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Le cessez-le-feu reste fragile au Soudan, la France évacue plus de 500 personnes

Au Soudan, le cessez-le-feu de 72 heures entré en vigueur mardi n'est que partiellement respecté, des combats étant signalés à Khartoum. Pendant ce temps, les évacuations continuent : la France a annoncé mardi avoir évacué 538 personnes, dont 209 Français.

L'armée française de l'opération "Sagittaire" évacue des ressortissants français et d'autres nationalités, à la base aérienne de Djibouti, le 23 avril 2023.
L'armée française de l'opération "Sagittaire" évacue des ressortissants français et d'autres nationalités, à la base aérienne de Djibouti, le 23 avril 2023. © Adj Laure-Anne Maucorps, Ep Derri, AFP
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Le cessez-le-feu de 72 heures conclu au Soudan sous l'égide des États-Unis et qui entre mercredi 26 avril dans son deuxième jour reste fragile, des combats et des raids aériens se poursuivant à Khartoum.

Dans la capitale, des affrontements autour de "lieux stratégiques" ont "largement continué et parfois même se sont intensifiés", a affirmé mardi soir devant le Conseil de sécurité le chef de la mission de l'ONUau Soudan, Volker Perthes, depuis Port-Soudan  (est), où l'ONU a relocalisé une partie de son personnel.  Onze jours après le début des combats qui ont fait plus de 459 morts et plus de 4 000 blessés selon l'ONU, Volker Perthes a affirmé qu'"il n'y a pour l'instant aucun signe clair que l'un ou l'autre (des deux généraux) est prêt à vraiment négocier".

Mardi, l'armée a visé avec ses avions les positions des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont répondu par des rafales de mitrailleuse lourde, dans les banlieues de Khartoum, ont rapporté des témoins à l'AFP. De nouveaux raids aériens visant des véhicules des FSR ont eu lieu en soirée dans le nord de la capitale, d'après d'autres témoins.

Et les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo - qui s'opposent à l'armée du général rival Abdel Fattah al-Burhane, au pouvoir depuis un coup d'État en octobre 2021- ont déclaré avoir pris le contrôle d'une raffinerie et d'une centrale électrique à 70 km au nord de Khartoum, d'après une vidéo mardi.

Risque biologique "énorme"

L'armée, elle, a signalé sur Facebook un "important mouvement (des FSR) vers la raffinerie dans le but de profiter de la trêve pour (en) prendre le contrôle". Comme à chaque annonce de trêve, les FSR et l'armée se sont mutuellement accusés de la violer.

Un cessez-le-feu local est aussi observé dans la vaste région du Darfour-Nord (ouest) depuis plusieurs jours selon des informations de l'ONU, et les intenses combats y auraient baissé en intensité depuis le début des hostilités le 15 avril.

Cependant, "près de la frontière tchadienne, les combats ont repris et des rapports de plus en plus nombreux et inquiétants font état de tribus s'armant et rejoignant les combats", a affirmé Volker Perthes mardi, ajoutant que des "affrontements intercommunautaires" ont également éclaté dans la région du Nil bleu, à la frontière sud-est avec l'Éthiopie.

Des témoins ont également rapporté à l'AFP des affrontements entre l'armée et les FSR, impliquant notamment des avions de chasse, à Wad Banda, au Kordofan-Ouest (sud), région limitrophe du Darfour.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète pour sa part d'un risque biologique "énorme" après la prise "par l'une des parties combattantes" d'un "laboratoire public de santé" de Khartoum, qui renferme des agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite.

Évasion de détenus

Selon des avocats, une évasion de détenus s'est produite à la prison de Kober à Khartoum, où Omar el-Béchir, dictateur déchu en 2019 et sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes contre l'humanité" et "génocide" au Darfour, était détenu avec d'anciens membres de son régime. 

Ahmed Harun, un de ses ex-collaborateurs, également recherché par la CPI, a déclaré dans une allocution enregistrée à la télévision soudanaise mardi soir que d'anciens responsables du régime d'Omar el-Béchir ne sont plus en détention.  "Nous sommes restés en détention à Kober, sous le feu croisé (...) pendant neuf jours", même quand il n'y avait plus de gardiens et de prisonniers et "nous avons désormais la responsabilité de notre protection" dans un autre lieu.  L'endroit où se trouve actuellement Omar el-Béchir n'a pas pu faire l'objet de vérifications indépendantes.

Profitant de cette potentielle accalmie, les évacuations de ressortissants étrangers vivant à Khartoum se sont poursuivies. "Le plus difficile, c'est le bruit des bombardements et des avions de chasse qui survolent notre maison. Cela a terrifié les enfants", a déclaré Safa Abu Taher, qui a atterri avec sa famille en Jordanie dans la nuit de mardi à mercredi.

Un bateau transportant 1 687 civils fuyant les combats et originaires de plus d'une cinquantaine de pays est arrivé mercredi en Arabie saoudite, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

Jusqu'à 270 000 personnes pourraient encore fuir au Tchad et au Soudan du Sud voisins, a alerté mardi l'ONU. Un rapport des Nations unies fait état de "pénuries de nourriture, d'eau, de médicaments et de carburant deviennent extrêmement graves, en particulier à Khartoum et dans les régions avoisinantes".

"Éviter la famine"

"Par endroits, l'aide humanitaire est tout ce qui permet d'éviter la famine", a déclaré mardi le chef de l'ONU, Antonio Guterres. Ceux qui ne peuvent pas quitter la capitale de plus de cinq millions d'habitants tentent de survivre privés d'eau et d'électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures téléphoniques et d'internet.

Selon l'ONU, "24 000 (femmes) devraient accoucher dans les semaines à venir" et font face "à d'extrêmes difficultés" dans l'accès aux soins alors que, selon le syndicat des médecins, près des trois quarts des hôpitaux sont hors service. Le conflit risque d'"envahir toute la région et au-delà", a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"Long voyage"

Le Royaume-Uni a entamé mardi l'évacuation de ses ressortissants, trois jours après celle de ses diplomates.

Plus de 1 000 ressortissants de l'UE ont pu partir, la France annonçant mardi avoir évacué 538 personnes parmi lesquelles 209 Français. L'Ukraine a fait sortir 138 personnes, dont 87 de ses ressortissants, et 104 évacués ont atterri mardi aux Pays-Bas.

Environ 700 employés internationaux de l'ONU, d'ONG et d'ambassades "ont été évacués vers Port-Soudan", a indiqué l'ONU.

Cinq humanitaires ont été tués dans les combats au Soudan où des dizaines d'employés humanitaires ont été évacués vers le Tchad depuis le Darfour.

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Avec AFP

 

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