Déclic

L’armée australienne teste des chiens robots contrôlés par la pensée humaine

Temps de lecture
Par Wahoub Fayoumi

L’armée australienne a diffusé des images surprenantes de chiens robots qui obéissent au doigt et à l’œil, sans télécommande et à distance, à des humains. Des machines qui se répandent en réalité depuis quelques années, mais dont les progrès fulgurants, notamment sur le plan du maintien de l'ordre, inquiètent les associations de défense des droits humains.

La science-fiction d’hier devient la réalité d’aujourd’hui. Des robots à quatre pattes réagissent… à la pensée humaine.

Cette technologie quelque peu inquiétante a été dévoilée par l’armée australienne dans une vidéo. On y distingue un chien robot qui accompagne une patrouille de soldats lors d’un exercice. Ce chien est en fait rattaché à un opérateur parmi ces soldats, qui porte une sorte de casque sur la tête. Ce casque est la matérialisation d’une interface cerveau-ordinateur. L’interface est alimentée par une intelligence artificielle et surtout, elle est capable de lire des signaux cérébraux.

Un casque qui communique les signaux visuels de l’humain au robot

D’après le site économique Business AM, selon les données collectées par des mordus de technologie et de science, le casque porté par le soldat lui montre un écran de réalité augmentée, divisé en carrés blancs qui correspondent à des zones sur le sol par exemple.

Il suffit alors au soldat opérateur de se concentrer sur un point pour donner l’ordre au chien robot de s’y rendre. Le casque lit donc les signaux du cortex visuel du soldat grâce à un capteur. Ensuite, il les traduit en commandes concrètes pour le chien. Un guidage télépathique.

Loading...

Une technologie ancrée depuis quelques années

Mais pourquoi cette technologie est-elle utile ? Quel intérêt pour l’armée australienne ?

Cela fait en réalité plusieurs années que des chiens robots ont été développés… et même lancés sur le marché. Sony, Boston Dynamics ou les chinoises Koda et Deep Robotics : beaucoup de spin-off ou d’entreprises très spécialisées avancent depuis longtemps dans ce domaine.

La presse spécialisée a par exemple beaucoup écrit sur le chien robot Spot, fabriqué il y a trois ans par Boston Dynamics. Il s’agissait d’un chien robot commandé à distance, particulièrement mobile et qui s’est avéré utile pendant la pandémie de Covid pour faire respecter la distanciation sociale par exemple… ou pour servir d’interface entre les patients et les médecins.

Mais d’autres tentatives ont aussi débouché sur des chiens robots, peut-être moins performants, mais adaptés à devenir des chiens domestiques. Ce marché est apparemment prometteur en Chine, auprès des personnes seules ou âgées, comme Aibo, le chien robot fabriqué par Sony, qui a d’ailleurs connu un réel engouement, au point où ses propriétaires organisaient carrément un enterrement pour leur chien quand il était hors d’usage.

En mars dernier, c’est même à un défilé de la Fashion week de Paris qu’un chien robot a été convié sur scène. Preuve que le concept est bien dans l’air du temps.

Sony présentait le chien robot Aibo en 2017.
Sony présentait le chien robot Aibo en 2017. © YOSHIKAZU TSUNO/Gamma-Rapho via Getty Images

Un robot plus mobile et un soldat qui peut garder ses mains libres

Cependant, d’autres applications, plus spécifiques, se sont concrétisées au fur et à mesure que les technologies devenaient plus performantes. L’intérêt vient des services de sécurité de par le monde pour plusieurs raisons.

Ces robots à quatre pattes sont très agiles, au contraire d’un robot à chenilles par exemple : ils peuvent arpenter des terrains escarpés, difficiles d’accès, ils peuvent rester en équilibre plus facilement…

Dans le cas de ce chien robot essayé par l’armée australienne, le fait de ne plus dépendre d’une commande manuelle représente aussi un avantage non négligeable. La commande cérébrale est une manière de diriger le robot, sans utiliser la parole, sans être distrait par une manipulation manuelle, ni par un écran. Les mains du militaire sont donc disponibles pour agir et dégainer son arme.

Dangers et nouvel arsenal militaire

Comme toutes les applications d’intelligence artificielle, cela pose tout de même des questions éthiques, soulevées entre autres par les défenseurs des droits humains. Ceux-ci alertent sur ce problème depuis des années, sur le danger de déshumanisation des opérations menées avec ces chiens robots. Ces robots sont insensibles aux vécus, à la souffrance et aux conditions des humains qui se trouveraient face à eux. Une observation qui concerne particulièrement les missions de maintien de l’ordre.

Récemment, le département américain de sécurité intérieure a décidé d’utiliser des chiens robots pour traquer les trafiquants, mais aussi les migrants à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Ce serait catastrophique si un accident se produisait, dénoncent des associations locales.

Aujourd’hui pourtant, les essais continuent. Des vidéos circulent, provenant de Chine et des États-Unis, où des chiens robots sont équipés de mitraillettes ou sont livrés par des drones sur des lieux de combats… et désormais commandés directement par le cerveau humain. Ce n’est plus du tout de la science-fiction…

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous