Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Russie : sept ans de prison pour avoir « nié le caractère nazi du régime ukrainien » au téléphone

Le capitaine de police Semiel Vedel avait été mis sur écoute par ses propres collègues. Sa condamnation, dans ce cadre, constitue une première.

Par  (Moscou, correspondant)

Publié le 24 avril 2023 à 20h06, modifié le 24 avril 2023 à 20h28

Temps de Lecture 1 min.

Read in English

A la faveur de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine, le système judiciaire russe ne cesse d’innover. Lundi 24 avril, le pays a enregistré sa première condamnation pour diffusion de « fausses informations » sur l’action de l’armée sur la base d’écoutes téléphoniques. Un capitaine de police nommé Semiel Vedel a reçu sept années de prison avoir évoqué les meurtres de civils en Ukraine, la sous-estimation des pertes militaires russes ou encore, selon les mots de l’enquête, pour avoir « nié le caractère nazi du régime ukrainien ».

Outre la sévérité de la peine, c’est le mode opératoire des enquêteurs qui interpelle. Semiel Vedel, qui travaillait comme chauffeur pour un haut gradé du ministère de l’intérieur, avait été placé sur écoute par ses collègues. Officiellement, la raison serait une affaire de meurtre vieille de vingt ans, et non des doutes sur la loyauté de l’officier de 37 ans, de nationalité russe mais né lui-même à Irpine et dont le père réside à Boutcha, deux localités d’Ukraine où les troupes russes sont accusées d’avoir mené des exactions contre les civils.

« Intrusion monstrueuse dans la vie privée »

Trois conversations avec des amis et des collègues, datant de mars 2022, ont été versées au dossier. Les enquêteurs se sont toutefois heurtés à une difficulté juridique : l’article du code pénal utilisé (adopté spécialement après l’invasion de l’Ukraine) mentionne la « diffusion publique de fausses nouvelles sur l’action de l’armée ». Pour contourner l’obstacle, un « public » a bel et bien été trouvé : l’agent qui écoutait Vedel.

En effectuant son travail, ce dernier aurait ressenti « angoisse, peur, et le sentiment de ne pas être protégé par l’Etat ». Ces formulations figurent dans le dossier de Semiel Vedel. Un opposant emprisonné, Ilia Iachine, a pu consulter ce dossier en prison, où il a côtoyé le policier durant sa détention préventive, et a contribué à rendre publique l’affaire. Lors de la dernière audience avant la condamnation, l’avocat du policier a dénoncé « une intrusion monstrueuse dans la vie privée des gens », et dit craindre que « n’importe quelle conversation dans la cuisine » puisse désormais tomber sous le coup de la loi.

De fait, les tribunaux ont déjà examiné des dizaines d’affaires nées de dénonciations à la suite de conversations privées.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.