Une eurodéputée belge s’est vue offrir un séjour dans un hôtel de luxe financé par un ambassadeur marocain

L’eurodéputée belge Marie Arena (S&D) se serait vue offrir un séjour dans un hôtel de luxe au Maroc avec l’ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri (S&D) — cerveau présumé du « Qatargate » — en 2015. [Ajdin Kamber/Shutterstock]

L’eurodéputée belge Marie Arena (S&D) se serait vue offrir un séjour dans un hôtel de luxe au Maroc avec l’ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri (S&D) — cerveau présumé du « Qatargate » — en 2015, alors qu’elle n’était « pas au courant » que le voyage était financé par un ambassadeur marocain, affirme l’Italien.

Marie Arena est députée européenne depuis 2014 et était jusqu’à récemment vice-présidente de la sous-commission « Droits de l’homme » (DROI) du Parlement européen. Elle avait été mentionnée lors de l’éclatement du scandale du Qatargate en décembre dernier.

« En 2015, il y a eu un voyage avec Marie Arena. Elle m’a accompagné deux ou trois jours à La Mamounia, où nous avons fait des rencontres avec la communauté sahraouie », a déclaré l’ancien eurodéputé italien lors d’une audition dont le compte rendu a été mis à la disposition du quotidien belge Le Soir et de La Repubblica.

La communauté sahraouie, ou République arabe sahraouie démocratique (RASD), est un État non reconnu par une majeure partie de la communauté internationale qui revendique la souveraineté sur le territoire contesté du Sahara occidental — également revendiqué par le Maroc.

« Je pense que Marie Arena pense que c’est moi qui l’ai invitée mais, en réalité, tout a été pris en charge par [l’ambassadeur marocain Abderrahim] Atmoun », a ajouté M. Panzeri.

L’ancien eurodéputé ne précise toutefois pas à ce stade si M. Atmoun a pris en charge les dépenses sur ses propres fonds ou sur ceux de l’État marocain.

Contactée par Le Soir au sujet du voyage de 2015, Mme Arena s’est refusée à tout commentaire.

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« L’argent et les voyages n’étaient pas pris en charge par M. Atmoun mais par une agence marocaine », a également déclaré Pier-Antonio Panzeri lors de son audition, sans préciser à quels voyages il faisait référence.

« Je l’ai découvert car ma clef d’hôtel était dans une pochette avec le nom de la réservation. Il s’agissait de la DGED. C’est là que j’ai compris. » La DGED — ou Direction générale des études et de la documentation — est le service secret extérieur marocain.

Selon une note déclassifiée de la Sûreté de l’État belge, qui a été remise à l’instruction, M. Atmoun aurait reçu ses ordres dans cette opération d’ingérence d’un certain « Mohamed B. » — un agent secret présumé de la DGED, rapporte Le Soir.

La Belge n’a jamais caché avoir développé une « amitié professionnelle » avec M. Panzeri, qui a aujourd’hui signé un accord de repenti avec la justice belge.

En effet, en janvier dernier, M. Panzeri avait signé un « accord de repenti » dans lequel il acceptait de collaborer avec les autorités belges en échange d’une « peine limitée ».

L’avocat de M. Panzeri avait alors confié à la presse que « l’une des raisons » pour lesquelles il voulait parler est qu’il « sait qu’il a trahi la confiance de certaines personnes  », dont l’eurodéputée belge Marie Arena, qui avait également été citée par la presse au sujet de Qatargate. « Il citera son nom pour dire qu’elle n’avait strictement rien à voir avec [le système de corruption] et qu’il n’aurait jamais osé lui proposer quoi que ce soit », avait-il ajouté.

M. Panzeri a également accusé l’eurodéputé belge Marc Tarabella (S&D) — vice-président de la Délégation du Parlement pour les relations avec la péninsule arabique (DARP) — d’avoir reçu de l’argent et des « cadeaux » du Qatar.

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Cependant, comme le souligne Le Soir, certaines preuves semblent indiquer que Marie Arena aurait pu être coupable d’actes répréhensibles.

En effet, lors d’un appel téléphonique placé sur écoute, peu après une réunion de la sous-commission DROI à laquelle le ministre qatari du Travail, le Dr Ali bin Samikh Al Marri a assisté le 14 novembre, M. Panzeri aurait remercié Mme Arena pour ses interventions et affirmé que le ministre qatari était « satisfait » du déroulement de la séance.

Contactée par Le Soir, Mme Arena a une fois de plus refusé de commenter cet appel téléphonique.

Lors de son audition avec la justice belge, M. Panzeri a également déclaré qu’il avait séjourné dans le luxueux hôtel au Maroc en 2017 ou 2018. Il voyageait cette fois-là avec son ancien assistant parlementaire, Francesco Giorgi — le compagnon de l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili.

« Ces voyages étaient totalement (hors extras) organisés et pris en charge par M. Atmoun », a déclaré M. Panzeri.

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