Personne derrière une persienne avec des jumelles

Télétravail : 96 % des entreprises surveillent leurs employés

© D-Keine

Enregistreurs de frappes, suivis d’activité, captures d’écran aléatoires, webcams… Les dispositifs de surveillance en entreprises se multiplient. Si vite que les Canadiens leur ont déjà trouvé un nom : les « bossware ».

Une enquête menée par la plateforme américaine de ressources professionnelles ResumeBuilder.com auprès de 1 000 entreprises (ayant 50 % de leurs effectifs travaillant à distance) révèle que le suivi des employés en télétravail est devenu une norme. En effet, 96 % des entreprises interrogées ont indiqué utiliser au moins un logiciel de surveillance. Si ces pratiques sont en majorité effectuées en toute transparence, 5 % déclarent toutefois ne pas en avoir informé leurs employés. Et en France ? Selon une étude réalisée par Vanson Bourne pour VMware*, 63 % des entreprises françaises de plus de 500 salariés ont mis en place des outils de surveillance.

Souriez, vous êtes filmés

Lorsque les cols blancs ont été renvoyés chez eux au début de la pandémie, de nombreux employeurs méfiants ont investi dans des logiciels de surveillance. Trois ans plus tard, l'enquête révèle que la surveillance est encore de mise. Dans son format le plus intrusif, la surveillance prend la forme de vidéo. Ainsi, plus d'un employeur sur trois (37 %) a déclaré exiger que ses employés apparaissent sur un flux vidéo en direct lorsqu'ils ne sont pas au bureau. Et indiquent passer en moyenne entre deux et quatre heures par jour à surveiller ces flux. (Un peu plus de 5 % garde un œil sur ces flux vidéo toute la journée.) Selon Stacie Haller, experte en ressources humaines, ce type de suivi signale une certaine forme de faiblesse chez les managers : « Une grande partie de la génération "plus âgée" ne comprend vraiment pas comment gérer la main-d'œuvre à distance et cela est à l'origine de toute cette surveillance. »

Faites attention à ce que vous tapez

Toutefois, les formes les plus courantes d'espionnage des salariés ne reposent pas sur des caméras. En effet, 62 % des employeurs suivent l'activité de navigation Web, l'utilisation des applications de travail ou limitent l'accès à certains sites ou applications comme les plateformes de streaming vidéo (49 %). Mais ce n'est pas tout : les entreprises suivent également l'attention des travailleurs à l'aide de la biométrie, en faisant des captures d'écran aléatoires et en enregistrant leurs frappes au clavier.

3 entreprises sur 4 ont licencié à cause des logiciels de surveillance

La surveillance, est-ce que cela marche ? 87 % des chefs d'entreprises interrogés estiment qu'elle a permis d'augmenter la productivité des travailleurs. Au-delà, cette surveillance généralisée révèle que les employés consacrent en moyenne deux à trois heures par jour à des activités « non professionnelles ». Une durée que Haller relativise en soulignant que cette moyenne n'est pas propre aux télétravailleurs et est identique en interne. Le plus souvent, ces activités non professionnelles comprennent la navigation en ligne et l'utilisation des médias sociaux. Toutefois, en cas d'oisiveté, les sanctions ne se font pas attendre : 73 % des entreprises ont affirmé avoir licencié des travailleurs en raison des données recueillies par le logiciel de surveillance. Au Canada, le cas Karlee Besse a fait grand bruit. La Canadienne a été condamnée par un tribunal civil à indemniser son ancien employeur pour « vol de temps » après avoir été prise en « flagrant délit de fausse déclaration des heures passées à travailler » par un logiciel de surveillance.

L'enquête révèle également que de telles pratiques peuvent aussi se retourner contre l'entreprise, tous les travailleurs n'acceptant pas d'être soumis à un examen aussi minutieux. Ainsi, 69 % des entreprises déclarent que des employés ont démissionné refusant d'être surveillés.

Surveillance en télétravail mais aussi au bureau

Selon l'enquête, la surveillance ne se cantonne pas aux télétravailleurs. En effet, 85 % des entreprises interrogées ont déclaré avoir recours à ces outils pour espionner le personnel au bureau. Une donnée confirmée par une étude Express VPN : trois employeurs sur quatre y auraient recours pour analyser le contenu des mails, des appels et de la messagerie interne de l’entreprise pour établir le degré de productivité des individus.

Et l'éthique dans tout ça ?

De telles pratiques interrogent et soulèvent un certain nombre de questions, d'ordre éthique notamment. Aux États-Unis, Jennifer Abruzzo, conseillère générale du Comité national des relations de travail, a vivement critiqué l’usage abusif de ces logiciels par les sociétés américaines : « La gestion et la surveillance constante et minutieuse à l’aide d’outils informatisés menacent la base même du droit des travailleurs ». Évoquant les logiciels de biométrie notamment, Abruzzo a rappelé qu'il est « illégal » selon le Code du travail américain de surveiller les employés de cette façon, et que ces pratiques constituent une « violation de leurs droits ».


*Méthodologie : enquête réalisée par le cabinet de recherche indépendant Vanson Bourne pour le compte de VMware entre juillet et août 2021 auprès de 7600 dirigeants, responsables de services RH et informatiques et employés d’entreprises d’au moins 500 employés.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.
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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Cet article dérape complètement !!

    Tout cela relève il d'un fantasme journalistique ? Apportez nous donc les preuves de cela.. je n'imagine même pas cela pour 1% des entreprises qui n'auraient vraiment rien compris au management des Hommes, aux clefs de la motivation et au progrès

  2. Avatar Anonyme dit :

    article très détaillé a diffusé auprès de tous les salariés travaillant avec l outils informatique

  3. Avatar Donald duck dit :

    Tout ceci a cause des gens qui se vante gur tik tok d'utiliser un app qui fais qu'il parrait qu'il travaille mais ils sont pas sur l'ordinateur. Les gens veulent se vanter de pas travailler quel farce et il se plaingne quf les patron utilise des systèmes de surveillance, je dis s'ils veulent travailler de leur maison qu'ils travaillent sinon retourner au bureau

  4. Avatar Anonyme dit :

    👏🏼👏🏼👏🏼

  5. Avatar Anonyme dit :

    arkema fait déjà comme ça !

  6. Avatar Gilles dit :

    Je suis salarié d'une entreprise de moins de dix personnes dans le bâtiment.
    Mon employeur a fait installer des caméras en extérieur et en intérieur (sauf vestiaire et salle de repos) mais la caméra de l'atelier, qui sert aussi de garage le soir pour les véhicules, cette caméra pose un problème. Elle est mal perçu pour les salariés elle écoute et enregistre ....

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