La tête du ministre de la Défense italien mise à prix par le groupe Wagner

« Il y a une situation d’urgence absolue. [...] C’est un problème destiné à ne pas être résolu pendant au moins les dix prochaines années », a déclaré le ministre de la Protection civile et des Politiques maritimes, Nello Musumeci. [EPA]

[Cet article a été amendé pour corriger un contresens : c’est bien la tête du ministre de la Défense italien qui a été mis à prix par le groupe Wagner, et non le ministre qui a reçu une prime de la part du groupe Wagner, comme le titre original pouvait le laisser penser.]

Le groupe mercenaire russe Wagner se dit prêt à offrir une prime de 15 millions de dollars à qui aura la tête du ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, qui a accusé le groupe d’être à l’origine des vagues migratoires vers l’Italie. C’est ce que révèle un rapport des services de renseignement italiens.

L’annonce intervient après que M. Crosetto a accusé le groupe Wagner lundi (13 mars) d’avoir provoqué la vague migratoire de l’Afrique vers l’Italie. Selon les données du ministère de l’Intérieur, 20 021 migrants ont été comptés entre le 1er janvier et le 15 mars 2023. À titre de comparaison, 6 263 migrants sont arrivés au cours de la même période en 2022 et 6 041 en 2021.

« L’augmentation exponentielle du phénomène migratoire débutant des côtes africaines s’inscrit aussi, dans une mesure non négligeable, dans une stratégie claire de guerre hybride que la division Wagner, composée de mercenaires à la solde de la Russie, met en œuvre, en utilisant son poids important dans certains pays africains », a expliqué M. Crosetto.
Le chef de la division Wagner, Evgeny Prigozhin, a qualifié le ministre italien de « mudak », une insulte sévère en russe.

« M. Crosetto devrait moins regarder dans certaines directions et s’occuper de ses propres problèmes, qu’il n’a probablement pas réussi à résoudre. Nous ne sommes pas conscients de ce qui se passe avec la crise migratoire, nous ne nous en occupons pas. Nous avons beaucoup de nos propres problèmes à régler », a ajouté M. Prigozhin.

Le gouvernement italien fait pression sur l’UE et l’OTAN pour que les institutions renforcent leurs contrôles à la frontière sud de l’Union européenne, étant donné que les gazoducs qui approvisionnent tous les États membres en énergie passent également par les routes migratoires qui arrivent en Italie.

« L’UE, l’OTAN et l’Occident, tout comme ils ont réalisé que les cyberattaques faisaient partie de la confrontation mondiale que le conflit ukrainien a déclenchée, doivent comprennent que le front sud de l’Europe devient également plus dangereux chaque jour », a déclaré M. Crosetto.

« Ils devraient prendre conscience que l’immigration incontrôlée et continue, ajoutée à la crise économique et sociale, devient un moyen de frapper les pays les plus exposés, en premier lieu l’Italie, et ses choix géostratégiques, clairs et nets », a-t-il ajouté.

Malgré l’atlantisme ferme affiché jusqu’à présent par le gouvernement italien, les propos de M. Crosetto ont démontré une certaine inquiétude de la part de l’exécutif lorsqu’il a déclaré que l’Alliance atlantique « se consolide si les problèmes qui découlent des choix collectifs sont également partagés », sinon « elle risque de se fissurer si les pays exposés à des représailles de différentes natures sont laissés pour compte ».

La Première ministre Giorgia Meloni (Frères d’Italie/CRE) a réuni M. Crosetto, le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi, le vice-premier ministre et ministre des Transports Matteo Salvini (Ligue/ID), le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani (Forza Italia/PPE), et les chefs des services de renseignement pour favoriser une meilleure coordination sur les flux migratoires et, en particulier, sur la surveillance maritime pour détecter les barges même dans les eaux extraterritoriales.

« Plus les gens partent et se mettent entre les mains de trafiquants cyniques, plus il y a de risques que quelque chose tourne mal : je ne pense pas que ce soit une façon correcte, humaine et responsable de traiter ce problème », a déclaré Mme Meloni à ce propos.

« Il serait peut-être plus facile […] de laisser les mercenaires et les fondamentalistes du groupe Wagner continuer à s’implanter en Afrique », a-t-elle ajouté.

« La Russie est en train de créer une bombe migratoire », a déclaré le chef du groupe de la Ligue au Sénat, Massimiliano Romeo (Ligue/ID), des mots qui font face aux accusations selon lesquelles la Ligue est toujours proche de la Russie et de Vladimir Poutine.

M. Tajani semble toutefois plus prudent. « De nombreux migrants viennent de régions contrôlées par le groupe Wagner et je ne voudrais pas qu’il y ait une tentative de pousser les migrants vers l’Italie », a-t-il déclaré.

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