On parle beaucoup de la pollution de l’air, de l’eau ou des sols. Mais, tout comme la pollution lumineuseon évoque un peu moins le problème du bruit. Pourtant, celui-ci a des conséquences dramatiques à la fois sur la santé, la biodiversité, mais aussi sur l’économie.

L’activité humaine, en particulier dans un pays comme la France, provoque des nuisances sonores continuelles. Ces dernières années, plusieurs rapports ont alerté sur ce fléau. L’agence européenne pour l’environnement pointait du doigt les répercussions du phénomène à l’échelle continentale. En 2021, l’ADEME s’intéressait elle au coût financier du bruit dans l’hexagone.

Les transports en ligne de mire

Périphérique parisien. Source : Flickr

D’après ces mêmes recherches, il est clair que les principales sources de bruit en Europe proviennent de nos déplacements. C’est d’abord la route qui provoque le plus de dégâts. Il faut dire que selon le service des données et études statiques du gouvernement, on trouverait rien qu’en circulation en France pas moins de 38 millions de voitures, 600 poids lourds et 2,7 millions de deux-roues motorisés.

Dans le même temps, à peine 250 000 véhicules électriques (beaucoup plus silencieuses, même si loin d’être écologiques) roulent dans le pays. Par ailleurs, selon l’INSEE en 2017, seuls 3 % des Français utilisaient un vélo pour se rendre au travail. Pourtant, toujours d’après cette étude, 35 % de nos concitoyens prennent leur poste à moins de cinq kilomètres de leur domicile.

Citadin et pauvre, le combo gagnant

Évidemment, plus la concentration humaine est importante, plus on est exposé au bruit ; ce sont donc logiquement les citadins qui sont les plus touchés. Pas tous, néanmoins, puisque c’est aussi le niveau de ressources qui modifiera le degré de risques.

Ainsi, les personnes les plus riches pourront accéder aux logements mieux situés, moins près des routes ou dans des quartiers calmes. Les moins aisés, en revanche, devront se contenter d’habitation moins bien isolée, plus proches de la circulation ou des lieux animés (bars, boîtes de nuit, restaurants, etc.) Enfin, dans les grandes villes, les foyers individuels sont réservés aux plus fortunés, tandis que les plus pauvres doivent s’entasser dans des immeubles vétustes.

Une santé dévastée

Et pour les moins bien servis, les conséquences sont loin d’être anodines. D’après le rapport de l’agence européenne, un habitant sur cinq de notre continent serait exposé à niveau de bruit préjudiciable pour la santé, soit 100 millions de personnes et 20 % de la population.

En Europe, on impute pas moins de 12 000 morts par an à ce fléau. Entre le stress, les gênes auditives chroniques telles que des acouphènes, ou des maladies cardiaques, cette nuisance peut s’avérer extrêmement dangereuse. À ces répercussions néfastes, on peut aussi en ajouter d’autres, plus surprenants (qui découlent souvent du manque de sommeil) comme l’obésité, le diabète, des troubles de la condition mentale, ou les accidents professionnels.

147 milliards pour la société !

Ce bilan humain a, de plus, un coût important pour la collectivité. L’ADEME évalue à près de 147 milliards d’euros par an les conséquences de ce phénomène. En premier, c’est d’abord les effets sanitaires qui font monter la facture pour les citoyens, mais également pour la communauté nationale.

De la même façon, on peut penser au déficit de productivité induite par les problèmes rencontrés par les travailleurs. Un salarié qui dort moins bien sera par exemple bien moins efficace à son poste.

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Enfin, le bruit entraîne aussi une forte dépréciation immobilière pour les biens les plus mal situés. Si une nouvelle route ou un aéroport se construit près d’une habitation, celle-ci perdra instantanément de sa valeur marchande.

Un enjeu environnemental

Pour couronner le tout, le bruit a aussi des conséquences néfastes sur la planète et en particulier sur la faune sauvage. De nombreuses espèces utilisent en effet les sons pour communiquer. Ainsi les perturbations engendrées par l’activité humaine sont un frein considérable pour la vie normale d’une bonne partie de la biodiversité. On peut par exemple prendre le cas des chauves-souris, mais également des cétacés qui sont fortement troublés par nos occupations en pleine mer.

Les oiseaux et les insectes sont aussi incommodés par le bruit que nous produisons. On peut citer l’exemple emblématique des feux d’artifice qui entraîne la mort de nombreux animaux effrayés tous les 14 juillet.

Au bout du compte, atténuer les nuisances sonores soulagerait à la fois les êtres humains et la biodiversité. On avait d’ailleurs pu le constater durant le confinement ou l’activité s’était considérablement réduite. Une planète plus silencieuse serait, en outre, un indicateur positif puisqu’il signifierait que nous avons arrêté de courir après la croissance perpétuelle. Et le monde en aurait bien besoin.

– Simon Verdière


Photo de couverture : Circulation rue Jeanne-d’Arc à Rouen. Source : Flickr

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