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Les pénuries d'eau seront de plus en plus fréquentes dans le monde

Malgré les engagements pris en 2015, le risque de manquer d'eau un jour ou l'autre va aller croissant dans le monde. Le réchauffement climatique n'arrange pas la situation de l'accès à cette ressource vitale.

En Californie, la sécheresse a considérablement abaissé le niveau des nappes phréatiques et fait de l'ouest des Etats-Unis une des régions à fort stress hydrique.
En Californie, la sécheresse a considérablement abaissé le niveau des nappes phréatiques et fait de l'ouest des Etats-Unis une des régions à fort stress hydrique. (Shutterstock)

Par Richard Hiault

Publié le 22 mars 2023 à 09:21Mis à jour le 22 mars 2023 à 17:48

« Nous allons devoir gérer de plus en plus d'épisodes de pénuries d'eau. » Richard Connor, l'auteur du rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, publié mercredi par l'Unesco à l'ouverture, à New York, de la conférence des Nations Unies sur le sujet , se montre pour le moins alarmiste.

De passage à Paris, la semaine dernière pour présenter les principaux résultats de l'étude, Richard Connor espère que les trois jours de conférence permettront d'aboutir à fixer des objectifs réalistes pour améliorer l'accès de tous à l'eau. Car, dit-il, au rythme actuel, la réalisation des objectifs de développement durable au sujet de l'eau n'est pas sur la bonne voie. Dans certains domaines, le rythme de mise en oeuvre devrait être multiplié par quatre voire plus.

Au cours des quarante dernières années, l'utilisation des ressources en eau dans le monde a augmenté de près de 1 % par an. Cette tendance devrait se poursuivre à un rythme similaire jusqu'en 2050. Croissance démographique, développement socio-économique et évolution des modes de consommation expliquent cette prévision. Pour l'essentiel, le surcroît de demande viendra des pays en développement pauvres et des pays émergents.

L'agriculture est responsable de 70 % des extractions d'eau douce dans le monde.

L'agriculture est responsable de 70 % des extractions d'eau douce dans le monde.

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Le stress hydrique actuel dans de nombreuses régions du monde (nord de la Chine, Inde et Pakistan, pays du Moyen-Orient, ouest des Etats-Unis , Sahel) et l'aggravation de la pollution de l'eau douce par l'agriculture et l'industrie ne pourront qu'aboutir à des pénuries d'eau de plus en plus fréquentes et générales.

10 %

Une personne au monde sur dix vit dans une région de stress hydrique élevé ou critique

En raison du changement climatique, ces pénuries saisonnières seront multipliées dans les régions où cette ressource est actuellement abondante (Afrique centrale, Asie de l'Est et certaines régions de l'Amérique du Sud) et s'aggraveront dans les régions où l'eau est déjà rare (Moyen-Orient et Sahel notamment). Or, à ce jour, 10 % de la population mondiale vit déjà dans des pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique, souligne le rapport.

L'ouest des Etats-Unis souffre déjà d'un manque d'eau dans les nappes phréatiques

L'ouest des Etats-Unis souffre déjà d'un manque d'eau dans les nappes phréatiques

Il devient donc urgent de se préoccuper de la gestion des ressources en eau. « L'eau est un sujet orphelin. A la différence du climat, des forêts ou des océans, il n'existe pas de convention multilatérale sur l'eau », regrette Xavier Leflaive, responsable eau à la direction environnement de l'OCDE. A ce stade de la montée des périls sur l'eau, il importe que la communauté chargée des questions climatiques puisse établir des ponts avec celle de l'eau.

Nécessaire coordination

C'est ce que prône le rapport de l'Unesco. « Les programmes d'action pour le climat et pour l'eau doivent être coordonnés. Les responsables des politiques climatiques se doivent de mieux comprendre les besoins du secteur de l'eau en matière d'adaptation au changement climatique ainsi que le rôle que la gestion des ressources en eau, l'approvisionnement et l'assainissement peuvent jouer dans l'atténuation des effets de celui-ci. »

« Nous ne pourrons pas régler la question du climat sans régler la question de l'eau. Cette dernière constitue d'ailleurs une composante essentielle de l'adaptation au changement climatique », poursuit Xavier Leflaive avant d'ajouter que « les scénarios sur l'évolution du climat ne prennent pas suffisamment en compte le fait que la sécheresse des sols ne fait qu'amplifier le réchauffement en limitant la capture par les sols et les plantes des gaz émis ».

Comme le souligne le rapport, « les possibilités d'atténuer le changement climatique grâce à la gestion des ressources en eau (récupération du biogaz à partir des systèmes de traitement des eaux usées, production d'énergie géothermique) méritent une plus grande attention de la part des responsables des politiques climatiques ».

Manque de données

Sauf que les investissements manquent et que la communauté internationale se préoccupe plus d'accroître l'offre d'eau que de diminuer la demande. Puiser dans les bassins aquifères comme dans l'ouest des Etats-Unis ou en Arabie saoudite, par exemple, peut être une bonne solution à court terme. Mais l'eau de ces bassins ne peut pas être reconstituée. Faute de pluies suffisantes.

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En outre, le secteur de l'eau souffre d'un manque de transparence. Les données et les informations sont pourtant indispensables à la prise de décision dans le domaine de l'eau. Or, que ce soit au niveau local voire international, « les lacunes sont considérables » pointe Richard Connor.

A cela s'ajoutent des réticences politiques à partager ces données qui, souvent sont recueillies par différentes parties prenantes. L'accès universel à l'eau requiert donc plus que jamais un sursaut de la communauté internationale. C'est l'objet de la conférence de New York. Sans une prise de conscience, l'avenir risque de voir émerger des conflits. Ce sera d'ailleurs le thème du rapport de l'Unesco de l'an prochain.

Richard Hiault

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