C’est un bazar abandonné situé en périphérie de Mossoul, ex "capitale" en Irak du groupe État islamique. "Bienvenue chez moi. Là, il y a la cuisine et la salle de bain… Et ici, il y a le salon qui sert également de chambre", raconte Ahlam en montrant la pièce éclairée au néon d’un geste de la main. Depuis la fin de la guerre, cette mère de 37 ans et ses cinq enfants vivent dans ce magasin aménagé en habitation. C’est elle la cheffe de famille depuis que son mari Jassem – membre du groupe État islamique – a été tué dans une frappe aérienne.
"J’aurais souhaité que mon mari choisisse une autre voie. Tout le monde meurt un jour mais j’aurais préféré qu’il décède dans des circonstances normales. Au moins, nous aurions pu obtenir un peu plus de soutien. Et nous aurions pu organiser des funérailles avec une vraie tombe. Nous aurions pu lui rendre visite chaque semaine", raconte Ahlam, assise sur le canapé à côté de l’une de ses filles, plongée dans ses devoirs.
Une quinzaine de familles affiliées à Daech ont trouvé refuge dans ce bazar situé dans le quartier d’Al-Intissar. Au départ, la cohabitation avec les habitants du quartier fut compliquée, admettent plusieurs de ces femmes, car certains résidents les tenaient pour responsable des crimes commis par l’organisation terroriste, elles qui ont un mari, un frère ou un père qui avait rejoint les djihadistes et a depuis été tué ou emprisonné.