Face aux sécheresses à répétition, les Landes choisissent la réutilisation des eaux usées

« On conserve la géothermie pour les urbains, on sécurise les agriculteurs et on protège l’environnement ».

Publié le |Mis à jour le |Pour information, cet article a été écrit il y a 1 an.

Dans les Landes, à Mont-de-Marsan, les eaux usées de la géothermie ne sont plus déversées dans les rivières. Elles sont désormais stockées et réutilisées par les agriculteurs. L’objectif : réguler l’utilisation de cette ressource, à l’heure où les sécheresses à répétition la menacent.

Photo : Shutterstock

« L’eau est la substance vitale de l’humanité », rappelait Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion de la Conférence sur l’eau organisée à New York la semaine passée. Urgence est donc de la protéger, alors que les sécheresses à répétition viennent menacer cette ressource indispensable : à leur échelle, des agriculteurs et agricultrices des Landes ont adopté une solution.

L’histoire commence en 2007 : l’agglomération de Mont-de-Marsan (Landes) récupère la gestion d’un réseau géothermique afin de chauffer une partie des bâtiments publics et la base militaire locale. Ces eaux sont pures mais comme elles atteignent 40 degrés, elles sont rejetées à la rivière une fois utilisées. Jugée dangereuse pour la vie aquatique, la pratique est rendue interdite : il faut trouver une alternative.

« Une épée de Damoclès de moins » pour les agriculteurs et agricultrices

Réinjecter l’eau dans le sous-sol ? S’en servir pour l’arrosage des golfs ? Ces projets, respectivement jugés trop coûteux ou « poudre aux yeux », ne sont pas retenus par l’agglomération. En 2017, celle-ci choisit de la réutiliser pour irriguer les cultures. « On conserve la géothermie pour les urbains, on sécurise les agriculteurs et on protège l’environnement », explique Julien Rabe, chargé de la gestion de l’eau à la Chambre d’agriculture, à l’AFP. D’une pierre trois coups, donc : stockée dans un immense réservoir de 300 000 mètres cubes, l’eau est ensuite restituée aux agriculteurs qui, en échange, ne prélèvent plus rien alentour et entretiennent le réseau de canalisation.

« C’est une grosse épée de Damoclès de moins sur la tête », témoigne Jacques Labarchède, exploitant relié à cette alternative. La sécheresse de 2022 avait anéanti 60% des productions chez ses voisins et après celle, hivernale, de 2023, les restrictions d’irrigation menaçaient de se répéter. Des empêchements qui risquaient d’ailleurs de devenir une routine avec le changement climatique. L’eau réutilisée permet à l’agriculteur de semer tournesol, maïs et soja et de consolider un avenir durable pour sa ferme.

Une pratique viable ?

En France, moins d’1% des eaux usées sont directement réutilisées, contre « 15 à 20% » en Italie et en Espagne, selon Eric Lafuente, directeur de la chambre d’agriculture des Landes. Pourtant, ce projet inspire : la Chambre d’agriculture et les pouvoirs publics locaux envisagent la réutilisation des eaux d’une installation de Mont-de-Marsan, qui iraient vers une centaine d’agriculteurs, afin qu’ils ne pompent plus dans une rivière à l’est de la ville. Néanmoins, selon Sébastien Loubier, économiste de l’eau à l’Inrae, la réutilisation ne doit être envisagée « qu’au cas par cas » : bâtir un réseau de distribution de zéro serait trop cher. Ce à quoi Patrice Marboutin, qui mène le projet de réutilisation des eaux d’une station d’épuration montoise, répond que « si demain on n’a plus d’eau, on ira chercher des ressources bien plus profondes et ça coûtera aussi des millions ». Le Modef, syndicat agricole, demande quant à lui des « garanties » sur la qualité de l’eau retraitée pour pouvoir l’utiliser au sein de l’agriculture bio.

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