits humains a permis une fin heureuse.

Une épreuve qui a fortement marqué les trois Iraniens. "On nous réveillait à 7 heures du matin sans rien nous dire", continue Ali. "On n’avait pas le temps d’aller aux toilettes ou de manger et on nous emmenait à l’aéroport. Nous partions vers la mort et sans savoir pourquoi, ils nous ramenaient au centre." En coulisses, ce sont les avocats qui ont à chaque fois tenté d’empêcher, d’annuler, de retarder les expulsions. Et avec le temps, les trois Iraniens ont pu étoffer leur dossier pour finalement parvenir à convaincre les autorités et obtenir un statut de réfugié politique. "Ça a été quatre mois tellement dur qu’au début on n’y croyait pas. On ne pouvait pas croire qu’on était libres. D’ailleurs on avait un peu oublié ce sentiment de joie, le sourire et les sentiments positifs."

On est libres mais le régime iranien pourrait encore nous faire du mal ici

Ali ne se sent pas totalement à l’abri du régime iranien en Belgique
Ali ne se sent pas totalement à l’abri du régime iranien en Belgique © Tous droits réservés

Mohammadreza, opine du chef à chaque intervention de son cousin. Il intervient et explique : "Je me sens libre aujourd’hui mais j’ai au fond de moi toujours un stress. J’ai peur que, même en Belgique, cette dictature iranienne puisse nous faire du mal. Ils collectent beaucoup d’informations sur tous les exilés. J’espère que la Belgique va nous offrir une vraie protection." Les deux cousins sortent leur téléphone pour montrer les vidéos qu’ils ont tourné à la sauvette dans les manifestations. Sur l’une d’elles, on voit la police forcer violemment la porte d’un immeuble pour arrêter tous ceux qui se trouvent à l’intérieur. "C’est comme ça qu’ils se comportent", explique Ali. "Ils arrêtent et tuent tout le monde même les jeunes de moins de 15 ans. On a décidé de partir quand des amis ont commencé à disparaître. On était à peine partis que la police est venue frapper à notre porte."
 

Les deux cousins vivent aujourd’hui avec un troisième Iranien au parcours identique dans une maison en Flandre mise à disposition par le CPAS. Un accueil d’urgence. Dans trois mois ils devront avoir trouvé un autre logement. "On va rester ici en Belgique", confirment-ils tous les trois. "Dans ce pays qui a voulu nous renvoyer vers la mort mais qui a fini par nous accueillir."

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