Après six mois de manifestation, des Iraniennes sortent désormais sans leur voile : “c’est irréversible”
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Après six mois de manifestations, provoquées par la mort de Mahsa Amini, nos observatrices affirment que des transformations "irréversibles" se sont produites dans la société iranienne. Le plus notoire : le nombre de femmes qui osent sortir dans les espaces publics sans voile. Bien que la police des mœurs continue de patrouiller dans les rues et qu'il soit toujours illégal en Iran pour les femmes de sortir sans voile, ce changement est visible dans tout le pays.
Cette semaine, dans l'émission des Observateurs, nous avons recueilli le témoignage de deux Iraniennes qui ont décidé de ne plus porter le voile, "quoi qu'il arrive". Des grandes villes aux villages, de nombreuses femmes en Iran prennent la même décision, après six mois de manifestations massives qui ont bouleversé la société iranienne.
Mahi (pseudonyme) est une femme de 35 ans vivant à Téhéran :
J'ai littéralement brûlé tous mes voiles il y a quelques mois. Je ne porte plus jamais de voile. Je sors dans la rue, je vais dans les cafés, même dans les banques, et j'ai pris l'avion sans porter de voile. Jusqu'à il y a un mois ou deux, les hommes et les femmes me souriaient lorsque je me promenais en public et me disaient des mots d'encouragement comme "Bravo" ou "Je suis fière de toi". Depuis plusieurs semaines, je constate que le fait de ne pas porter de voile est devenu la norme - les gens ne considèrent même pas que c'est quelque chose de spécial.
Même les hommes qui semblent religieux détournent le regard, mais ne disent rien. Je ne comprends pas comment cela a pu changer si rapidement. On a l'impression que la société a mis en place un filet de sécurité invisible autour des femmes non voilées pour que le combat continue.
Mais la véritable bataille contre la République islamique est encore devant nous. Dans quelques semaines, lorsqu'il commencera à faire chaud à Téhéran, je ne vois aucune raison de me couvrir comme avant. Et je pense que beaucoup d'autres femmes ressentent la même chose, en particulier les jeunes générations. Aujourd'hui encore, il m'arrive de voir des adolescentes marcher dans la rue en portant des hauts de forme, et quand j'imagine comment ces braves filles s'habilleront en été, je suis déjà enthousiaste.
Faranak (pseudonyme) rentre régulièrement chez elle pour voir ses parents dans une petite ville d'Iran :
Depuis des mois, je vois de nombreuses femmes marcher dans les rues de notre ville sans voile et des adolescentes discuter et rire dans les rues sans hijab. Ne pas porter le hijab comme un signe d'audace ou, au mieux, de bizarrerie s'est transformé en un acte politique, un signe de courage pour défendre ses droits