"En Afrique, chaque problème a une solution, et cette solution est une start-up"

Pour Verone Mankou, inventeur de la première tablette africaine, l'Afrique a les capacités non seulement de devenir l'atelier du monde, mais aussi d'étonner par sa force d'innovation.

Propos recueillis par

Verone Mankou.
Verone Mankou. © DR

Temps de lecture : 4 min

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À 25 ans, le Congolais Verone Mankou fut l'inventeur de la première tablette tactile africaine, et cela, en 2011. Comme il l'explique ici, dans Tech 24 sur France 24, il s'agissait, dès le départ, de répondre aux besoins du public africain, grâce à une boutique d'applications dédiées. '"Nous voulons développer un marché alternatif d'applications qui permettent aux développeurs locaux de s'épanouir", expliquait-il alors. Or, au quatrième trimestre, il va mettre en service une usine à Brazzaville, de quoi lui permettre d'assurer une partie de la production de ses téléphones en Afrique. L'Afrique, prochain atelier du monde.

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Quoi qu'il en soit, il voit aussi le continent comme une nouvelle boîte à idées. C'est pour cette raison qu'il lance son nouvel incubateur : BantuHub. Après avoir ouvert une antenne à Brazzaville, il aimerait lancer la même chose à Pointe-Noire. Là aussi, c'est pour mieux tirer parti du continent, de ses contraintes. "Il y a tellement de problèmes autour de nous que chaque problème a une solution, et cette solution est sans doute une start-up", explique Verone Mankou.

Le Point.fr : Pourquoi avez-vous décidé de produire en Afrique?

Verone Mankou : Nous avons commencé sur le projet de la tablette tactile depuis la mi-2007, et nous avons pu lancer le produit sur le marché en fin 2011. À l'époque, le réalisme nous a poussés à matérialiser ce projet en Asie, plus précisément en Chine, et cela pour des raisons évidentes : on ne pouvait pas le faire en Afrique. Après la tablette en 2011, deux autres produits sont venus étoffer notre catalogue : un smartphone en 2012 et un téléphone basique (un "feature phone") en 2013, tous assemblés en Chine. Durant toute cette période, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Mais notons que de 2007 à 2013, s'il y a bien une chose qui a changé, c'est le coût de la main-d'oeuvre en Chine, représentant aujourd'hui jusqu'à 15 % du coût de production de nos produits, il était plus que temps de réagir. Nous avons donc décidé de déplacer notre production de la Chine au Congo, parce que, aujourd'hui, je pense que ce challenge est possible et que nous avons décidé de relever ce défi. Si, aujourd'hui, tout le monde va en Chine, c'est parce que c'est moins cher que l'Europe et l'Amérique... Demain, ça sera le tour de l'Afrique, et dans ce cadre, nous voulons être en avance.

Vous venez également de lancer un incubateur de start-up. Réfléchissez-vous à en lancer un autre ?

Au Congo, comme partout en Afrique, les idées d'entreprises ne manquent pas, mais la difficulté des porteurs de ces idées est de les structurer et de les matérialiser. C'est là qu'intervient le BantuHub, un espace de 250 mètres carrés, où sont incubées six start-up (comme 242tech, un TechCrunch local et Litoyi, un Deezer congolais) et que nous avons ouvert en janvier cette année. Nous aidons les jeunes à passer de l'idée à l'entreprise dans le cas où la technologie est au centre de cette idée.

Prenons le cas de VMK (l'entreprise de Verone Mankou, par ailleurs productrice du téléphone Elikia, NDLR). Si nous avons réussi, c'est parce qu'en plus de l'idée, nous avions un bureau, un ordinateur, une connexion internet et de l'électricité. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde (pour ne pas dire de la majorité) ici. En lançant le "Hub", je voulais donc que les jeunes puissent avoir un espace où parler technologie et entrepreneuriat. Et je suis assez heureux de constater que quatre mois après son lancement, le nombre de membres ne cesse de croître et que les trainings qui y sont organisés (Women in TIC, Startup, Blogging, Business Plan...) sont de véritables succès. Maintenant, je cherche des partenariats pour dupliquer le projet dans la deuxième ville du pays : Pointe-Noire et dans les villes de l'intérieur du pays.

Quels sont les autres atouts de l'Afrique high-tech ?

J'ai l'habitude de dire aux jeunes que je rencontre lors de nombreuses conférences auxquelles je suis invité : "Il y a tellement de problèmes autour de nous que chaque problème a une solution, et cette solution est sans doute une start-up."

L'Afrique est une terre où il y a une infinité de possibilités. Aujourd'hui déjà, dans certains domaines comme le paiement mobile, le monde entier veut reproduire le modèle africain. Ce qui me fait dire que bien que ce soient les États-Unis qui aujourd'hui donnent le la en matière de tendances high-tech, demain, ce sera l'Afrique... Et les modèles ne manquent pas, il suffit de voir ce qui est en train de se passer sur le continent, notamment avec des start-up comme Jumia, qui réussissent à lancer un service de e-commerce à succès dans un continent où tout le monde n'a pas une carte bleue... et même pas un compte en banque.

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