« Info 20 Minutes »L’âge minimum pour utiliser une trottinette relevé de 12 à 14 ans

« L’âge minimum pour utiliser une trottinette électrique va être relevé de 12 à 14 ans » annonce Clément Beaune

« Info 20 Minutes »Le ministre délégué chargé des Transports annonce un plan d’action national pour les trottinettes ce mercredi
Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé des Transports dans son bureau. Paris, le 28 mars 2023
Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé des Transports dans son bureau. Paris, le 28 mars 2023 - JEANNE ACCORSINI/SIPA PRESS / SIPA
Romarik Le Dourneuf

Propos recueillis par Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, va présenter ce mercredi un plan d’action national destiné à réguler davantage l’usage de la trottinette électrique sur la voie publique, source de désaccord.
  • En exclusivité pour 20 Minutes, il dévoile les principales mesures de ce plan : L’âge d’utilisation relevé de 12 à 14 ans, des amendes augmentées de 35 à 135 euros, la création d’un observatoire des micromobilités et une charte d’engagement que devront signer les opérateurs.
  • L’annonce de ce plan intervient quelques jours seulement avant la consultation organisée par la Mairie de Paris destinée à décider du maintien ou de l’interdiction des trottinettes en libre-service dans la capitale.

Apparues il y a seulement quelques années dans le paysage urbain, les trottinettes divisent. Dangereuses pour les uns, elles sont utiles pour les autres. Au point de provoquer des votes comme c’est le cas, à Paris, où la Mairie organise une votation pour déterminer de leur maintien ou de leur interdiction pure et simple dans la capitale. C’est dans ce contexte que Clément Beaune, ministre délégué, chargé des Transports, avait annoncé le 5 mars dernier, un plan d’action national de régulation qu’il doit présenter ce mercredi aux opérateurs, élus et associations de victimes et de Sécurité routière. En exclusivité pour 20 Minutes, il dévoile les grandes mesures.

La loi d’orientation des mobilités de 2019 visait à réglementer les nouvelles formes de transports. Pourquoi présenter de nouvelles mesures spécifiques aux trottinettes ce mercredi ?

Il s’agit d’un mode de transport choisi par près de 2,5 millions de Français aujourd’hui. Face à un tel engouement, et à la demande des associations de prévention routière, des familles de victimes mais aussi des élus locaux et de parlementaires, nous avons travaillé pour donner de nouveaux outils aux collectivités territoriales dans la gestion des mobilités. Les trottinettes en libre-service sont disponibles dans plus de 200 villes en France et utilisées quotidiennement par 100.000 personnes, un chiffre en constante progression, nous nous devions de renforcer la régulation de ces engins.

Comment comptez-vous procéder ?

Nous articulons ce plan autour de trois grands axes : Réglementation, sensibilisation des utilisateurs et engagements des opérateurs. D’abord un cadre réglementaire renforcé avec de nouvelles mesures. Par exemple, l’âge minimum pour utiliser une trottinette électrique sur la voie publique va être relevé de 12 ans minimum à 14 ans pour protéger les plus jeunes. Les sanctions vont aussi être relevées pour éviter les comportements dangereux. Les amendes qui sanctionnent la circulation à deux sur un engin et sur les voies interdites passeront de 35 euros à 135 euros. On sait que dans un accident sur cinq, les utilisateurs étaient deux sur l’engin, c’est important de faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un jouet.

C’est sur ce point que vous voulez sensibiliser les utilisateurs ?

Oui, pour cela nous allons développer des campagnes de prévention sur les risques notamment. La sensibilisation passe aussi par des formations et une bonne communication sur les dangers. Mais pas seulement. C’est pourquoi, nous allons créer un observatoire national de ces « micro-mobilités ». Un organisme, réunissant des membres de tous bords, politiques, associatifs et professionnels, pour permettre de produire des connaissances objectives sur l’usage des trottinettes électriques en France. Il y a un manque de transparence et d’objectivité sur ces sujets de manière générale. Cet observatoire nous permettra d’avoir des chiffres sur l’accidentologie, d’en connaître les causes. Mais aussi sur les bénéfices environnementaux. Cela va nous aider pour faire évoluer notre cadre de régulation et à avoir une meilleure vision.

Quel rôle peuvent avoir les opérateurs dans ce plan ?

Le cadre réglementaire et l’évolution des usages ne peuvent se faire sans eux. Par définition, ils ont un contrôle qu’on ne peut imposer aux trottinettes privées. Ils peuvent imposer le bridage de la vitesse, l’immatriculation des engins, vérifier systématiquement l’âge des utilisateurs, signaler les infractions. Ils doivent nous aider à faire des trottinettes, un moyen de mobilité plus régulé. C’est pourquoi, ils signent ce mercredi une charte qui les engagera dans l’amélioration de la sécurité de tous les usagers mais aussi la garantie d’un service respectueux de l’environnement avec un travail sur la durée de vie des batteries d’un minimum de cinq ans, comme l’a imposé la ville de Lyon par exemple, et un recyclage obligatoire en France.

Les trottinettes sont souvent accusées d’encombrer l’espace public, l'avez-vous pris en compte ?

Oui, tant sur le plan de la réglementation que des engagements des opérateurs. C’est à la fois un problème de sécurité, d’esthétique et de gestion de l’espace public. Nous imposerons donc une double béquille et le respect des délimitations de stationnement.

Cela impose aussi un contrôle plus important de la part des autorités, et notamment de la police. Une demande souvent répétée par les opérateurs…

Il ne vous aura pas échappé que les forces de police sont déjà très sollicitées, de manière générale et particulièrement en ce moment. C’est pourquoi les opérateurs doivent jouer le jeu et appliquer des mesures, comme la vérification de l’âge des utilisateurs, par exemple, qui permettent de limiter les usages frauduleux en amont. Ils peuvent aussi sanctionner par l’exclusion certains comportements délictueux. Mais oui, il revient aussi à la police, principalement municipale puisqu’il s’agit de la responsabilité territoriale, d’appliquer le contrôle et les sanctions.

Le port du casque obligatoire ne fait pas partie des mesures. Cela paraît surprenant au regard de l’impératif de sécurité que vous mettez en avant, non ?

La réflexion reste ouverte : pour le moment, nous avons fait le choix de ne pas l’imposer mais il est fortement recommandé et nos campagnes de communication vont le répéter. Mais ce qui s’applique aux trottinettes s’applique également aux vélos. On changerait alors de niveau de réglementation. Et comme toute obligation, il faudrait être capable de la faire accepter, de la faire respecter et de la faire sanctionner, or on voit à quel point c’est difficile pour des millions d'usagers.

Et il ne faut pas non plus, je l’assume, qu’on bride les modes de transport plus écologiques en ville. Nous avons 20 % des usagers de trottinettes qui renoncent à un mode de transport polluant, c’est une évolution qu’il ne faut pas cadenasser.

Le timing de la présentation de ce plan d’action national sur la trottinette interroge. Est-ce en lien avec la votation sur le maintien ou l’interdiction des trottinettes organisée à Paris ce dimanche ?

J’ai lancé ce travail il y a plusieurs mois, à l’automne dernier, bien avant l’annonce de cette votation. Les choses se sont accélérées ces dernières semaines, aussi à la demande des familles et des parlementaires. Je respecte les collectivités qui ont le droit de choisir l’interdiction ou l’usage et de définir un certain nombre de règles.

Mais cette annonce vient quand même interférer dans le débat parisien…

Je regrette beaucoup qu’on caricature le débat. D’ailleurs, il n’y en a pas vraiment à Paris. Cette votation, une première en neuf ans, laisse peu de mystère sur son issue puisque la ville a déjà dit qu’elle souhaitait l’interdiction. Je trouve dommage qu’on évacue l’option choisie par beaucoup de villes qui est : « pour, mais avec plus de règles ». Ce n’est pas proposé dans ce référendum binaire ! Je suis juste un peu surpris qu’une ville qui a mis elle-même 15.000 trottinettes en libre-service acte un échec et dise « on n’a plus d’autre voie que l’interdiction ». Surtout que ça ne règle en rien le sujet des trottinettes privées, de plus en plus nombreuses.

On vous prête des ambitions pour la Mairie de Paris en 2026. Ce sujet ne doit pas vous laisser insensible ?

Ce n’est pas le moment ni le sujet, mais un ministre des transports qui ne s’intéresserait pas au sujet serait un mauvais ministre. Je travaille pour toutes les villes.



J’assume aussi un engagement parisien. Je me suis présenté aux élections il y a moins d’un an dans ma ville et j'ai été élu. Donc je me rends dans ma circonscription chaque semaine et je suis tous les sujets. Les trottinettes mais aussi beaucoup d’autres. Je travaille pour toutes les villes de France, mais je m’exprimerai et je m'engagerai toujours pour Paris.


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