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Décryptage

La remontée inquiétante des faillites en France

Selon les données de la Banque de France publiées ce jeudi, la barre des 45.000 défauts a été franchie au mois de mars sur un an. Les défaillances pourraient dépasser leur niveau pré-pandémie en 2023, en raison principalement de la hausse des taux et de la raréfaction du crédit.

Les défaillances touchent les toutes petites entreprises comme les PME.
Les défaillances touchent les toutes petites entreprises comme les PME. (Pascal SITTLER/REA)

Par Nathalie Silbert

Publié le 6 avr. 2023 à 11:14Mis à jour le 6 avr. 2023 à 15:52

Il n'y a pas de « mur de faillites » à l'horizon, selon la Banque de France. Mais leur nombre grimpe rapidement tout de même.

Selon les chiffres de l'institution monétaire publiés ce jeudi, le nombre de défaillances d'entreprise a rebondi de 49 % en mars par rapport au même mois de 2022. Sur un an, le nombre de procédures ouvertes s'établit ainsi à 45.120 contre 30.285 un an plus tôt. Un chiffre toujours inférieur à celui observé en 2019 avant la crise sanitaire (51.000), qui signe un retour à la normale après une parenthèse de deux ans où les entreprises ont été massivement aidées par l'Etat pour tenir face au choc de la pandémie de Covid.

Les toutes petites entreprises (TPE) ne sont pas les seules à tomber. Les PME qui emploient plus de 50 salariés sont elles aussi touchées avec un quasi-doublement des défauts sur un an. Sont concernés en premier lieu l'hôtellerie-restauration, l'industrie, le commerce, les activités immobilières. Les données de la Banque de France n'intègrent pas les radiations qui avaient explosé l'an dernier.

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Raréfaction du crédit

« Aux entreprises 'zombies' qui avaient été secourues lors de la pandémie et qui font progressivement défaut s'ajoutent toutes celles qui pâtissent du contexte actuel », observe Maxime Lemerle, spécialiste des défaillances chez Allianz Trade, dans une note publiée ce jeudi.

Entre la demande qui faiblit, l'inflation forte et la dégradation des conditions de financement , l'environnement est de fait devenu nettement moins favorable pour les entreprises. «Si la baisse des prix de l'énergie apporte une respiration bienvenue, cela ne suffit pas à compenser», commente l'expert.

« Certaines sociétés n'ont pas su gérer le retournement de la conjoncture après une reprise post-Covid plus rapide que prévu, et se retrouvent avec plus de stocks et de main-d'oeuvre que nécessaire et des frais financiers élevés », explique Ludovic Subran, chef économiste du groupe Allianz.

Si la situation n'est pas comparable à ce qui s'était passé après la crise financière de 2008 où la récession combinée à une crise du crédit avait propulsé le nombre de faillites à des niveaux records proches de 65.000, l'expert s'inquiète des conséquences du durcissement des conditions d'octroi des crédits par les banques et de la remontée des taux d'intérêt. « Cela peut être le catalyseur de la remontée des difficultés au cours des prochains mois », alerte-t-il, rappelant que les hausses de taux d'intérêt ont un « effet décalé dans le temps ». « Si le volume de crédit baisse, il y aura mécaniquement une accélération des défauts », abonde Charles-Henri Colombier, directeur de la conjoncture chez Rexecode.

59.000 défauts

Dans ce contexte, les défaillances dépasseront-elles leur niveau pré-pandémie dès 2023 ? C'est désormais le pronostic de beaucoup d'experts. Ce d'autant que les entreprises sont confrontées au remboursement de leurs « dettes Covid », les prêts garantis par l'Etat (PGE) déployés pour soutenir le tissu productif pendant la crise sanitaire.

Aux entreprises 'zombies' qui avaient été secourues lors de la pandémie et qui font progressivement défaut s'ajoutent toutes celles qui pâtissent du contexte actuel.

Maxime Lemerle Expert des défaillances chez Allianz Trade

Par ailleurs, l'Urssaf a annoncé que les assignations pour recouvrement reprendraient cette année. Ainsi, Allianz Trade attend 59.000 défauts cette année, soit une hausse de 41 %. Dans une étude publiée en février dernier, EY et AU Group annoncent une prévision identique si aucune mesure gouvernementale nouvelle n'est prise.

Nathalie Silbert

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