L’immigration, une mine pour le charbon : épisode • 3/4 du podcast Au fond de la mine

Mineurs dans une galerie souterraine d'une mine de charbon en Lorraine, France. ©Getty - Jean-Luc MANAUD/Gamma-Rapho
Mineurs dans une galerie souterraine d'une mine de charbon en Lorraine, France. ©Getty - Jean-Luc MANAUD/Gamma-Rapho
Mineurs dans une galerie souterraine d'une mine de charbon en Lorraine, France. ©Getty - Jean-Luc MANAUD/Gamma-Rapho
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Entre 1950 et 1970, c’est près de 78 000 Marocains qui seront recrutés avec des contrats de courtes durées pour venir extraire les dernières tonnes de charbon en France.

L’histoire charbonnière doit beaucoup aux immigrés, comme l’explique l’historienne Marion Fontaine : “Les compagnies minières souffraient d'un déficit constant de main d'œuvre, car si les houillères attiraient beaucoup, la dureté du travail minier rendait extrêmement difficile le maintien d’une main d'œuvre ou même l'attrait d’une main d'œuvre autochtone. C'est ce qui explique qu'on ait été obligé très vite de faire appel à une main d'œuvre qui aura le moins d'exigences possibles, c'est à dire la main d'œuvre migrante”.

Ainsi, confrontée à des difficultés de recrutement, la France fait appel à la main-d’œuvre étrangère pour redresser le pays et relancer l’économie. C’est le 3 septembre 1919, que l’État Français signe une convention d’immigration avec la Pologne pour participer à la reconstruction de la France grâce à la production de charbon. Très vite, d’autres nationalités leur emboîteront le pas.

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Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Après une longue phase de consolidation vient la phase de régression où la fin du charbon est proche. Les jeunes français ne sont plus, depuis longtemps, candidats pour travailler dans les mines et sont remplacés par la main d’œuvre Maghrébine. Appelés dans le Nord-Pas-de-Calais des jeunes ruraux venus de Ouarzazate, Taroudant, ou du désert de Sous, le plus souvent illettrés, sont venus pour fermer les mines sans le savoir. L’historien Anton Perdoncin explique pourquoi on est allé chercher cette main d’œuvre : “En allant dans les campagnes marocaines, on allait chercher des jeunes hommes qui n’étaient pas habitués au travail industriel, qui n’étaient pas non plus en contact avec des organisations politiques ou des organisations syndicales et qui donc allaient faire l'affaire pour aller travailler douze/dix-huit mois puis repartir, et éventuellement revenir. C’est finalement quelque chose d'assez classique, dans l'histoire des migrations”.

Un documentaire de Johanna Bedeau réalisé par Marie-Laure Ciboulet.

Avec :

  • Marion Fontaine historienne, Professeure des universités - Centre d'histoire de Sciences Po Directrice des études doctorales en histoire,
  • Xavier Vigna professeur d’histoire contemporaine à Paris-Nanterre,
  • Anton Perdoncin sociologue et historien chercheur au CNRS,
  • Samira El Ayachi auteure et romancière, auteure du livre, Le Ventre des hommes, éditions de L'Aube, 2021/
  • Monsieur Simmou Ahmed, ancien mineur,
  • Abdul, ancien mineur,
  • Mohamed M'hand, ancien mineur,
  • Abdellah Samate, ancien mineur,

Lecture des textes Olivia Brunaux et Mouss Zouheyri, et Olivier Martinaud,

Lecture des textes Olivia Brunaux

Le poème "Soleil, tu n'éclaires plus mon cœur" est tiré de textes collectés par Aksil Azergui auprès de femmes Aït Atta au sud du Maroc et également traduits en Français aux éditions CDL, Lille 2019.

Merci à Virginie Malolepszy directrice des archives du centre historique minier de Lewarde pour sa précieuse collaboration, merci à Karine Sprimont et toute l’équipe du centre minier de Lewarde. Merci à l’INA et à Ingrid Anne Lecointe. Pour les archives, à la Documentation de Radio France, à Annelise Signoret de la bibliothèque centrale de Radio France

Prise de son Frederick Cayrou et Raymond  Albouy .

Enregistrement Sébastien Royer, Mixage Antoine Viossat

Stagiaire Clara Kavyrchine

Liens :

Partenariat

LSD, La série documentaire est en partenariat avec  Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 10/04/23 le film de  Jonathan Rescigno  Grève ou crève

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