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Cris, châtiments corporels, punitions : les méfaits d’une éducation « à la dure » sur la santé mentale des enfants

Publié le par Hélène Bour

Une éducation stricte et sévère, à base de cris et de violences physiques ou psychiques augmenterait le risque de problèmes de santé mentale pour l’enfant, du moins selon une nouvelle étude scientifique menée auprès de plus de 7 500 enfants.

Dans une étude menée auprès de 7 507 enfants âgés de 3, 5 et 7 ans, et publiée ce 31 mars dans la revue Psychiatric Sciences (Source 1), des chercheurs mettent en évidence les effets délétères d’une éducation sévère, stricte voire violente sur la santé mentale des enfants.

Plus précisément, une équipe de deux chercheurs irlandais et britannique rapporte avoir observé que les enfants exposés à une forte discipline, à une éducation sévère, à l’âge de 3 ans étaient 1,5 fois plus susceptibles que les autres de souffrir de symptômes de troubles mentaux classés « à haut risque » à l’âge de 9 ans.

Par « forte discipline » et éducation sévère, les chercheurs entendent ici la présence de violences physiques ou psychologiques, impliquant de crier sur l’enfant, de pratiquer des châtiments corporels de manière routinière, d’isoler l’enfant lorsqu’il n’obéit pas, de nuire à son estime de soi, ou de le punir de manière imprévisible selon l’humeur parentale.

Les chercheurs ont ici utilisé un outil d’évaluation standard de la santé mentale des enfants, appelé questionnaire sur les forces et les difficultés (SDQ en anglais). Chaque enfant a alors reçu un score sur 10 pour notifier ses symptômes d’extériorisation (impulsivité, agressivité) et d’intériorisation (anxiété, retrait social) de problèmes mentaux, à l’âge de trois, cinq et neuf ans. Environ 10 % des enfants de l’étude appartenaient à un niveau à haut risque de mauvaise santé mentale, et les enfants ayant vécu des pratiques parentales hostiles étaient beaucoup plus susceptibles que les autres d’appartenir à ce groupe.

Eviter un climat émotionnel hostile à la maison

« Le fait qu’un enfant sur 10 appartienne à la catégorie à haut risque de problèmes de santé mentale est préoccupant, et nous devons être conscients du rôle que les parents peuvent jouer à cet égard », a déclaré Ioannis Katsantonis, coauteur de l’étude, dans un communiqué (Source2). « Nous ne suggérons pas un instant que les parents ne devraient pas fixer de limites fermes au comportement de leurs enfants, mais il est difficile de justifier une discipline sévère et fréquente, compte tenu des implications pour la santé mentale », a-t-il tenu à ajouter.

Au vu de ces résultats, et bien qu’il existe de multiples facteurs de risque de mauvaise santé mentale (sexe, santé physique, statut socioéconomique…), les deux scientifiques estiment qu’il est crucial de tout faire pour « s’assurer que les parents sont soutenus pour donner à leurs enfants une éducation chaleureuse et positive, en particulier si des circonstances plus larges exposent ces enfants à un risque de mauvais résultats en matière de santé mentale ». « Éviter un climat émotionnel hostile à la maison n’empêchera pas nécessairement l’apparition de problèmes de santé mentale, mais cela aidera probablement » à réduire le risque, a ajouté Jennifer E. Symonds, coauteure de l’étude.

Les deux chercheurs suggèrent par exemple à ce que soient données, à chaque nouveau parent, des ressources (documents, flyers ou autre) sur la meilleure façon de gérer les comportements de l’enfant dans différentes situations. Et ce afin de prévenir la violence verbale ou physique de parents bien souvent démunis, exténués ou impuissants.