Plus d’un an après l’invasion russe en Ukraine, la guerre a causé des milliers de victimes parmi les soldats et les civils ukrainiens. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur le besoin urgent d’ouvrir plus de services de rééducation dans le pays.
En 2019 en Ukraine, une personne sur deux avait besoin de soins de rééducation, contre une personne sur cinq à l’échelle européenne, selon les données de l’OMS. Une situation d’autant plus catastrophique que depuis le début du conflit en février 2022, ce besoin n’a fait qu’augmenter.
« Depuis l’invasion russe, les besoins pour la rééducation n’ont jamais été aussi grands en Ukraine et dans les pays voisins », a déclaré Satish Mishra, du bureau européen de l’OMS, mardi 7 mars lors d’une conférence de l’agence de santé publique de l’ONU.
Traumatisme crânien, brûlures, fractures, amputations… Les blessures des victimes sont nombreuses. Qu’ils se soient réfugiés dans des pays limitrophes comme la Pologne ou qu’ils soient restés en Ukraine, les blessés nécessitent une attention toute particulière et certains ont besoin de faire de la rééducation physique.
« La rééducation doit intervenir le plus vite possible. Elle permet de réduire les complications et d’optimiser la qualité de vie des personnes blessées », a ajouté M. Mishra.
Mais la guerre rend difficile l’accès aux soins. Alors que les besoins augmentent, l’offre de transports publics diminue, les coupures de courant se multiplient et la population fuit le pays.
« L’augmentation des besoins de rééducations qui ne sont pas satisfaits. Il n’y a pas de continuité des soins », a alerté M. Mishra.
Difficile en effet d’assurer une continuité des soins sans infrastructures médicales. L’armée de Vladimir Poutine a bombardé plusieurs hôpitaux et maternité depuis février 2022 dont celui de Marioupol, de Kherson ou plus récemment celui de la ville de Droujkivka, dans la région du Donbass.
Depuis le début du conflit, 4 000 personnes, réparties dans 25 centres de santé, ont pu bénéficier de soins, selon les données de l’OMS. Dans le pays ravagé par la guerre, cela passe notamment par des couloirs humanitaires, la formation de personnel médical, et l’acheminement de matériel médical.
« Ce travail est devenu encore plus important à cause des différents traumatismes engendrés par la guerre. Des services de rééducation sont nécessaires dans tout le pays », a déclaré Jarno Habicht, le représentant de l’OMS en Ukraine.
Fournir des fauteuils roulants et des appareils auditifs
En Ukraine, l’OMS travaille avec différents partenaires issus du secteur public, notamment les ministères concernés, et du secteur privé pour tenter de soigner les blessés.
Les technologies d’assistance, comme les appareils pour problèmes auditifs, pour la vision ou pour la mobilité, sont des soins de santé essentiels, mais le conflit a rendu leur accès et leur utilisation compliqué.
Or, « la guerre amène un nombre de personnes croissants qui en ont besoin », a souligné Tatiana Baryshok, de l’Association ukrainienne des physiothérapeutes, lors de la conférence de l’OMS.
Sans oublier, ceux qui ont dû quitter précipitamment leur domicile et qui se sont vus obligés de laisser derrière eux leur technologie d’assistance.
« Les technologies d’assistance permettent aux gens de vivre une vie indépendante. Le risque sans, c’est l’exclusion sociale, la pauvreté et la dépendance à la famille », a-t-elle alerté.
De son côté, la cheffe adjointe du cabinet de Volodymyr Zelensky Iulliia Sokolovska a déclaré que la rééducation des blessés et l’accès aux meilleures technologies d’assistance était une priorité du gouvernement avant que le conflit n’éclate et que les efforts seront poursuivis.
Parmi les civils, 7 000 Ukrainiens auraient été tués et 11 000 blessés, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), qui admet que ce chiffre est « probablement inférieur à la réalité ».
Côté militaires, difficile d’estimer les pertes. « Le nombre de morts dans leur armée est sans doute le plus grand secret de cette guerre », a affirmé une source militaire française auprès du journal Le Monde. Fin janvier, le chef de l’armée norvégienne a affirmé que la guerre avait fait près de 100 000 morts ou blessés chez les militaires ukrainiens.
Au-delà d’une rééducation physique se pose également la question du choc post-traumatique. Selon Handicap international, 10 millions de personnes vont avoir besoin d’un soutien psychosocial suite aux traumatismes causés par le conflit.
