Des familles afghanes reçoivent des denrées alimentaires distribuées par une organisation chrétienne à la périphérie de Chaman, une ville frontalière de la province pakistanaise du Baloutchistan, le 31 août 2021. Crédit  : AP
Des familles afghanes reçoivent des denrées alimentaires distribuées par une organisation chrétienne à la périphérie de Chaman, une ville frontalière de la province pakistanaise du Baloutchistan, le 31 août 2021. Crédit : AP

Des milliers de femmes ont quitté l’Afghanistan depuis le retour au pouvoir des Taliban. Ces derniers ont multiplié les mesures liberticides à leur encontre. Pour fuir ce régime, certaines ont trouvé refuge dans les pays voisins, comme le Pakistan, d’où elles espèrent obtenir l’asile pour l’Europe ou l’Amérique du Nord.

De notre correspondante au Pakistan,

Plusieurs tentes de fortunes sont dressées en plein cœur d’Islamabad, au bord de la route. C’est là que vivent une cinquantaine de familles afghanes, parmi lesquelles de nombreuses femmes seules avec leurs enfants. "Je ne me sens pas en sécurité ici, témoigne Nazifa. Heureusement que les hommes qui sont dans ce camp assurent notre sécurité à tous et qu’ils montent la garde, sinon je ne sais pas ce que nous serions devenues. Nous ne vivons pas dans des maisons, mais dans des tentes, au bord de la route, dans un lieu public, et nous avons des filles avec nous, des femmes qui sont très jeunes."

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Le mari de Nafiza, qui travaillait pour le ministère de l’Intérieur sous l’ancien régime, a disparu cinq jours après la prise du pouvoir par les talibans le 15 août 2021. L’école où elle enseignait a été fermée. Elle a alors fui avec ses trois filles et son jeune fils au Pakistan. Mais ici, elle n’a aucun droit, car elle est en situation illégale, comme la majorité des réfugiés afghans arrivés après la chute de Kaboul. "Tout le monde est diplômé ici. Mais aucun de nous n’a une vie décente. Tout le monde est sans-papiers ici. Nous n’avons même pas le droit d’acheter une puce locale pour nos téléphones. Personne ne nous entend, ni les ambassades, ni le gouvernement ici."

Avoir les mêmes droits que les femmes européennes

Au milieu des tentes, les femmes cuisinent sur des réchauds à gaz la nourriture qui leur est donnée chaque semaine par des bénévoles. Plusieurs se sont improvisées enseignantes pour que les enfants et les adolescents continuent d’apprendre, car ils n’ont pas le droit d’être scolarisé au Pakistan.

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Sous une autre tente, assise près de ses trois filles et de ses trois fils, Nargis, qui était sage-femme à Kaboul. "Nous voulons être libres ! Nous voulons avoir des droits comme les autres êtres humains dans le monde, nous ne voulons pas vivre comme des esclaves comme nous le sommes en Afghanistan. Nous voulons être comme vous, les Européennes, qui choisissez votre travail, qui avez le droit de voyager, qui avez des droits, qui êtes libres. Là-bas, même le droit d’aller au marché, au restaurant, au café nous a été retiré. On doit constamment être accompagnées d’un homme."

 

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