Gims affirme que les pyramides servaient d’antennes : « Une remise en cause dangereuse de l’Histoire »

Dans une vidéo, l’artiste a déroulé des théories révisionnistes, assurant par exemple que l’Égypte avait de l’électricité dès l’époque antique.

L'artiste Maître Gims a déroulé des théories révisionnistes dans une courte vidéo YouTube. LP/Fred Dugit
L'artiste Maître Gims a déroulé des théories révisionnistes dans une courte vidéo YouTube. LP/Fred Dugit

    Perché comme jamais. Un extrait d’un entretien avec le rappeur Gims a créé la surprise ce mardi sur les réseaux sociaux. Dans une courte séquence d’une interview pour l’émission OuiHustle diffusée le 28 mars sur YouTube, l’artiste déroule des théories révisionnistes, flirtant avec le complotisme. « Les pyramides que l’on voit, au sommet il y a de l’or, et l’or c’est le meilleur conducteur pour l’électricité… C’était des foutues antennes ! Les gens avaient l’électricité et les historiens le savent », clame-t-il, sans contradiction face à son interlocuteur, le youtuber LeChairman.

    Cette théorie « dangereuse » mais loin d’être nouvelle, se propage « depuis des années dans de nombreuses vidéos et mauvais documentaires », indique Tristan Mendès France, essayiste et maître de conférences associé à l’Université Paris-Cité. « Les pyramides ont toujours inspiré une mine de théories : elles seraient des batteries électriques ou des piles géantes, selon certains. C’est un discours qui relève d’une grande naïveté et le symptôme d’une mal-information dramatique », déplore l’universitaire.

    Le rappeur poursuit son raisonnement au micro, assurant que « l’Afrique a peuplé l’Europe avant les Européens ». « On les appelait à l’époque les Afropéens. Ils ont été décimés par les vrais européens qui venaient d’Asie. (…) Et 50 000 ans avant les Européens, on avait la notion de chevalerie », développe-t-il. Un discours qui trouve un écho dans les théories et fantasme du militant panafricaniste controversé Kemi Seba. Ce Franco-béninois, condamné pour incitation à la haine raciale, dénonce notamment le « néocolonialisme » des puissances occidentales en Afrique.

    Une « remise en cause de l’histoire »

    « Gims reprend à son compte cette idée que l’Occident aurait travesti l’histoire et écrasé l’Afrique en tentant volontairement de cacher sa grandeur. Cette théorie est nourrie par un ressenti de l’histoire coloniale légitime mais elle s’appuie sur des arguments foutraques et sans fondement », juge l’essayiste. Des propos qui posent évidemment question, au vu de la communauté extrêmement importante d’abonnés et de fans que compte le rappeur.



    « Plus grave encore, cette remise en cause de l’histoire s’adresse à une audience jeune. Cela peut déboucher sur une confrontation narrative des collégiens ou lycéens avec leurs profs. De façon plus générale, on défend ici l’idée qu’il y a un complot de l’Occident pour cacher la grandeur de l’Afrique », juge-t-il.

    Autre point, le rappeur évoque encore le cas de « tableaux cachés dans des catacombes » représentant des chevaliers noirs, « 50 000 ans avant les Européens ». Des œuvres qui n’auraient rien de secret, selon les spécialistes.

    « On a bel et bien des illustrations montrant des chevaliers noirs de peaux, notamment à travers la figure de Saint-Maurice mais il n’y a rien de caché et certainement pas dans les catacombes », soulignent sur Twitter un collectif d’historiens spécialistes de l’époque médiévale, partageant plusieurs illustrations et statues du XIIIe et XIVe siècles. « La présence d’Africains au Moyen-Âge en Europe est bien attestée dans les sources et bien étudiée par les médiévistes », insistent-ils.