Plombée par des résultats financiers décevants, Orange Business, ex-Orange Business Services, envisage de supprimer près de 700 postes sur les 5 700 que compte la filiale BToB de l’opérateur historique. Selon des informations publiées dans la lettre A du 16 mars, confirmées par Le Monde et les Echos, un dispositif tel que celui de la rupture conventionnelle devrait être présenté ce mercredi par la direction aux organisations syndicales. Objectif ? Permettre à la division entreprise du groupe de renouer avec la croissance au plus tard en 2025. Impactée, elle a en effet affiché un chiffre d’affaires 2022 en très faible progression (+0,2 %) à base comparable à 7,93Md€ pour un résultat d’exploitation en chute de 18,8 %, peinant à dépasser les 800 M€. A l’occasion de ce bilan financier, Aliette Mousnier-Lompré, directrice générale d’Orange Business avait indiqué : « L’approche hybride d’OBS, mi-telco et mi-numérique associé à un très large portefeuille d’activités a créé des difficultés à manœuvrer l’entreprise », ajoutant que « cette situation nous amène à une refonte décisive du modèle opérationnel ». 

Les centaines de coupes évoquées chez Orange Business s’inscriraient dans le cadre du plan stratégique 2030 de réduction des coûts « Lead the future » présenté en février par la directrice générale d’Orange Christel Heydemann. Sur l’année écoulée, Orange a clôturé un exercice fiscal 2022 compliqué avec un chiffre d’affaires en quasi-stagnation par rapport à 2021 (+0,6 %) à 43,47 Md€. Contactée par la rédaction sur le plan de départs d’Orange Business, la direction de la communication de l’opérateur télécoms a répondu : « Comme annoncé le 16 février dernier, la déclinaison opérationnelle de notre stratégie concernant Orange Business fera l’objet d’une présentation aux partenaires sociaux fin mars 2023. De fait, nous réservons aux représentants du personnel et aux collaborateurs le détail des modalités qui seraient proposées ».  

Une stratégie centrée sur la réduction des coûts 

Les contours de ce plan sur la date des départs prévus, les secteurs et les postes impactés n’ont toutefois pas été dévoilés. Les activités cloud, gestion des données et cybersécurité de la division Entreprise, plus importantes en terme de valeur ajoutée, ne seraient pas concernées par ces coupes. Interrogée sur le recours à des sous-traitants étrangers pour certaines activités de sa division business, la direction d’Orange n’a pas répondu à notre requête. Pour rappel, l’opérateur a engagé sa mue sociale via un plan de départs en retraite anticipée au sein duquel 7 600 personnes sont entrées depuis début 2022. Objectif ? Générer 600 M€ d’économies.

Pour Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC d’Orange, la pression exercée par l’Arcep à l’encontre du groupe pour son abus de position dominante et ses prix élevés a des conséquences non négligeables sur les activités de l’opérateur sur le marché professionnel. « Cette situation impose des contraintes au nom de la concurrence à l’entreprise plutôt que de favoriser l’emploi», considère le représentant syndical. Pour lui cette stratégie de pilotage par la réduction des coûts n’est pas sans rappeler la politique de Didier Lombard. Après la privatisation de France Télécom, la direction avait mis en place deux plans de restructuration (de 2007 à 2010) prévoyant le départ de 22 000 employés et la mobilité de 10 000 autres, sur les 120 000 employés du groupe. Plusieurs dizaines de salariés s’étaient suicidés durant cette période.