Tribunal de Cherbourg. Il bat sa femme et l'insulte tous les jours, même devant les enfants

Un homme de 58 ans, de Besneville (Manche), a été condamné à de la prison ferme par le tribunal de Cherbourg, pour des violences régulières sur son épouse.

Selon l'avocate de la plaignante, l'omerta régnait à la maison.
Selon l’avocate de la plaignante, l’omerta régnait à la maison. (©Photo d’illustration / Actu.fr)
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Un habitant de Besneville (Manche), âgé de 58 ans, était convoqué mardi 14 mars 2023 devant les juges du tribunal de Cherbourg pour violences sur son épouse, mère de ses enfants. C’était sa troisième comparution pour les mêmes raisons. La première fois, c’était en 2007, c’est-à-dire 15 ans auparavant, avec condamnation.

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À l’audience, l’avocate de la plaignante a expliqué pourquoi elle ne voulait pas être présente : elle savait qu’il minimiserait les violences qu’elle a subies, elle n’était pas en état de supporter ce déni. Il la battait, tous les jours, même devant les enfants, insultes, coups au visage, cheveux tirés…

Elle ne sait pas parler de ses angoisses, elle se sent responsable, elle se tait. Elle est brisée, par sa propre histoire, qui l'a fait dériver dans l'alcool, mais surtout par les violences qu'elle subit. Insupportables au point que ce mélange de souffrances intimes et conjugales l'ont conduite à une tentative de suicide.

Avocate de la victime

L’avocate considère que l’expertise après entretien avec la victime n’a pas rendu compte des souffrances qu’elle a subies, l’expert est passé à côté de la souffrance, de sa détresse extrême. « Comment peut-on décider qu’il y a eu des violences sans ITT sur 30 mois de violences reconnues ? »

« Elle avait le devoir de se taire »

Dans ses réquisitions, le substitut du procureur a rappelé que les violences dénoncées à l’audience illustrent celles qui ont marqué la femme tout au long de sa vie avec son mari. « Même les enfants témoignent que les violences sur leur mère ont toujours existé. Même quand ils étaient mis à l’écart, ils savaient qu’elles continuaient. »

Les traces et les ecchymoses étaient là, au point que l’été, elle était contrainte de mettre un gilet pour les cacher. « Elle avait le devoir de se taire », souligne la magistrate, parlant d’« omerta » à l’intérieur de la cellule familiale.

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Il avait été précédemment condamné pour violences conjugales à un an de prison avec sursis probatoire. Pour le substitut du procureur, il ne faut pas rattacher ces faits aux précédents, mais les juger pour eux-mêmes, sans confusion de peines : « Ça ne permettrait pas au prévenu de prendre conscience de ce qu’il fait subir à sa femme. »

Il a été condamné à 4 mois de prison ferme, à accomplir sous surveillance électronique à domicile. Sur les dommages à définir, l’affaire est renvoyée à une audience ultérieure sur intérêts civils.

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