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Environnement

"Aucun endroit de la planète" épargné: un rapport s'inquiète de l'omniprésence de la pollution plastique

Des déchets plastiques collectés lors d'un nettoyage de plage organisé à Tregantle, en Angleterre, le 26 février 2023.

Des déchets plastiques collectés lors d'un nettoyage de plage organisé à Tregantle, en Angleterre, le 26 février 2023. - Ben Stansall / AFP

Selon les membres du Conseil économique, social et environnemental, à l'origine de ce rapport, "plus aucun endroit de la planète n’échappe à cette pollution", même les endroits les plus reculés. Pourtant, à chaque étape de son cycle de vie, le plastique peut présenter des risques pour la santé humaine.

Le Cese, Conseil économique social et environnemental, milite pour la création d'un traité international pour enrayer la pollution par les plastiques dans le monde. Ce mardi, il publie un avis en vue du prochain round de négociations au niveau de l'ONU sur ce sujet, avec 175 États engagés.

Dans son rapport, le Cese s'alarme de l'omniprésence des déchets plastiques sur la planète, de l'incapacité à faire face à leurs conséquences néfastes et de la perspective d'une production toujours exponentielle de ces matériaux.

9% de déchets recyclés

"Plus aucun endroit de la planète n'échappe à cette pollution", s'inquiète le Cese. On la retrouve partout: dans les sols, les eaux, l'air et même dans nos organismes. Ce matériau, apparu au 19ème siècle et produit à grande échelle après la Seconde Guerre mondiale, a vite conquis toute la planète.

En 2019, l'OCDE a évalué 460 millions tonnes de plastique ont été produites. Toutefois, cette production est vouée à un usage éphémère: 81 % finissent en déchets en moins d’un an. Cette année-là, seuls 9% des déchets ont été recyclés.

"L'ensemble de la planète est incapable de faire face aux conséquences de leur usage", déplore le CESE.

Une "pollution insidieuse"

Les spécialistes qualifient cette pollution de "bombe à retardement". "Elle est en grande partie invisible, et donc insoupçonnable", écrit le Cese. En effet, les plus petits résidus, les nanoplastiques, représentent une "pollution insidieuse".

On retrouve notamment ces déchets plastiques dans les milieux aquatiques: on estime qu'aujourd’hui les déchets plastiques représentent 85 % des déchets marins. Selon le rapport, cinq grands gyres, des zones où différents courants marins convergent dans d'énormes tourbillons avec des milliers de tonnes de détritus en plastique, ont été identifiés.

En outre, les microplastiques sont également retrouvés dans des zones plus reculées comme les profondeurs des océans ou les régions glaciaires, où ils pourraient contribuer à accélérer le réchauffement climatique en absorbant la lumière et diminuant le pouvoir réfléchissant des surfaces enneigées.

Dangers pour la santé humaine

Dans les écosystèmes du sol, on trouve "une quantité de plastiques présents entre 4 et 23 fois plus élevée que celle présente dans les océans". Un constat particulièrement préoccupant car ils peuvent ainsi interagir avec la faune du sol ce qui impacte d'abord leur santé et la biodiversité, mais également notre santé via la chaîne alimentaire.

Par exemple, les eaux usées sont également propagatrices de particules plastiques qui peuvent persister dans les boues résiduaires, souvent utilisées en épandage dans les champs.

Un rapport du WWF de 2019 estime que chaque individu avalerait 2000 particules plastiques par semaine, équivalant à 5g de plastique, soit le poids d’une carte bancaire, rappelle le Cese.

Les microplastiques et les nanoplastiques peuvent pénétrer dans le corps humain par ingestion, par inhalation ou par la peau. À titre d'illustration, selon une étude réalisée en 2021, 25% des jouets pour enfants contiennent des produits chimiques dangereux.

Une "crise planétaire"

Le Cese parle ainsi d'une "crise planétaire dont les répercussions, que l'on commence seulement à appréhender, représentent une menace majeure pour la biodiversité, le climat et la santé humaine".

À chaque étape de son cycle de vie, le plastique peut en effet présenter des risques pour la santé humaine. Les études scientifiques récentes estiment ainsi qu'environ 25% des 6000 à 10.000 additifs utilisés seraient potentiellement dangereux.

L'exposition aux perturbateurs endocriniens contenus dans les plastiques pourrait conduire à diverses pathologies humaines, notamment certains cancers, diabète, ou troubles de la reproduction.

Une production qui pourrait doubler d'ici 2050

Et la perspective inquiétante. Le plastique est devenu en moins de cent ans le troisième matériau le plus fabriqué au monde après le ciment et l’acier et sa production devrait doubler d'ici 2050.

Ils proviennent en grande partie du secteur des emballages (39% de la consommation au niveau de l'Union européenne), du bâtiment et des transports. Il existe près de 45.000 sortes de plastiques, ce qui complexifie les opérations de tri et de recyclage.

Le Cese note également que la production de plastiques dans le monde est fortement émettrice de CO2 et représente 56 milliards de tonnes équivalent CO2 d'ici 2050. Selon le rapport, sans prendre aucune mesure, le futur sera "insoutenable".

Ainsi, l'organisation dresse une feuille de route pour mieux lutter contre la pollution plastique en proposant par exemple d'interdire les plastiques à usage unique d’ici 2040 ou encore de créer une "empreinte plastique" sur les produits pour évaluer "l'impact réel des produits plastiques sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie".

Salomé Robles