Le Koh-i-Noor, joyau controversé de la Couronne, enfin qualifié de «symbole de la conquête» colonialiste

Extrait en Inde au XIIIème siècle, le sublime diamant Koh-i-Noor est arrivé entre les mains de la reine Victoria par une succession d'événements controversés, orchestrés par la Compagnie britanniques des Indes orientales. 
La couronne de la reine contenant le clèbre diamant Kohinoor.
La couronne de la reine, contenant le célèbre diamant Kohinoor. Tim Graham/Getty Images

Il est le diamant le plus célèbre du monde, l'un des joyaux les plus précieux de la Couronne mais aussi, l'une des gemmes les plus controversées de l'histoire. L'histoire du Koh-i-Noor, un somptueux diamant de plus de 105 carats, va bientôt être explorée dans une exposition à la Tour de Londres. Grande première, il sera présenté comme un « symbole de la conquête » de la Couronne britannique en Inde, en référence aux zones d'ombre de sa douloureuse et sanguinaire histoire. 

Jusqu'ici, le Royaume-Uni avait adopté une version consensuelle de l'histoire : le Koh-i-Noor est un joyau de la Couronne, un trésor national, fièrement exhibé depuis qu'il est incrusté sur la couronne royale de la reine Mary. Celle-là même sur laquelle tous les yeux étaient rivés, posée sur le cercueil de la reine Elizabeth II le jour de ses funérailles. Seulement, depuis la mort de la reine, les historiens, les chercheurs et les autorités indiennes insistent pour qu'il soit restitué au pays d'où il a été extrait, il y a de cela plusieurs siècles. 

L'histoire remonte au XIIIème siècle. Le diamant est découvert et exploité en Inde. Sa rareté en fait vite l'objet de convoitise des plus grandes puissances de l'époque. Il passe entre les mains des éminentes figures mongoles, afghanes et enfin, iraniennes, qui lui donnent le nom perse pour lequel il est connu : Koh-i-Noor signifie « montagne de lumière » en perse. 

De reines en reines… Sauf Camilla

La Compagnie britannique des Indes orientales finit par se procurer le trésor. Comment ? Les versions divergent là. D'après le Royaume-Uni, il a été offert à la reine Victoria en 1849 par le jeune empereur des Sikhs, Maharaja Duleep Singh, alors âgé d'une dizaine d'années. Un détail, toutefois, créé la discorde depuis des décennies : la mère du garçon, Rani Jindan, aurait été manipulée et menacée pour ratifier un traité la contraignant à céder des terres aux Britanniques avant qu'ils ne mettent la main sur la précieuse gemme. Depuis, elle est restée en possession de la Couronne

La reine Victoria a d'abord porté le diamant en broche, avant qu'il ne soit incrusté sur la couronne de la reine Mary, qui orne la tête de toutes les nouvelles reines britanniques. Jusqu'ici, du moins, puisque la reine Camilla devrait faire exception. Il a été annoncé qu'elle ne porterait pas le Koh-i-Noor le jour de son couronnement avec le roi Charles III, le 6 mai prochain. Cette décision a été accueillie de façon mitigée : un renoncement historique et symbolique pour certains, une trop maigre reconnaissance pour d'autres. L'Inde réclame le retour du diamant depuis 1947 et son indépendance. Aucun gouvernement britannique ne lui a tendu la main.

La future exposition consacrée aux joyaux de la couronne à la Tour de Londres ne devrait rien occulter des polémiques et des mystères autour du Koh-i-Noor. À noter qu'elle ouvrira ses portes le 26 mai, quelques jours seulement après le couronnement des nouveaux souverains.