Les munitions bulgares destinées à l’Ukraine pourraient avoir un impact sur la guerre

Jusqu’à l’agression de Vladimir Poutine, la Slovaquie, et notamment l’entreprise semi-publique ZVS Holding, produisait environ 25 000 munitions par an. L’année dernière, cette entreprise de Dubnica nad Váhom a doublé ce chiffre pour le porter à 50 000. Le ministère de la Défense prévoit d’augmenter davantage la production au début de l’année 2024. [Lewis Joly / POOL/EPA]

La Bulgarie vendra très probablement une grande quantité de munitions à l’Ukraine au moyen d’intermédiaires, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la guerre. C’est ce qu’a affirmé l’ancien ministre de la Défense Boyko Noev lors d’un entretien accordé à la chaîne bulgare bTV mercredi.

Le ministère de la Défense par intérim va transférer d’anciennes munitions d’une valeur totale de près de 175 millions d’euros à l’usine militaire d’État VMZ et recevra en retour de nouvelles munitions, a annoncé le ministère.

L’objectif est que les énormes quantités d’anciennes munitions provenant des entrepôts de l’armée bulgare soient envoyées en Ukraine, a ajouté l’ancien ministre de la Défense, qui connaît bien le secteur de l’armement dans le pays.

« Il s’agit du plus grand réarmement des forces terrestres bulgares de l’histoire récente. Il s’agit d’une quantité énorme de munitions, des centaines de milliers. Le prix des munitions a fortement augmenté et VMZ vendra ces munitions à l’Ukraine au moyen d’intermédiaires », a ajouté l’ancien ministre.

« Il s’agit d’une quantité de munitions qui peut faire basculer le cours de la guerre dans certaines directions sur le front ukrainien », a-t-il ajouté.

L’armée bulgare possède des stocks de munitions de type soviétique, dont l’armée ukrainienne a besoin pour alimenter son vaste stock d’armes de ce type, notamment des chars, des obusiers, des lance-grenades antichars, des lance-roquettes multiples soviétiques, des fusils AK-47 et bien d’autres encore.

Selon les enquêtes d’EURACTIV, les livraisons d’armes à l’Ukraine d’une valeur de plusieurs milliards d’euros par la Bulgarie n’ont pas cessé, malgré les affirmations officielles des autorités de Sofia.

Lundi (27 mars), le ministre de la Défense Dimitar Stoyanov a affirmé que le programme conclu avec VMZ avait été accepté uniquement dans le but de renouveler les stocks de guerre pour l’armée. Il appartient à l’Assemblée nationale de décider d’ « apporter un soutien à l’Ukraine », a-t-il ajouté.

Qu’adviendra-t-il des armes ?

Pour l’instant, M. Stoyanov a déclaré qu’il ne pouvait pas dire ce que son ministère ferait des munitions.

Le président Rumen Radev, qui, en l’absence d’un gouvernement et d’un parlement régulièrement élus, dirige le pays comme une république présidentielle, s’est publiquement opposé aux livraisons d’armes à l’Ukraine. Selon M. Noev, M. Radev devrait expliquer pourquoi la Bulgarie ne se joindra pas publiquement aux efforts communs de l’Europe et quelles en seront les conséquences pour l’industrie bulgare.

« Il n’est pas un monarque et n’a pas le pouvoir d’exprimer la souveraineté de l’État. La Bulgarie est une république parlementaire et la souveraineté revient à l’Assemblée nationale. De ce point de vue, dans sa décision, le Parlement a indiqué au Conseil des ministres de continuer impérativement à prendre toutes les mesures pour fournir un soutien militaire et militaro-technique à l’Ukraine », a déclaré M. Noev.

Il y a trois jours à peine, à Bruxelles, le président a annoncé que la Bulgarie vendrait des armes et des munitions à d’autres pays européens à condition qu’elles ne soient pas envoyées à l’Ukraine. Ces propos interviennent alors que le Parlement a décidé à la mi-décembre que l’armée bulgare enverrait une aide militaire directement à l’Ukraine.

Bien que fermement opposé à la décision du Parlement, M. Radev ne s’y est pas opposé, mais a annoncé qu’il n’y aurait plus de livraisons tant que le gouvernement intérimaire serait en place.

Si les munitions sont transférées de l’armée à l’usine militaire, puis exportées au moyen d’intermédiaires vers l’Ukraine, M. Radev pourra continuer à dire à ses partisans que Sofia n’aide pas Kiev.

Bruxelles fait pression sur Sofia

« L’UE aimerait voir la participation la plus large possible dans l’accord pour l’achat d’obus pour l’Ukraine », a déclaré lundi un porte-parole de la Commission européenne à Bruxelles, cité par Dnevnik.

« Nous espérons et le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a été clair sur le fait qu’il souhaite une participation la plus large possible parce que c’est dans l’intérêt de l’Europe, pour soutenir l’Ukraine, mais aussi pour soutenir la sécurité et la stabilité européennes », a ajouté le porte-parole de la Commission.

La Bulgarie, tout comme l’Irlande, la Lettonie et la Slovénie, n’a pas confirmé sa participation à l’achat général de munitions.

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