L’histoire est digne d’un conte de fées. En août 2021, un généreux donateur d’une soixantaine d’années, qui préfère conserver l’anonymat, a fait don au Secours catholique de sa maison de vacances située dans la bien nommée avenue du rêve, à Pornichet (Loire-Atlantique).

«Tout a commencé par un coup de fil à notre délégation à la fin de l’année 2020, se souvient Hervé Bonamy, président du Secours catholique en Loire-Atlantique. Le propriétaire héritier de cette maison nous expliquait que sa famille souhaitait mettre ce bien à disposition de ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir des vacances. »

Cette demeure construite en 1893 dans un parc arboré, appelée Ker Coët (maison des bois, en breton), avait été achetée par les arrière-grands-parents du donateur. Elle avait au fil des époques servi de maison de vacances, d’habitation et même de pension de famille à destination des vacanciers modestes dans les années 1950. «Il souhaitait que cette tradition ouverte par sa mère se perpétue et cherchait une association pouvant s’engager dans cette voie pendant vingt ans. »

Une villa pleine de cachet, « figée dans les années 1950 »

Au Secours catholique, l’équipe n’a pas hésité longtemps avant d’accepter ce don « exceptionnel, magique et imprévu », mais aussi très engageant. «Même si nous avions l’habitude d’accueillir des jeunes en vacances chez des familles d’accueil et que nous mettions à disposition quelques caravanes en bord de mer, ce n’était pas dans nos projets d’ouvrir une maison de vacances, avoue le président de la délégation. Mais parfois, le Saint-Esprit souffle au bon moment, au bon endroit. »

La signature de la donation chez le notaire restera gravée dans sa mémoire. «Nous avons rencontré le donateur et ses deux enfants âgés d’une vingtaine d’années, raconte encore Hervé Bonamy. Ces jeunes étaient parfaitement d’accord avec leur père et tous semblaient heureux de cette décision. »

Christine Le Toullec, responsable des bénévoles du Secours catholique sur la Côte d’Amour, n’hésite pas à qualifier cette donation estimée à près d’un million d’euros de « miracle ». « Je passais souvent devant cette maison située dans un quartier très prisé de Pornichet, tout près de la mer, confie-t-elle. Elle n’était ouverte que deux semaines par an. J’ai été extrêmement surprise de savoir qu’elle allait nous revenir. » Quand l’équipe a récupéré les clés, elle a découvert une villa pleine de cachet, restée «figée dans les années 1950 », à rénover de fond en comble.

Les bénévoles ont commencé par sortir trois bennes entières de gravats, mais ils ont tout de même pu récupérer de la vaisselle, quelques chaises et deux malles anciennes, qui perpétueront l’âme de cette maison. Avant de penser à son aménagement intérieur, d’importants travaux de rénovation viennent de débuter : désamiantage, réfection de la plomberie, de l’électricité, de l’isolation, reprise de la toiture, remplacement des fenêtres, chauffage…

Jusqu’à 15 personnes accueillies en même temps

Sur un budget travaux de 500 000 €, la générosité a fait là encore son œuvre. Un financement participatif a permis de réunir 20 000 € et plusieurs entreprises ont proposé des dons en nature ou financiers (Groupe Atlantic, Saint-Gobain, K-line, Sygmatel…) en plus des aides publiques (département, région, CAF…).

La maison disposera au total de six logements, pouvant accueillir au maximum 15 personnes en même temps. Le rez-de-chaussée comprendra deux petits logements, dont un accessible aux personnes à mobilité réduite, une pièce de vie collective (sans téléviseur !), une tisanerie et un bureau des bénévoles.

«On sera très présents auprès des vacanciers, explique Mélanie Guillermo, animatrice au Secours catholique. Le premier jour, certaines personnes sont très anxieuses et on sera là pour répondre à leurs questions et leur présenter la charte de la vie dans cette maison. »

Le premier étage accueillera quatre petits logements et le deuxième étage un seul appartement, pouvant servir pour un groupe ou une famille nombreuse. «Le jardin sera une vraie pièce de vie en plus, complète André Boullié, architecte et bénévole au Secours catholique, qui met ses compétences au service du projet. On va garder la végétation luxuriante mais aussi installer une terrasse, un terrain de pétanque, des jeux pour enfants et des espaces pour se reposer. »

Faire face aux réticences de certains voisins

« Cette maison a beaucoup de chaleur, à l’intérieur comme à l’extérieur », constate Fatima Zouhir, 37 ans, qui élève seule ses enfants à Nantes et vit de l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Bénévole dans plusieurs associations, elle fait partie du groupe du Secours catholique chargé d’imaginer les besoins des futurs vacanciers en situation de précarité. «Ces familles ou personnes seules arriveront sans doute sans rien, précise-t-elle. Il faudra donc prévoir le linge de lit dans les chambres et faire en sorte qu’un bénévole les véhicule pour faire des courses alimentaires. »

Cette belle histoire a aussi sa part d’ombre, comme les réticences de certains voisins. « On nous a tout de suite demandé si on allait accueillir des migrants, soupire Christine Le Toullec. On communique beaucoup pour rassurer et expliquer notre projet. Nous serons très présents auprès des vacanciers pour veiller au calme des lieux. »

Fatima Zouhir veut croire que ces inquiétudes s’envoleront une fois le projet lancé, à l’été 2024. « Les gens riches s’imaginent que les personnes pauvres font du bruit ou boivent de l’alcool, commente-t-elle. Mais une fois qu’ils verront des mères avec leurs enfants sur place, ils finiront par se calmer. » C’est l’épilogue qu’on leur souhaite.