Une fois n'est pas coutume, l'enveloppe de 100 milliards d'euros sur vingt ans annoncée par Elisabeth Borne pour le train fait l'unanimité. Ce montant correspond au scénario central du Comité d'orientation des infrastructures mandaté par le gouvernement. Il permet de confirmer le virage pris par le gouvernement ces derniers mois en faveur d'une mobilité douce (vélo, covoiturage, voiture électrique...). Reste à s'assurer que les actes suivront les promesses.

Boudé dans la loi de Finances 2023, le train a finalement droit à son grand plan d’investissements. La Première ministre Elisabeth Borne vient d’annoncer une enveloppe de 100 milliards d’euros jusqu’en 2040 pour réussir une "nouvelle donne ferroviaire", a-t-elle déclaré vendredi 24 février. "Ces moyens exceptionnels" doivent permettre d’une part de "mettre un terme au vieillissement du réseau et le moderniser" et d’autre part "d’investir dans le développement du réseau".
Cela passera notamment par le déploiement de RER (réseaux express régionaux) métropolitains dans une douzaine de villes comme Lille, Rouen, Toulouse, Nantes ou Bordeaux. "Derrière, le concept de RER métropolitains, c’est l’usage du train qui va évoluer, avec des trains plus nombreux, plus réguliers et desservant mieux les bassins de vie", a lancé la Première ministre. "C’est lorsque nos concitoyens pourront trouver un transport en commun régulier, facilement accessible et fiable, qu’ils pourront réduire leur usage de la voiture", a-t-elle également affirmé. 

"Les cris d’alerte enfin entendus"


Ces 100 milliards sont-ils suffisants ? De l’aveu des différents spécialistes, collectivités ou ONG, une fois n’est pas coutume, tous reconnaissent que c’est un très bon signal. Cela correspond par exemple à l’enveloppe évoquée ces derniers mois par le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. "Les nombreux cris d’alerte sur la dégradation du réseau ferroviaire semblent finalement avoir été entendus", réagit aussi dans un communiqué le Réseau action climat. France Nature Environnement y voit également "un grand pas dans la bonne direction".
"La priorité donnée au ferroviaire, un secteur qui souffre de sous-investissements, est une avancée", répond à Novethic Aurore Colin, cheffe de projet Territoires et climat au sein d’I4CE et auteur d’une note sur le sujet. "La volonté de réinterroger les projets routiers en cours et la programmation des investissements dans la durée sont aussi des signes positifs. Enfin, la somme, si elle est belle et bien additionnelle, est en phase avec la promesse de campagne du président Macron d’allouer 5,4 milliards supplémentaires pour les transports en partie dédiés aux infrastructures", poursuit-elle.
En attendant de connaître d’ici juin le détail des investissements d’infrastructures de transport retenus dans le cadre de la négociation des contrats de plan État-région, la Première ministre a déjà précisé que d’ici la fin du quinquennat, 1,5 milliard d’euros supplémentaires par an iraient à la régénération et à la modernisation du réseau (remplacement des voies ferrées, signalisation, numérisation des postes d’aiguillage…).

L’aérien mis à contribution mais pas remis en cause


Plus globalement, le gouvernement a lancé ces derniers mois une série de plans concernant le vélo ou encore le covoiturage et l’autopartage afin de décarboner les transports, premier secteur émetteur en France. Il travaille aussi à la mise en œuvre d’un dispositif de location de véhicule électrique longue durée à moins de 100€ par mois. "Je vous confirme que les personnes éligibles pourront, à compter de l’automne, réserver leur véhicule, qui leur sera livré en 2024", a précisé Elisabeth Borne.
Enfin si la Première ministre a dit vouloir mettre à contribution les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre comme l’aérien, et ceux qui dégagent des profits importants, comme les sociétés d’autoroute, pour financer ce plan, elle n’a pas du tout évoqué les projets d’extension d’aéroports actuellement en cours. Il y en aurait une dizaine sur le territoire. Or, "la planification écologique n’étant pas compatible avec le ‘en même temps’, il est désormais urgent d’intégrer ce plan d’investissement dans une politique de mobilité cohérente de bout en bout", pointe Valentin Desfontaines, responsable mobilités durables au Réseau Action Climat. 
Concepcion Alvarez @conce1

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