Redistribution

Un impôt mondial sur les ultra-riches proposé par une centaine d’eurodéputés et des économistes

Dans une tribune publiée ce mardi, élus européens et experts financiers appellent à la création d’une taxation progressive afin de financer «des investissements nécessaires à la transition écologique et sociale».
par LIBERATION et AFP
publié le 14 mars 2023 à 8h10

Après l’accord mondial sur les entreprises en 2021, il s’agirait désormais que leurs patrons ne puissent échapper aux filets du partage de la richesse. Plus de 130 eurodéputés ainsi que plusieurs économistes ont signé une pétition en faveur de la création d’un impôt sur la fortune des «ultra-riches» à l’échelle internationale, afin de participer à «la transition écologique et sociale».

«Ce que nous avons réussi à accomplir pour les multinationales, nous devons désormais le faire pour les grandes fortunes», écrivent l’eurodéputée Aurore Lalucq (groupe Socialistes et démocrates, gauche) et l’économiste Gabriel Zucman, à l’initiative de cette campagne, qui recueille aussi la signature du prix Nobel Joseph Stiglitz, dans une tribune publiée ce mardi dans Le Monde. Ils affirment qu’en 2018, Elon Musk, alors deuxième homme le plus riche du monde, «n’a pas payé un centime en impôts fédéraux» et qu’en France, «les 370 plus riches familles ne sont effectivement taxées qu’autour de 2 à 3 %».

«Notre proposition est simple : instaurer un impôt progressif sur la fortune des ultra-riches à l’échelle internationale afin de réduire les inégalités tout en participant au financement des investissements nécessaires à la transition écologique et sociale», expliquent l’eurodéputée et l’économiste, expert reconnu sur l’évasion fiscale et la taxation des hauts revenus.

Les auteurs mentionnent l’idée d’une taxation à 1,5 % à partir d’un patrimoine de 50 millions d’euros, tout en affirmant que le niveau exact de l’impôt devra être décidé «collectivement et démocratiquement». Aurore Lalucq et Gabriel Zucman appellent l’OCDE et l’ONU à lancer des négociations sur cet impôt, et pressent l’Union européenne d’agir. L‘économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), Philip Lane, avait formulé une idée similaire l’an dernier, tout comme des millionnaires de Davos en janvier.

Pour appuyer leurs propos, Aurore Lalucq et Gabriel Zucman citent l’exemple de l’impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, auquel près de 140 pays ont adhéré «quand tout le monde répétait que c’était impossible». Leur pétition a été signée essentiellement par des députés européens écologistes et de gauche, par une dizaine d’économistes et par des ONG internationales dont Oxfam.

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