mardi 23 avril 2024

Noyonnais/Compiégnois. Il découpe l’oreille de sa compagne avec un couteau à pain: 3 ans de prison ferme

Steven Hariouat est condamné à 4 ans de prison, dont 1 avec sursis, pour avoir violenté à de maintes reprises sa compagne.

Par la Rédaction
Le prévenu s’est servi d’un couteau à pain pour couper l’oreille de sa compagne. – Photo d’illustration: Max Saeling / Unsplash

«Mes enfants sont détruits et mon fils appelle son père Papa méchant.» Il aura fallu attendre une dizaine de plaintes déposées depuis 2014 pour que le calvaire de l’ancienne compagne de Steven Hariouat prenne fin. 

Un calvaire qui aura duré 6 ans, au terme desquels la victime, «marquée à vie par cette histoire», selon les mots de la procureure Marie-Céline Lawrysz, «porte encore aujourd’hui les cicatrices, comme autant de stigmates de cette relation».

Une première gifle, puis la violence devient banale

Présente à l’audience de ce lundi 6 mars, la compagne de Steven Hariouat se souvient encore du premier acte de violence qu’elle a subi, trois mois seulement après le début de leur relation. Elle n’a que 17 ans lorsqu’elle trouve dans la poche de son amoureux le numéro de téléphone d’une autre fille. La scène se passe à Caisnes. Une dispute éclate avec Steven et la jeune femme reçoit une première gifle. Puis la violence devient banale au sein du couple. 

En 2015, alors qu’il vient de perdre une partie de poker en ligne, Steven se déchaîne à coups de pieds et de poings sur sa compagne, avant de s’en aller chercher une machette et de la menacer. Prise d’une crise de panique, la jeune femme doit être hospitalisée et c’est là qu’elle apprend qu’elle est enceinte de son bourreau. 

Plus tard, alors qu’elle est en pleine grossesse, Steven s’emporte un soir car il n’y a pas d’alcool à la maison; alors sous bracelet électronique, il ne trouve rien de mieux que de vider l’intégralité d’une bombe lacrymogène dans l’appartement occupé par le couple. 

La future mère tente de s’enfuir du logement mais Steven la vise avec une machette alors qu’elle court dans les escaliers. Encore plus tard, dans le mobil-home où vit désormais le couple, c’est un coup de couteau dans le genou qu’assène Steven Hariouat à la mère de son fils, puis une fourchette qu’il lui plante en pleine tête. 

Autant de blessures qui nécessitent à chaque fois un passage aux urgences, la jeune femme, le visage trop souvent défiguré, devant par ailleurs masquer à ses proches ses nombreuses ecchymoses. Car les épisodes de violence se multiplient. C’est le cheval à bascule de son fils qui sert un jour à Steven de projectile. Ce sont des coups de balai lorsque le ménage est mal fait, des gifles quand le café tarde à venir. Ce sont aussi des coups de latte à répétition qui martyrisent la jeune femme, devenue mère, entre temps, d’un second enfant. Des enfants qui seront les témoins réguliers de la furie de leur «Papa méchant». Car Steven Hariouat ne semble pas avoir de limites lorsqu’il est en colère, et c’est avec un couteau à pain que le furieux s’en prend un jour à sa compagne, parvenant à lui découper le bout d’une oreille.

«Un véritable bourreau que vous avez devant vous»

Des violences régulières, qui valent à Steven Hariouat, 13 mentions au casier judiciaire et par ailleurs en état de récidive légale, de comparaître libre ce lundi 6 mars devant le tribunal de Compiègne. Des violences mais aussi des menaces de mort adressées par téléphone à la mère de ses enfants dont il est à présent séparé. «Tu vas brûler dans ta voiture, je vais te brûler à l’acide, et puis je vais te couler dans du béton pour pas qu’on retrouve ton corps.»

Reconnaissant une partie des violences qui lui sont aujourd’hui reprochées, Steven Hariouat, maçon de profession, semble les minimiser, déclarant n’avoir «rien à dire de plus» au tribunal présidé par Agathe Horiot. Pressé de questions par la magistrate, le prévenu, dont le prénom de sa victime est tatoué sur la main gauche, finira tout de même par concéder: «J’ai un tempérament qui est assez nerveux». Même euphémisme du côté du psychiatre qui l’a expertisé, qui remarque chez Steven Hariouat «une difficulté à se contenir».

«On peine à imaginer ce que ma cliente a vécu», déclare quant à elle l’avocate de la partie civile, décrivant une jeune femme «encore aujourd’hui pétrifiée par la peur».

«L’horreur au quotidien durant six ans», enchaîne le parquet dans ses réquisitions. Et la procureure Marie-Céline Lawrysz de poursuivre: «Un dossier terrifiant, glaçant, comme on en a rarement vus dans cette juridiction. C’est un véritable bourreau que vous avez devant vous.» 

A l’encontre de Steven Hariouat, elle requiert 5 ans de prison, dont 18 mois avec sursis probatoire renforcé. Elle demande en outre son mandat de dépôt, ainsi que le retrait de son autorité parentale.

Steven Hariouat est menotté à la barre

Pour Me Thibaut Vandierendonck, l’avocat d’Hariouat, son client, «enfant placé en foyer de sa naissance jusqu’à sa majorité», est «quelqu’un qui s’emporte vite car il ne sait pas se canaliser», précisant toutefois au tribunal que cela ne valait pas «excuse pour les faits qu’on lui reproche».

Concernant les déclarations de la victime, l’avocat de la défense invite le tribunal à ne pas «tout prendre pour argent comptant». Convaincu «qu’on n’est pas obligé de mettre monsieur en prison pour l’empêcher d’entrer en contact avec madame», il plaide un aménagement de la peine de prison ferme, à laquelle son client ne semble pas devoir échapper.

Reconnu coupable de l’ensemble des faits qui lui sont reprochés, Steven Hariouat est condamné à 4 ans de prison, dont 1 avec sursis probatoire renforcé de 2 ans. Mais le retrait de l’autorité parentale n’est pas prononcée par le tribunal. Le mandat de dépôt est quant à lui ordonné et Hariouat est menotté à la barre. «Papa méchant» dort ce soir en prison.

A.B.

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