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Agriculture

Une agriculture sans pesticides est possible, selon les experts

Parmi les leviers d’action, la diversification des cultures dans le temps et l’espace, la sélection de variétés adaptées...

À quelles conditions l’agriculture européenne pourrait-elle se libérer des pesticides chimiques d’ici 2050 ? C’est l’épineuse question à laquelle l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a tenté de répondre dans une nouvelle étude prospective, présentée le 21 mars.

Durant plus de deux ans, 144 experts ont exploré les chemins possibles pour mettre fin aux produits phytosanitaires en Europe. Trois scénarios ont été mis au point : grossièrement, le premier fait la part belle aux robots agricoles et autres « technologies numériques » ; le deuxième mise sur les microbiomes du sol et les holobiontes des plantes (c’est-à-dire les micro-organismes qui leur sont associés) ; le troisième sur des paysages « complexes et diversifiés ».

Une agriculture sans pesticides chimiques est possible, avance l’Inrae, à condition d’activer plusieurs leviers d’action. Parmi ceux cités : la diversification des cultures dans le temps et l’espace, la sélection de variétés adaptées, le développement de produits de biocontrôle et de bio-intrants, la mise au point d’outils numériques et de dispositifs d’épidémiosurveillance pour anticiper l’arrivée des agresseurs…

La modification des régimes alimentaires des Européens est également cruciale, selon l’institut de recherche. Dans ses deuxième et troisième scénarios, les Européens consomment moins de calories, notamment animales. Ce régime frugal laisse au continent une plus grande marge de manœuvre « pour équilibrer ses usages et ses ressources tout en devenant exportateur net de calories ». Autrement dit, en consommant moins de viande, l’Europe pourrait nourrir sa population et continuer d’exporter des produits agricoles, sans étendre les superficies cultivées.

Une telle transition doit mobiliser « tous les acteurs » du système alimentaire, selon l’Inrae, du producteur au consommateur en passant par les politiques publiques et réglementaires. Bonne nouvelle : en plus de permettre la transition vers une agriculture sans pesticides chimiques, les trois scénarios pourraient améliorer le bilan des émissions de gaz à effet de serre, la biodiversité et l’état général des écosystèmes.

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