Harriet Tubman, la "Moïse noire"

Harriet Tubman, Moïse noire
Harriet Tubman, Moïse noire
Harriet Tubman, la "Moïse noire"
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Harriet Tubman, la "Moïse noire"

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Esclave aux Etats-Unis, elle s'est libérée de ses chaînes, avant d'aider des centaines d'esclaves à s'échapper et de s'engager contre l'esclavagisme lors de la guerre de Sécession. Portrait d'Harriet Tubman, la "Moïse noire" de l'Amérique.

Harriet Tubman naît vers 1822, dans une plantation du Maryland, au sein d’une fratrie de neuf enfants. Mais la famille est séparée et dispersée dans plusieurs plantations. Enfant, Harriet est témoin d’une scène marquante : sa mère menace un commerçant blanc venu acheter l’une de ses filles. La transaction est annulée et l’acte de résistance de sa mère inspire Harriet.

À 6 ans, elle est “louée” à une dame, Miss Susan qui la maltraite régulièrement. Très jeune, Harriet développe une ferveur religieuse quasi mystique. 

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Anouk Bloch-Henry, autrice d'une biographie sur Harriet Tubman : "Elle avait reçu un poids sur la tête quand elle était adolescente, à 12 ou 13 ans, et ce poids lui avait causé des crises d’épilepsie, elle a eu des crises d’épilepsie toute sa vie, elle s’endormait par moments. Elle avait des intuitions elle faisait des rêves prémonitoires, elle avait des hallucinations, elle avait l’impression d’entendre Dieu. Une sorte de Jeanne d’Arc un peu à l’américaine."

À cause de sa blessure, elle craint d’être revendue à une autre plantation et envisage une évasion à pied vers la Pennsylvanie, l'un des premiers États américains à avoir aboli l’esclavage. Elle est aidée par "l’underground railroad", chemin de fer clandestin qui aide les esclaves à fuir vers le Nord. Le réseau est composé de Noirs libres, d’anciens esclaves et des Quakers, une communauté religieuse qui milite contre l’esclavage. 

Anouk Bloch-Henry : "Comme le chemin de fer, le vrai a été installé aux Etats-Unis depuis peu, ils ont utilisé cette métaphore qui leur permettait d’avoir des discussions codées. Par exemple, un chef de station, c’est quelqu’un qui hébergeait les esclaves en fuite, un conducteur, c’était celui qui les emmenait d’un endroit à un autre. Donc ça leur permettait d’avoir des discussions devant d’autres gens sans être pris." 

À peine installée en Pennsylvanie, Harriet décide de repartir pour libérer sa famille et d’autres esclaves. Mais en 1850 une loi est votée pour punir tous ceux qui aident les esclaves à fuir Harriet, pousse alors plus au Nord, et convoie les esclaves jusqu’au Canada. On estime qu’elle sauve ainsi 300 esclaves, en 20 voyages, sans jamais perdre une seule personne en route. Sa notoriété attire les chasseurs de primes qui veulent la capturer, mais ses exploits redonnent aussi espoir aux esclaves qui voient en elle une nouvelle Moïse. 

Anouk Bloch-Henry : "Ils voulaient s’enfuir, comme les Hébreux s’étaient enfuis. Quand quelqu’un avait l’intention de s’évader, il se passait l’information au travers de gospels qui reprenaient des éléments de la Bible. Ils disaient par exemple : demain, je vais traverser le Jourdain et je vais bientôt arriver en Terre promise.” 

Un rôle important pendant la guerre de Sécession

Lorsque la guerre de Sécession éclate, Harriet s’engage aux côtés des troupes de l’Union  infirmière, cuisinière, éclaireuse et espionne. Son courage et sa détermination inspirent le respect jusqu’aux plus gradés de l'État-major unioniste. Elle participe à un important raid nordiste sur la rivière Combahee, en Caroline du Sud, durant lequel 3 bateaux à vapeur nordistes permettent à des centaines d’esclaves de s’échapper. Malgré son implication, elle attend 30 ans avant de toucher une pension militaire et vit dans le dénuement toute sa vie. 

Figure respectée, Harriet Tubman s’engage aussi aux côtés des suffragistes et milite pour le droit de vote des femmes avec Susan B Anthony. 

Harriet Tubman meurt à 91 ans dans une propriété qu’elle a acquise, aux côtés de sa famille et de ses amis. Elle reçoit les honneurs militaires lors de son enterrement. Si l’histoire d’Harriet Tubman est très documentée, c’est aussi l’un des seuls récits de femmes esclaves à être arrivé jusqu’à nous. Depuis 1990, aux États-Unis, le "Harriet Tubman day" est célébré tous les 10 mars. Barack Obama avait promis de faire figurer le visage d’Harriet sur les billets de 20 dollars un projet finalement annulé par son successeur, Donald Trump.

Une histoire particulière, un récit documentaire en deux parties
28 min