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La sécheresse en Somalie aurait fait 43.000 morts en 2022

Une mère et son enfant dénutri à Dollow, en Somalie
© UNICEF/Mark Condren
Une mère et son enfant dénutri à Dollow, en Somalie

La sécheresse en Somalie aurait fait 43.000 morts en 2022

Aide humanitaire

Un nouveau rapport indique qu’environ 43.000 personnes sont mortes l’an dernier en Somalie, victimes de la plus longue sécheresse jamais enregistrée, et que la moitié d’entre elles étaient probablement des enfants de moins de 5 ans.

Il s’agit du premier bilan officiel de la sécheresse qui sévit dans une grande partie de la Corne de l’Afrique.

« Environ 43.000 décès excédentaires ont pu survenir en 2022 en Somalie en raison de l’aggravation de la sécheresse, un chiffre supérieur à celui de la première année de la crise de la sécheresse de 2017-2018 », selon ce nouveau rapport publié lundi par le ministère fédéral somalien de la Santé, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF.

« Nous restons préoccupés par le niveau et l’ampleur de l’impact sur la santé publique de cette crise alimentaire qui s’aggrave et se prolonge en Somalie », a affirmé lors de la publication des conclusions du rapport, le ministre somalien de la Santé, le Dr Ali Hadji Adam Abubakar. « En même temps, nous sommes optimistes : si nous pouvons poursuivre et intensifier nos actions en matière de santé et de nutrition et notre réponse humanitaire pour sauver des vies et protéger la santé des personnes vulnérables, nous pourrons repousser à jamais le risque de famine, faute de quoi les personnes vulnérables et marginalisées paieront de leur vie le prix de cette crise ».

Une mère et ses 10 enfants se sont installés dans un camp de réfugiés au Kenya en mars 2022 après que la sécheresse ait ravagé ses cultures et son bétail en Somalie.
© HCR/Charity Nzomo
Une mère et ses 10 enfants se sont installés dans un camp de réfugiés au Kenya en mars 2022 après que la sécheresse ait ravagé ses cultures et son bétail en Somalie.

Entre 18.000 et 34.000 Somaliens pourraient mourir en 6 mois

Selon les prévisions, entre 18.000 à 34.000 personnes devraient mourir au cours des six premiers mois de cette année. « 135 personnes pourraient également mourir chaque jour en raison de la crise », a indiqué le rapport, rappelant que « la crise actuelle est loin d’être terminée ». Ces estimations suggèrent que, bien que la famine ait été évitée pour l’instant, la crise est loin d’être terminée et est déjà plus grave que la crise de la sécheresse de 2017-2018.

Ces chiffres sont tirés d’un modèle statistique qui estime que le taux brut de mortalité a augmenté en Somalie de 0,33 à 0,38 décès pour 10.000 jours-personnes au cours de la période janvier-décembre 2022. Le taux chez les enfants de moins de 5 ans était presque le double de ces niveaux.

Pour 2023, le taux brut de mortalité devrait atteindre 0,42 décès pour 10 000 jours-personnes en juin 2023.

« Ces résultats donnent une image sombre des ravages causés par la sécheresse sur les enfants et leurs familles », a déclaré Wafaa Saeed, Représentante de l’UNICEF. « Nous sommes attristés par ces décès et nous savons qu’il aurait pu y avoir beaucoup plus de morts si l’aide humanitaire n’avait pas été augmentée pour atteindre les communautés affectées ».

La Somalie et les pays voisins, l’Éthiopie et le Kenya, sont confrontés à une sixième saison des pluies ratée consécutive. L’ONU estime que les taux de mortalité les plus élevés ont été enregistrés dans le centre-sud de la Somalie, en particulier dans les régions de Bay, Bakool et Banadir, l’épicentre actuel de la sécheresse.

L’ONU a besoin plus de 2,6 milliards de dollars

« Dès le début de cette sécheresse, l’OMS a clairement indiqué qu’il s’agissait d’une crise sanitaire autant que d’une crise alimentaire et climatique. La principale préoccupation de l’OMS a été de prévenir la surmortalité directement ou indirectement attribuée à la sécheresse, en accordant une attention particulière aux femmes et aux enfants de moins de 5 ans. C’est pourquoi l’OMS a intensifié ses interventions sanitaires intégrées vitales tout au long de l’année 2022 et continuera à le faire en 2023 afin d’éviter tout décès évitable en Somalie », a dit pour sa part le Représentant de l’OMS, le Dr Mamunur Rahman Malik.

La Somalie a subi cinq saisons consécutives de pluies insuffisantes, les plus longues de mémoire récente, qui ont laissé 5 millions de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë et près de 2 millions d’enfants à risque de malnutrition. Selon l’ONU, la crise de la sécheresse qui sévit actuellement en Somalie s’inscrit dans un contexte déjà sombre.

Près de la moitié de la population (7,9 millions) a besoin d’une aide humanitaire. Comme pour les crises complexes précédentes, elle s’est accompagnée d’importants mouvements de personnes déplacées à l’intérieur du pays et dans les pays voisins.

Pour les agences humanitaires onusiennes sont désormais dans une course contre la montre pour prévenir les décès et sauver des vies qui pourraient être évitées.

« Si nous n’agissons pas maintenant, nous verrons plus de personnes mourir de maladies que de la faim et de la malnutrition réunies. Le coût de notre inaction signifiera que des enfants, des femmes et d’autres personnes vulnérables paieront de leur vie tandis que nous assisterons, désespérés et impuissants, à la tragédie », a ajouté le Représentant de l’OMS.

Les Nations Unies ont besoin de plus de 2,6 milliards de dollars pour répondre aux besoins prioritaires de 7,6 millions de personnes en 2023.