Accéder au contenu principal

Liban : des dizaines d’oiseaux migrateurs abattus "pour le plaisir" au "fusil automatique"

Alors qu’ils effectuaient leur migration annuelle vers l’Europe, des dizaines d’oiseaux sauvages ont été pris pour cible dans le nord du Liban, tués ou grièvement blessés par des tirs "d’armes automatiques”. Plusieurs activistes libanais dénoncent la "cruauté" des chasseurs qui abattent "en toute impunité" ces animaux protégés par le droit local et international, juste "pour s’amuser". 

Une cigogne abattue dans la région d'Akkar, dans le nord du Liban. Image transmise par nos Observateurs, activistes libanais et défenseurs des droits des animaux, le 14 avril 2023.
Une cigogne abattue dans la région d'Akkar, dans le nord du Liban. Image transmise par nos Observateurs, activistes libanais et défenseurs des droits des animaux, le 14 avril 2023. © Les Observateurs
Publicité

Sur des vidéos tournées dans la région d’Akkar, dans le nord du Liban, diffusées sur les réseaux sociaux les 9 et 10 avril, des oiseaux sont abattus par des tirs provenant "d’armes militaires", selon nos Observateurs, notamment "des Kalachnikov AK-47 et des M16".

Images diffusées sur Twitter par l'activiste libanaise Ghina Nahfawi le 10 avril 2023
Images publiées sur Twitter par Green Southerners, association libanaise de protection de la biodiversité, le 10 avril 2023

"Certains oiseaux ont été blessés à l’aile et ne pourront plus jamais voler"

Ghina Nahfawi, qui a relayée ces images sur Twitter, est une activiste libanaise défenseuse des droits des animaux. 

Ce qui s’est déroulé est un massacre. Malheureusement, beaucoup de personnes possèdent des armes au Liban, encore plus depuis que le pays s’est enfoncé dans la crise et le chaos. Les braconniers filment leurs propres carnages, s’exposent sans honte sur TikTok ou Facebook, tout simplement parce qu’ils sont fiers de tuer.

Nous savions que de nombreux oiseaux allaient traverser le pays et nous avions peur qu’ils soient tués. Nous avons alerté les autorités pour qu’elles se mobilisent, mais personne n’est intervenu.

Malheureusement, certains oiseaux ont été blessés à l’aile et ne pourront plus jamais voler, ce qui est dramatique pour des oiseaux migrateurs.

Ces animaux sont très importants pour notre écosystème : ils nettoient notre environnement, ils traversent le monde d’un point à l’autre et ils lient les pays entre eux.

Ces oiseaux sauvages ont été pris pour cible alors que la fin de la saison migratoire printanière approche. À cette période de l’année, les oiseaux migrateurs quittent le continent africain où ils passent l’hiver, pour rejoindre leurs nids installés en Europe. Point de passage incontournable, le ciel libanais est traversé tous les ans par des millions d’oiseaux : des cigognes, des pélicans et autres grues cendrées.

"Beaucoup d’oiseaux n’ont pas survécu aux tirs d’armes automatiques"

Michel Sawan est président de l’Association libanaise des oiseaux migrateurs. Il se rend quotidiennement sur le terrain pour porter secours à des oiseaux blessés et les soigner dans un centre qu’il gère depuis 2009. Pour lui, les braconniers tuent par "amour du sang" 

Ils tirent sur tout ce qui vole, des gros oiseaux jusqu’aux plus petits. Ils tirent sur des aigles, des pélicans, des cigognes, des vautours… juste pour le plaisir. 

Les oiseaux migrateurs sont impropres à la consommation, car ils se nourrissent essentiellement de carcasses d’animaux morts. Ils mangent des serpents, des rongeurs et boivent de l’eau polluée qui les rendent toxiques.

Cette année, malheureusement, beaucoup d’oiseaux n’ont pas survécu aux tirs d’armes automatiques, car les balles [des armes militaires, NDLR] causent plus de dégâts que le plomb [utilisé pour la chasse, NDLR]. 

Par ailleurs, de nombreux oiseaux parmi ceux qui sont ciblés sont "nationalement protégés", comme les cigognes, les aigles, les vautours égyptiens, et beaucoup d’autres rapaces.

Si on continue de les tuer de cette façon deux fois dans l’année, on ne verra plus d'oiseaux dans le ciel. Et je ne parle pas seulement du ciel libanais, mais aussi de celui de l’Europe et d’Afrique.

 

Une cigogne abattue dans la région d'Akkar, dans le nord du Liban. Image fournie par nos Observateurs, activistes et défenseurs des droits des animaux, le 14 avril 2023.
Une cigogne abattue dans la région d'Akkar, dans le nord du Liban. Image fournie par nos Observateurs, activistes et défenseurs des droits des animaux, le 14 avril 2023. © Les Observateurs

"Nous n’avons pas de statistiques précises, mais nous estimons qu’une centaine d’oiseaux ont été tués entre dimanche et lundi [les 9 et 10 avril, NDLR]. Beaucoup d’entre eux sont blessés", témoigne Roger Saad, président de l’association RSAW et activiste pour la conservation des oiseaux. 

Ce n’est pas la première fois que les oiseaux migrateurs sont visés par des tirs d’arme à feu dans cette région. Le même scénario se répète chaque année, à la même période, lors des saisons migratoires. 

Contactée par la rédaction des Observateurs de France 24, l’association libanaise de préservation de la biodiversité Green Southerners estime que "des centaines, voire des milliers d'oiseaux, y compris des espèces protégées telles que les grues, les cigognes blanches, les buses à miel et de nombreuses autres espèces, sont abattus chaque année au cours de leurs voyages migratoires au printemps et au début de l'automne".

Images diffusée par l'activiste libanaise Ghina Nahfawi le 10 avril 2023

Une pratique interdite

Dans les montagnes libanaises, la chasse aux oiseaux est un passe-temps répandu. En principe, elle est encadrée par les autorités, mais les violations de la loi sont nombreuses. 

Sur le papier, le droit libanais interdit la chasse aux oiseaux migrateurs sauvages ainsi que la chasse à moins de 500 mètres des zones habitées, la chasse sans permis et hors de la saison désignée.

Suite aux récentes tueries survenues dans le nord du Liban, le ministre de l’Environnement a demandé que des poursuites soient engagées.

 

Correction le 17/04 : modification de la date dans le paragraphe citant des statistiques d'oiseaux tués et transmises par Roger Saad. 

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.