Le gouvernement italien demande à Milan de cesser d’enregistrer les enfants de couples homosexuels

L’Italie a légalisé les unions civiles entre personnes de même sexe en 2016, en dépit de l’opposition de groupes catholiques et conservateurs, mais le pays ne leur a pas accordé le droit d’adoption, craignant que cela n’encourage les gestations pour autrui (GPA), qui sont illégales. [SHUTTERSTOCK/MilanoPE]

En Italie, le gouvernement a demandé à Milan de cesser d’enregistrer les enfants issus de couples de même sexe, relançant le débat sur le programme conservateur de la Première ministre Giorgia Meloni (Frères d’Italie).

L’Italie a légalisé les unions civiles entre personnes de même sexe en 2016, en dépit de l’opposition de groupes catholiques et conservateurs, mais le pays ne leur a pas accordé le droit d’adoption, craignant que cela n’encourage les gestations pour autrui (GPA), qui sont illégales.

En l’absence d’une législation claire sur la question, certains tribunaux se sont prononcés en faveur de l’adoption par un partenaire d’un couple de même sexe des enfants de l’autre partenaire. Les maires de certaines villes, dont la ville de Milan, ont donc enregistré des naissances par mère porteuse pour des couples de même sexe.

Le maire de Milan, Giuseppe Sala (Europe verte-Les Verts), a indiqué lundi (13 mars) qu’il avait reçu une lettre du ministère de l’Intérieur lui demandant de cesser d’enregistrer les enfants issus de couples de même sexe.

Dans un podcast diffusé mardi (14 mars), M. Sala a déclaré qu’il respecterait l’arrêté préfectoral, mais qu’il continuerait à se battre sur le plan politique pour garantir la reconnaissance des droits des parents de même sexe et de leurs enfants.

Lutter contre « le lobby LGBT »

Mme Meloni a accédé au pouvoir en défendant les valeurs chrétiennes traditionnelles et en dénonçant ce qu’elle appelle « l’idéologie du genre » et « le lobby LGBT ».

La dernière mesure en date du gouvernement a été décriée par les militants LGBTQIA+.

Selon Gabriele Piazzoni, secrétaire général d’Arcigay, il s’agit de « l’une des manifestations les plus concrètes de la fureur que la majorité de droite déchaîne contre les personnes LGBTI ».

M. Piazzoni estime que le gouvernement tente d’aligner l’Italie sur des pays tels que la Hongrie du Premier ministre Viktor Orbán, « où le déni de droits s’accompagne de taux de violence extrêmement élevés et d’un climat social de persécution à l’encontre des personnes LGBTI ».

Fabrizio Marrazzo, l’un des principaux défenseurs des droits des homosexuels, a demandé à M. Sala et aux autres maires du pays de continuer à enregistrer les actes de naissance.

« Lorsqu’une règle est injuste et discriminatoire, ceux qui font de la politique doivent avoir le courage de désobéir », a-t-il déclaré.

Mardi, la commission des affaires européennes du Sénat a rejeté la proposition de règlement de l’UE visant à reconnaitre les droits des enfants, y compris de ceux issus de couples de même sexe, et à adopter un certificat européen de filiation.

La résolution majoritaire, qui s’oppose à la proposition de règlement de l’UE et qui a été introduite par le sénateur Giulio Terzi di Sant’Agata (Frères d’Italie), a été adoptée malgré le vote unanime et défavorable de l’opposition.

Selon le sénateur Ivan Scalfarotto (Italia Viva), « le certificat européen de filiation aurait permis à tous les enfants, quels que soient leurs parents, de pouvoir jouir d’une des libertés constitutives de l’Union : celle de circuler librement, et donc de vivre et de travailler, dans les 27 États membres ».

« On punit les enfants pour vous décourager d’en avoir : le même raisonnement que si on vous laissait vous noyer pour que vous ne partiez pas. Dans un pays civilisé, les choses ne devraient pas se passer de la sorte », a conclu le sénateur.

La Commission européenne souhaite renforcer les droits transfrontaliers des parents

La Commission européenne a proposé de nouvelles règles, mercredi (7 décembre), afin de garantir que la filiation établie dans un État membre de l’UE soit reconnue partout dans l’Union.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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