![La Finlande deviendra mardi membre de l’Otan (Image d’illustration : au siège de l’organisation à Bruxelles le 3 avril). La Finlande deviendra mardi membre de l’Otan (Image d’illustration : au siège de l’organisation à Bruxelles le 3 avril).](https://focus.huffingtonpost.fr/2023/04/03/570/0/5472/3078/320/180/75/0/019b561_1680520260768-000-33ck4r8.jpg)
INTERNATIONAL - L’OTAN comptera 31 pays à partir de ce mardi. La Finlande deviendra officiellement membre de l’organisation le 4 avril, a annoncé lundi son secrétaire général Jens Stoltenberg.
« Demain (mardi), nous accueillerons la Finlande comme 31e membre », a déclaré Jens Stoltenberg, précisant que le drapeau finlandais serait hissé mardi en milieu d’après-midi au siège de l’Alliance à Bruxelles. « C’est vraiment une journée historique », a-t-il ajouté, soulignant qu’il s’agissait du processus d’adhésion « le plus rapide » de l’histoire récente de l’Alliance.
Interrogé sur le sort de la Suède, pour laquelle la Turquie n’a pas encore donné son feu vert, le chef de l’Otan s’est montré optimiste : « Je suis absolument confiant dans le fait que la Suède deviendra également membre. C’est, pour l’Otan, pour moi, une priorité de s’assurer que cela arrivera aussi rapidement que possible. »
Cette annonce intervient au lendemain d’élections perdues par la Première ministre Sanna Marin et qui va donc perdre son poste. Le chef du parti de centre-droit de la Coalition nationale Petteri Orpo va la remplacer, alors que les nationalistes ont fait un score record lors de ces élections législatives.
Protéger les États baltes
La Suède, comme la Finlande, est déjà très intégrée au sein de l’Otan avec le statut de pays invité. Avec l’invasion russe de l’Ukraine, les deux pays ont décidé de tourner la page de leur politique de non-alignement militaire en vigueur depuis les années 1990, elle-même héritée de décennies de neutralité contrainte ou choisie, en demandant à adhérer à l’Otan en mai 2022.
L’adhésion de la Finlande à l’Otan ajoute une armée puissante aux forces de l’Alliance et une des pièces manquantes au puzzle de la défense de son flanc oriental, vulnérable en cas d’attaque russe, selon plusieurs analystes et responsables militaires. Le puzzle sera complet lorsque la Suède, qui a demandé à adhérer en même temps que la Finlande, rejoindra à son tour l’Alliance.
L’Alliance cherche depuis des années à protéger ses trois alliés baltes - Estonie, Lettonie et Lituanie - contre une éventuelle attaque de la Russie. L’inquiétude s’est concentrée sur le corridor de Suwalki, une bande de 65 kilomètres entre l’enclave russe de Kaliningrad et le Bélarus.
![La Finlande a 1 300 kilomètres de frontière commune avec la Russie. La Finlande a 1 300 kilomètres de frontière commune avec la Russie.](https://focus.huffingtonpost.fr/2023/04/03/0/0/1045/858/320/262/75/0/99b4134_1680523081473-screenshot-2023-04-03-13-57-51.png)
Une attaque sur ce corridor couperait les pays baltes de la Pologne et du reste de leurs alliés de l’Otan. Avec Helsinki à moins de 70 kilomètres de la capitale estonienne Tallinn, de l’autre côté de la Baltique, une nouvelle route est ouverte pour acheminer rapidement des renforts.
1 300 km de frontière avec la Russie
« L’adhésion de la Finlande renforcera la défense avancée de l’Otan et contribuera à la dissuasion », a déclaré à l’AFP le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur. « Mais l’inquiétude sur Suwalki demeure, car le Bélarus est devenu de facto le district militaire de la Russie », a-t-il insisté en plaidant pour un renforcement des plans de défense pour les pays baltes.
Plus au nord, la Finlande aidera l’Alliance à défendre une mince bande de territoire norvégien frontalière avec la Russie dans la presqu’île de Kola, souligne pour sa part l’analyste Jan Kallberg, du European Policy Analysis. Et alors que les luttes pour le contrôle de la région arctique entre la Russie, la Chine et l’Occident augmentent, renforcer la position de l’Otan dans cette région sera un atout.
Mais l’ajout de 1 300 kilomètres supplémentaires de frontière terrestre avec la Russie implique inévitablement des vulnérabilités et assurer sa défense est un défi posé aux stratèges de l’Otan.
Le Kremlin s’est engagé à renforcer ses forces près de la frontière dans les années à venir. Mais il faudra des années à Moscou pour reconstituer les capacités détruites en Ukraine, estiment les analystes. Selon eux, pour éviter de provoquer Moscou, la Finlande devrait suivre l’exemple de la Norvège voisine et ne pas laisser stationner des forces de l’Otan en permanence sur son territoire.
L’armée finlandaise est bien préparée au combat et a l’expérience des conditions climatiques extrêmes. Et alors que d’autres armées d’Europe occidentale ont réduit leurs effectifs après la guerre froide, la Finlande s’en est tenue à un modèle de conscription conçu après l’invasion menée par l’Union soviétique en 1939.
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