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La bombe à retardement des chaînes Youtube familiales

Les premiers “enfants influenceurs” ont bien grandi. Aujourd’hui, ils en veulent à leurs parents.

À 10 ans, Ryan est à la tête d’une chaîne YouTube regroupant plus de 34,5 millions d’abonnés et comptabilise des milliards de vues, et des millions de dollars. Pourtant, Ryan n’est qu’un enfant. En ouvrant sa chaîne en mars 2015, à seulement 3 ans, il n’a pas réellement conscience de la machine qu’il met en marche. Ses parents non plus, probablement.

De son côté, Claire a passé son enfance et son adolescence devant des caméras. Malgré elle. “J’essaie de ne pas avoir de la rancœur, mais c’est un peu le cas” confie-t-elle, en parlant de ses parents, dans un article de TeenVogue. Aujourd’hui, lorsque l’on tape son nom sur Google, on tombe sur des photos d’elle enfant, des produits dérivés avec son visage, une chaîne YouTube avec des millions d’abonnés et une multitude de vidéos la mettant en scène. Il y a des environnements plus sains dans lesquels grandir.

Chez nous, ce sont Swan et Néo qui sont les jeunes stars de YouTube. Véritables phénomènes depuis plus de sept ans, ces deux frères de la région lyonnaise sont filmés au quotidien, se lancent des défis, placent des produits et sortent, eux aussi, des produits dérivés. Menée par leur mère Sophie Fantasy, la fratrie rassemble plus de 6 millions d’abonnés sur YouTube. Ils sont nombreux qui, à l’instar de Swan et Néo, Ryan ou Claire, voient leur vie exposée aux yeux du monde entier.

Désireux de briller, d’aider ou de récolter quelques euros, plusieurs géniteurs décident de mettre en scène leurs bambins. Chacun a ses raisons. De nombreuses mamans veulent partager leur expérience et leur quotidien. C’est le cas de Poupette Kenza, l’influenceuse la plus suivie sur Snapchat. En ce début d’année, elle comptabilise un million de followers. Ses deux enfants sont constamment dans ses stories et leur vie quotidienne n’a aucun secret pour leurs abonnés. Les yeux plus souvent rivés sur le téléphone que sur sa progéniture, l’influenceuse a récemment été accusée de négligences à leur égard. Pendant huit jours, elle s’est même vu retirer la garde de son fils suite à une hospitalisation pour un hématome sur le sommet du crâne.

De plus en plus de personnes s’inquiètent pour ces enfants surmédiatisés, conscients des dangers d’une exposition constante. Avec Les enfants sont rois, publié en 2021, Delphine de Vigan a, d’ailleurs, écrit un roman inspiré de faits très réels suite à un reportage consacré à ces influenceurs d’un nouveau genre.

youtube swan neo escroquerie
© Presse-citron

Ainsi, des soupçons d’exploitation planent constamment sur ces enfants influenceurs, comme Swan et Néo. Un débat relancé à propos des deux frères suite à l’annonce de la condamnation de leurs parents pour escroquerie, des faits établis bien avant le lancement de leur chaîne YouTube. À 17 ans, l’aîné de la fratrie l’affirme : “Je ne me suis jamais fait exploiter. Que ce soit mon frère ou moi, on a toujours voulu et kiffé faire des vidéos. Ça n’a jamais été une contrainte, comme beaucoup le pensent, mais un moment de plaisir”.

Des enfants en quête d’intimité

Si Swan et Néo affirment avoir toujours été consentants, ce n’est pas le cas d’autres enfants influenceurs. Les premiers pas sur YouTube pour ces “bébés stars” se font, en général, à leur insu. Certains parents ne semblent pas enclins à respecter la vie privée de leurs bambins, surtout les plus jeunes, et partagent au monde des moments qui auraient dû rester entre eux. Premier caca sur le pot, bain du soir ou crise de nerfs. Tout est bon pour faire cliquer et même rire.

En tant qu’adultes, aimerions-nous que des clichés de ces moments si intimes circulent sur la toile ? D’autant qu’Internet n’oublie jamais. Merci l’empreinte numérique. Ainsi, ce qui est publié sur les réseaux sociaux y restera. Pour toujours. Malgré la suppression des posts en question.

De plus, un enfant surexposé depuis son plus jeune âge grandira et deviendra un adolescent puis un adulte. Que pensera-t-il alors ? À l’heure actuelle, des enfants influenceurs sont devenus des adultes et partagent leurs histoires. Comme Claire, dans l’article de TeenVogue, beaucoup ont l’impression que leur enfance a été volée au profit de la création de contenus et de l’argent. Car le choix de filmer et partager la vie quotidienne de sa famille peut être extrêmement lucratif. Mais pas sans conséquence.

enfants accros écrans
© Unsplash / Kelly Sikkema

Sur TikTok, l’influenceuse Caroline Easom a partagé la lettre anonyme d’une adolescente d’une chaîne YouTube familiale. “Aux parents qui envisagent de lancer leur chaîne familiale ou monétiser la vie de leurs enfants sur Internet, voici mon conseil : ne le faites pas. Tout argent que vous recevrez sera éclipsé par des années de souffrance… Votre enfant ne sera jamais normal… Je n’ai jamais consenti à être exposée en ligne” explique-t-elle.

Alors que les langues se délient et que les conséquences d’une mise en avant constante sont déjà là, beaucoup d’influenceurs ont dernièrement choisi de faire machine arrière et de ne plus exposer leur progéniture aux yeux du monde. Dans ces cas-là, ils se contentent de filmer l’enfant de dos ou d’ajouter un emoji pour camoufler le visage et respecter son anonymat.

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3 commentaires
3 commentaires
  1. Comme toujours du n’importe quoi et du bon mais, surtout, de la mémoire de poisson rouge.

    Je suis d’accord pour dire que les parents qui exposent la vie privée font n’importe quoi. Mais faire des vidéos préparés, comme on pourrait faire des clips pour des enfants qui chantent, c’est très différent et rien de bien nouveau.

    Les Michael Jackson, Brook Shield, Élisabeth Taylor, Steevie Wonder etc. on tous commencé très jeune. Dans le lot, un Michael Jackson, star la plus célèbre de l’histoire, vous pensez pas qu’à 12 ans, dans les 70’s, il avait pas ses produits dérivés partout à travers le monde. Pourtant, adultes, il a toujours dit que même s’il a dû faire des sacrifices, si c’était à refaire il n’hésiterait pas.

    Y’a rien de nouveau. Y’a les enfants qui vont retombé dans l’anonymat (Jordy par exemple) et ceux qui, réellement talentueux, resteront.

    Et puis, s’il vous plaît, arrêtez de sortir le joker “pédophile” dans des articles. Comme tous, vous ne savez même pas ce que signifie ce mot et que non, la majeure partie des personnes atteinte d’un trouble pédophilique ne sont pas heureux de regarder des enfants sur internet. Non, la majeure partie des personnes atteint de se trouble en souffre et lutte contre !!!

  2. Ce monde est foutu…

    @MACMAC Ce que vous dites est idiot. Au passage, les gens que vous citez, vos croyez vraiment que ce sont des exemples et qu’ils sont/étaient des gens équilibrés, stables, propres, des modèles etc. J’espère que vous avez fait de l’humour dans votre post, sinon c’est grave…

  3. Le phénomène est inquiétant, mais chaque cas est unique.
    Bruno Polius le soliste de “rien n’a changé” des Poppys garde un très bon souvenir de cette époque (cherchez “vie secrète des chansons poppys”sur YT).

    Et face à ces polémiques, si on exclu les abus, je me demande toujours ce qui est le pire :
    – des parents qui exposent leur enfants, mais qui du coup, font des choses avec eux
    – des parents qui laissent leurs enfants devant la télé ou avec la console à longueur de journée/soirée – parce qu’ils n’ont pas de temps à leur consacrer.

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