Paris : deux militants d’extrême droite arrêtés avec du matériel militaire à leur retour d’Ukraine

Ces deux suspects, arrêtés dans la soirée du 22 avril à la gare routière de Bercy, faisaient l’objet d’une fiche pour atteinte à la sûreté de l’État. Ils ont été condamnés à 15 mois d’emprisonnement, dont neuf avec sursis.

Les deux suspects ont été arrêtés samedi soir à Bercy lors d’un contrôle apparemment fortuit des douanes. (Illustration) LP/Fred Dugit
Les deux suspects ont été arrêtés samedi soir à Bercy lors d’un contrôle apparemment fortuit des douanes. (Illustration) LP/Fred Dugit

    Pourquoi rapporter tout ce matériel militaire en France ? C’est la question qui a été posée toute la journée de dimanche aux deux hommes interpellés samedi soir à Paris (XIIe) au retour d’Ukraine. Ces suspects, liés à la mouvance de l’ultradroite française, ont été arrêtés alors qu’ils descendaient d’un car à la gare routière de Bercy. Ils ont été condamnés ce lundi à 15 mois d’emprisonnement, dont neuf avec sursis, indique le Parquet.

    Selon nos informations, ils étaient munis de chargeurs de fusil d’assaut et d’optiques de visée. Des éléments d’armes évidemment interdits sur tout le territoire national. Ils ont été placés en garde à vue pour infraction à la législation sur les armes dans les locaux du deuxième district de police judiciaire. A l’issue du déférement, le ministère public a ordonné pour les deux hommes une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, nous a précisé ce lundi midi le parquet de Paris.

    Ils étaient déjà dans le collimateur de la DGSI

    Ces interpellations auraient été menées lors d’un contrôle apparemment fortuit des douanes. Les suspects ne sont pas des inconnus pour les services de l’État et notamment la Direction générale de la sécurité intérieure. Ils faisaient tous les deux l’objet d‘une fiche pour atteinte à la sûreté de l’État. L’un d’entre eux est un militant de l’ultradroite qu’on soupçonnait précisément de vouloir partir en Ukraine. D’après Mediapart, c’est un ancien chasseur alpin viré de l’armée à la suite de la révélation par le média en ligne de son engagement néo-nazi. Son camarade est, quant à lui, lié à la mouvance d’extrême droite.

    Toujours selon Mediapart, la DGSI compterait 400 Français ayant depuis un an rejoint le théâtre de guerre ukrainien. Et, sur ces 400 Français, une centaine d’entre eux auraient pris les armes, dont une trentaine de membres connus de l’ultradroite.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les mouvements d’extrême droite français s’opposent sur le camp à soutenir. À Paris notamment, l’ancien groupuscule des Zouaves s’était notamment impliqué dans ce combat. « Ce sont des soutiens de longue date des néonazis du régiment ukrainien Azov », écrivait Street Press. En décembre 2019, Marc de Cacqueray-Valmenier, le leader du groupuscule dissous, avait même fait le déplacement en Ukraine pour leur faire un petit coucou.

    Depuis le début de l’offensive russe, le canal Telegram Ouest casual (proche des Zouaves) multiplie les hommages aux combattants ukrainiens. Reprenant la dialectique nazie, ils dénoncent les contingents asiatiques de l’impérialisme soviétique qui déferlent à nouveau sur l’Europe. Sans oublier d’y ajouter une islamophobie toute moderne en ciblant les « chiens islamistes de Poutine ».

    Il y a un peu plus d’un an, le militant d’extrême droite Loïk Le Priol, mis en examen pour avoir tué à Paris l’ex-rugbyman argentin Federico Martin Aramburu, avait été interpellé en Hongrie, à la frontière ukrainienne où il s’apprêtait à se rendre. Selon les autorités hongroises, trois couteaux, un gilet pare-balles et un casque avaient été saisis dans sa voiture. L’ancien commando marine avait expliqué qu’il voulait se rendre en Ukraine pour combattre.