Climat : "Deux fois plus de zones de productions fruitières sévèrement impactées en 2030 qu'aujourd'hui"

20% des productions de pommes seront sévèrement touchées par le réchauffement climatique. ©Maxppp - PHOTOPQR/LE COURRIER DE L'OUEST/MAXPPP
20% des productions de pommes seront sévèrement touchées par le réchauffement climatique. ©Maxppp - PHOTOPQR/LE COURRIER DE L'OUEST/MAXPPP
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20% des productions de pommes seront sévèrement touchées par le réchauffement climatique. ©Maxppp - PHOTOPQR/LE COURRIER DE L'OUEST/MAXPPP
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En France, le changement climatique a de graves conséquences sur la production de fruits. AXA Climate et la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits dévoilent les résultats de leur étude. Antoine Denoix, PDG d’AXA Climate et Françoise Roch, présidente de la fédération sont les invités du 5/7.

Selon le rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, alors que la température a déjà grimpé de près de 1,2°C en moyenne. Mais "des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (...) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies", écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l'ONU. Des changements qui auront aussi de lourds impacts sur les productions de fruits en France.

Le manque d'eau de plus en plus important dans les prochaines années

Antoine Denoix, PDG d’AXA Climate, conseille les entreprises et les institutions publiques face aux changements climatiques. L'étude porte sur 16 cultures dans les 25 principaux départements producteurs. La principale conclusion concerne le manque d'eau. "La réalité est très locale", explique Antoine Denoix. "On voit qu'il va y avoir un stress hydrique qui va se faire ressentir avec un déficit hydrique de 38% sur l'ensemble du territoire et jusqu'à 47% dans le Tarn", détaille-t-il. L'autre problème concerne les sécheresses estivales avec l'augmentation des températures et donc aussi des coups de chaleur et des risques de grillures sur le fruit. "Vous allez avoir deux fois plus de zones de productions fruitières sévèrement impactées en 2030 qu'aujourd'hui", résume Antoine Denoix.

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Pour Françoise Roch, présidente de la fédération nationale des producteurs de fruits, la question du stockage de l'eau est majeure. "On apprend à maîtriser l'irrigation le mieux possible à travers le goutte-à-goutte ou des sondes", explique-t-elle.

La nécessité d'une adaptation rapide

Paradoxalement, les gelées ne vont pas se réduire. "L'hiver va moins se réchauffer que l'été et donc un hiver qui se réchauffe moins c'est un hiver qui va continuer à porter des risques de gels printaniers. Ainsi, 86% des productions de fruits vont rester exposées au gel printanier, cela ne va pas se réduire", détaille Antoine Denoix. "L'agriculture contemporaine s'est construite sur un climat stable, elle doit maintenant s'adapter à un climat qui bouge" selon lui.

Les cultures doivent donc s'adapter le plus vite possible. L'étude a pris en compte les différents scenarios de réchauffement climatique des scientifiques. "Nous n'avons pas d'excuse nous les acteurs économiques publics pour ne pas connaitre le climat 2030", alerte Antoine Denoix.

L'abricot et la pomme particulièrement touchés

Parmi les fruits les plus touchés, l'abricot et la pomme. "20% des productions de pommes seront sévèrement touchées par le climat, 60% pour les abricots", détaille Antoine Denoix.

Cette étude permet d'anticiper les risques selon Françoise Roch. Les cultures changent. "Dans le sud de la France, des producteurs ont essayé du kaki, de la grenade, de la pistache pour tester de nouvelles espèces et mais aussi de nouvelles espèces de pomme ou de prune", raconte-t-elle.

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