Pourquoi lire Françoise d’Eaubonne, l'inventrice du concept de "sexocide" ? : épisode • 5 du podcast Féminisme, les grands textes

Gravure du 15ème siècle ©Getty - Hulton Archive
Gravure du 15ème siècle ©Getty - Hulton Archive
Gravure du 15ème siècle ©Getty - Hulton Archive
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Du sexocide des sorcières jusqu'à l’émergence de l’écoféminisme, vous saurez enfin pourquoi vous devez absolument découvrir la philosophe, romancière, biographe et militante Françoise d’Eaubonne.

Avec

Françoise d'Eaubonne, née en 1920, morte 2005, a traversé tous les grands combats du 20ème siècle.
À 9 ans, elle se déclare féministe, écrit des tracts qu'elle distribue dans les boîtes aux lettres...
Et toute sa vie, son engagement politique fut lié à son écriture.
Françoise d'Eaubonne n'était pas de son temps, elle était visionnaire, par exemple en critiquant le caractère universel du patriarcat dans son pamphlet Le Sexocide des sorcières, en 1999. 
Mal comprise à son époque, elle reste aujourd'hui méconnue malgré l'invention des concepts d'"écoféminisme", "phallocrate" et "sexocide".

Une visionnaire oubliée

"Françoise d'Eaubonne était visionnaire. Elle était à l'avant-garde : ce qu'elle disait, ce qu'elle écrivait n'est advenu que beaucoup plus tard. C'est seulement aujourd'hui, plus de quinze ans après sa mort et plus de 40 ans après avoir écrit l'essai fondateur de l'écoféminisme, Le féminisme ou la mort, qu'on parle d'elle. Aujourd'hui, avec la conjonction de l'urgence climatique, du mouvement MeToo, de la vague queer, sa pensée commence enfin à trouver un écho dans la société. Mais à son époque, elle était complètement incomprise." Elise Thiébaut

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Qu'est-ce qu'un sexocide ?

"Le terme de "sexocide" est assez extraordinaire : il montre que la chasse aux sorcières n'était pas qu'une chasse contre les sorcières, c'était une chasse contre les femmes, qui étaient poursuivies en raison de leur sexe. Dans son essai Le sexocide des sorcières, elle revient sur ce qu'a été la chasse aux sorcières en revenant sur le contexte historique, mais aussi sur les racines de la misogynie et de la haine des femmes. Françoise d'Eaubonne a tout de même inventé trois termes majeurs : sexocide, phallocrate, écoféminisme. Le mot sexocide est plus inclusif que celui de féminicide, et permet de ne pas limiter cette question à une vision des femmes et de leur position dans la société." Elise Thiébaut

La théoricienne de l'écoféminisme

"Ce qui est incroyable, c'est qu'elle théorise l'écoféminisme il y a plus de 40 ans. Aujourd'hui, comme elle le prévoyait, on observe l'urgence climatique qui remet en cause la possible survie de l'humanité, la chute drastique de la biodiversité... Elle avait vu tout cela et personne ne l'a cru. Pour elle, ce n'était pas seulement une question de survie, mais de comment on survit et à quelles condition : elle affirme que la société hiérarchique avec les forts qui oppriment les faibles ne permettra pas la survie, contrairement à des sociétés égalitaires, solidaires, coopératives, qui penseraient la question de la subsistance au lieu de la délocaliser." Elise Thiébaut

Sons diffusés :

  • Françoise d’Eaubonne chante La chanson du FHAR (1971) sur l’air de la chanson La Mauvaise réputation de Georges Brassens (1952)
  • Archive de Françoise d'Eaubonne qui a remporté le Prix des lecteurs au cercle Interallié, dans l’émission À l’écoute de la semaine, 27/10/1947
  • Extrait d'une lettre de Françoise d’Eaubonne adressée au Pape Jean-Paul II, écrite en 1998, lue par Anaïs Ysebaert et présente dans le livre L’Amazone Verte d’Elise Thiébaut, aux éditions Charleston
  • Chanson de Acid Tongue, Follow the witch
  • Extrait du pamphlet Le Sexocide des sorcières de Françoise d’Eaubonne, 1999, lu par Gwendoline Troyano et Nicolas Berger
  • Archive de Françoise d'Eaubonne dans l’émission Rencontre avec Remo Forlani, France Culture, 20/09/1974
  • Chanson de Mr Hyde, The witch

Bibliographie :

Pour aller plus loin :

Toute une vie
58 min

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